Par contre, sa réalisation en laboratoire apporte une nouvelle preuve de la puissance de la théorie, qui avait prévu cette possibilité. Elle renforce les conceptions d'après lesquelles il existerait dans l'Univers des étoiles et même des galaxies d'antimatière (anti par rapport à la nôtre, tout comme notre propre matière serait anti pour les habitants de tels systèmes stellaires). La prodigieuse énergie rayonnée par les quasars (Journal de l'année 1966-67) proviendrait de ce que la matière y rencontrerait de l'antimatière.

La vie

Médecine-chirurgie

Un espoir : l'immunothérapie

Vaincre le cancer..., est-ce comme pour la conquête de l'espace une question de crédits ? Le président Nixon semble le penser. Le 23 décembre 1971, il signe une loi qui fait passer le montant des sommes versées annuellement à la recherche sur le cancer, de 180 à 337,5 millions de dollars. Et un budget de 1 000 millions de dollars (5 milliards de francs) est annoncé pour 1976. Est-il pour autant raisonnable d'escompter une victoire à court terme ? Les cancérologues ne se laissent pas aller à cet espoir.

Les découvertes sont nombreuses, mais aucune ne laisse prévoir la prochaine apparition d'une panacée anticancéreuse.

La chasse aux virus

Le 2 juillet 1971, L. Dmochowski et E. Priori (Houston, USA) déclarent avoir trouvé des particules virales dans une culture de cellules provenant d'un jeune garçon atteint du lymphome de Burkitt, cancer du tissu qui forme certains globules blancs, les lymphocytes. Ces particules virales n'ont aucun rapport avec le virus d'Epstein et Barr que l'on a trouvé fréquemment associé à ce cancer en Afrique (Journal de l'année 1969-70).

L'intérêt suscité par la découverte est de courte durée : trois mois plus tard, on s'aperçoit que la culture de cellules a été contaminée par un virus de souris leucémiques.

En décembre 1971, Sarah Stewart (Washington) annonce qu'elle a mis en évidence, par un procédé chimique original, un virus dans un cancer humain musculaire, un rhabdomyosarcome. Peu de temps après, Mac Allister et Gardner, de Los Angeles, qui travaillent en collaboration avec Huebner, de l'Institut du cancer de Betsheda, révèlent qu'ils ont réussi à isoler un virus identique, d'une manière différente.

Partant du fait que les nouveau-nés, et plus encore les embryons, sont très sensibles aux virus, ils ont implanté des cellules humaines de rhabdomyosarcome dans des fœtus de chat. Après de nombreuses tentatives infructueuses, un chaton mort-né et trois autres, nés vivants, sont trouvés porteurs d'un cancer musculaire ; l'un des trois est même atteint d'une grosse tumeur au cerveau.

Or, ces cancers renferment des particules virales qui ne ressemblent pas à celles qu'on rencontre chez les animaux de laboratoire. Sont-elles donc d'origine humaine ? Après passage chez le chat, elles se multiplient très bien dans les cellules humaines. Mais les cellules du rhabdomyosarcome initial ont été cultivées pendant quatre ans avant d'être inoculées avec succès aux fœtus de chat. Après un tel laps de temps, peut-on affirmer qu'il n'y a pas eu de contamination ? La renommée du professeur Huebner est telle que les cancérologues français n'ont pas mésestimé l'importance de sa publication.

Une médication préventive

Bien différent a été l'accueil réservé aux théories du docteur Gernez, de Lille. Ce radiologiste part de l'idée — qu'il n'est pas seul à soutenir — selon laquelle des cellules malignes se forment puis disparaissent constamment dans l'organisme humain, faute d'y trouver des conditions de développement favorables. Mais après l'âge de 50 ans, ces conditions favorables deviennent beaucoup plus fréquentes.

C'est pourquoi le docteur Gernez propose, en novembre 1971, un traitement préventif pour les quinquagénaires par un mélange de médicaments employés à faible dose. Ce cocktail éliminerait les cellules anarchiques alors qu'elles sont encore peu nombreuses. Le docteur G. Mathé (Institut Gustave-Roussy, Villejuif) et le professeur Latarjet, vice-président de la Ligue contre le cancer, auxquels le docteur Gernez avait demandé de se prononcer sur l'opportunité d'un tel traitement, ont rappelé que les remèdes qui bloquent la division cellulaire ne sont pas sélectifs. Toxiques pour les cellules malignes, ils le sont aussi pour les cellules saines.