Leur idéal de contre-société a également exercé de manière certaine une très large influence en France sur nombre d'étudiants et d'intellectuels et ceci à partir de mai 1968.

Les techniques

Énergie

Les centrales nucléaires progressent

La quatrième Conférence internationale sur les applications pacifiques de l'énergie atomique (Genève, septembre 1971) a fait le point sur la progression des centrales nucléaires dans le monde, et a confirmé l'impressionnant succès commercial de la filière américaine des réacteurs à eau légère sous pression ou bouillante et à uranium légèrement enrichi.

Près de 200 réacteurs à eau légère sont en fonctionnement ou en construction dans vingt pays du monde et représentent une puissance installée de plus de 130 000 MWé (mégawatts électriques, exprimant la puissance réelle de production d'énergie électrique). La plupart des commandes récentes (centrales françaises de Fessenheim et du Bugey, par exemple) portent sur des réacteurs d'une puissance unitaire de l'ordre de 800 à 1 200 MWé ; il faut noter cependant que les réacteurs en fonctionnement ou en cours de démarrage ont des tailles généralement plus petites, de l'ordre de 500 à 600 MWé. Mais leur utilisation ne rencontre pas de difficultés particulières ; les premières périodes de fonctionnement ont confirmé, dans l'ensemble, la fiabilité des composants et les bonnes performances du combustible d'oxyde d'uranium légèrement enrichi (2 à 3 %) gainé d'alliages de zirconium, les taux de combustion se situant autour de 30 000 mégawatts/jour par tonne.

Sécurité et pollution

Les expériences de sécurité effectuées au Centre nucléaire américain d'Arco, dans l'Idaho, ont néanmoins suscité quelques inquiétudes quant aux possibilités de refroidissement du cœur du réacteur en cas d'accident, à la suite, par exemple, d'une rupture des canalisations principales. La Commission de l'énergie atomique des États-Unis (USAEC) a donc abaissé le plafond des performances autorisées pour certains des premiers réacteurs, dans l'attente des résultats d'un très important programme expérimental lancé d'urgence en ce domaine. Mais ces réacteurs en construction ne sont pas affectés ; ils satisfont aux critères de sécurité de l'USAEC.

Les problèmes les plus délicats pour les centrales nucléaires à eau légère (surtout pour celles en projet) sont liés le plus souvent au choix des sites. Les eaux de refroidissement causent ce qu'on appelle (improprement d'ailleurs) la pollution thermique. Ces problèmes alimentent une forte contestation de la part de l'opinion publique, surtout aux États-Unis, mais également en Europe (en Suisse pour la centrale de Kaiseraugst). Pour éviter un trop fort échauffement des fleuves et des rivières, qui pourrait avoir des conséquences fâcheuses, on recourt de plus en plus aux tours de refroidissement par évaporation, qui posent, elles aussi, des problèmes : risques de brouillards locaux ou de verglas, altération sensible du paysage.

Une solution originale à ce problème des sites, bien que non applicable à tous les cas, a été proposée par la société américaine Westinghouse : situer la centrale non au bord de la mer, mais à quelques kilomètres au large des côtes, sur des îles artificielles. Ainsi seraient résolus le problème du refroidissement et celui des droits de passage pour les lignes de transmission (par câbles sous-marins dans cette solution), de plus en plus difficiles à obtenir sur terre dans les zones très fortement peuplées, telles que la côte est des États-Unis.

Mais cela n'est qu'une réponse partielle au développement du nucléaire, contesté sur de nombreux autres fronts : rejets radioactifs, risques d'accidents, et dangers considérables dus aux transports, retraitement et stockage des déchets. Il est indéniable que l'ampleur et le nombre des réalisations en cours conduisent à une prise de conscience généralisée ; il n'est pas exclu, comme le montrent de nombreux signes aux États-Unis, que le développement de l'énergie nucléaire soit sensiblement freiné à court terme.

Les surgénérateurs

Indépendamment du triomphe commercial et de la bonne réussite technique des réacteurs à eau légère, la Conférence de Genève a confirmé l'intérêt croissant pour les réacteurs à neutrons rapides, ou plus précisément pour les surgénérateurs, indispensables à terme si on veut utiliser au mieux les réserves d'uranium et de thorium. La majorité des pays ont concentré leurs efforts sur le type rapide à sodium. L'URSS a fait démarrer en 1972 la centrale BR-350 (pour la production d'électricité et dessalement d'eau de mer) ; elle est suivie de près par la Grande-Bretagne, avec le PFR de Dounreay, et par la France, où la construction du prototype Phénix à Marcoule progresse favorablement.