La greffe de moelle osseuse, en remplaçant une moelle altérée par une moelle saine, permet souvent la guérison de maladies mortelles (ce sont principalement : les aplasies médullaires, les leucémies, les accidents liés aux radiations et les maladies constitutionnelles).

C'est ainsi que, grâce aux travaux des lauréats du Nobel, le nombre des sujets vivant normalement avec un rein, un cœur, un foie, un pancréas greffé, ou sauvés par une transfusion de moelle, ne cesse d'augmenter dans le monde (sur ce sujet, on pourra consulter le livre des professeurs Jean Crosnier et Henri Kreis : l'Homme greffé, publié par Larousse en 1986 dans la collection « Essais en liberté »).

Dr Georges de Corganoff

Biologie

À tous égards, la cuvée 1990 de la biologie aura été placée sous le signe des manipulations génétiques et de leurs applications.

Les ministres de l'Environnement de la Communauté européenne ont donné le coup d'envoi au mois de mars en ratifiant deux directives relatives à l'utilisation des OGM (organismes génétiquement modifiés). Selon ces dernières, les pays de la CEE sont désormais autorisés, sous couvert d'un rigoureux contrôle préalable, à disséminer dans l'environnement et à mettre sur le marché des plantes ou des micro-organismes génétiquement manipulés. De quoi réduire les disparités criantes qui régnaient jusqu'alors, dans la Communauté européenne, en matière de sécurité biotechnologique.

Côté médical, l'événement vient des États-Unis. Au mois d'août, les experts du National Institute of Health (NIH) ont autorisé les premiers essais expérimentaux de thérapie génique sur l'homme. Pratiquée sur des cellules somatiques, l'introduction d'un gène étranger permettant de restaurer une fonction vitale dans l'organisme humain devient assimilable, au plan éthique et moral, à une simple greffe d'organes. En revanche, cette technique aux conséquences encore incalculables ne pourra être appliquée aux cellules sexuelles, où toute manipulation reviendrait à modifier le patrimoine génétique de l'espèce humaine de façon héréditaire.

Corollaire indispensable à la thérapie génétique : la progression du gigantesque projet « Génome humain ». Orchestré depuis quelques années par les États-Unis, celui-ci prévoit de dresser, dans la décennie à venir, la carte intégrale de notre patrimoine héréditaire. Une aventure biologique sans précédent, à laquelle la France devrait participer activement dans le cadre d'un programme de recherche sur le génome humain, ainsi que l'annonçait en octobre M. Hubert Curien, ministre de la Recherche et de la Technologie.

Au-delà de ses implications médicales, cette étude moléculaire du vivant débouchera sans nul doute sur des avancées fondamentales. À preuve : pour la première fois, une équipe de biologistes de Bâle (Suisse) est déjà parvenue, en agissant sur la production d'une seule protéine, dite « facteur d'élongation », à augmenter de 50 % la durée de vie de plusieurs dizaines de mouches drosophiles. Par ailleurs, après avoir travaillé des années durant sur les mécanismes de réparation de l'ADN, des chercheurs de l'Institut Jacques-Monod (unité mixte CNRS-université de Paris VII) ont réussi à comprendre la nature de la « barrière génétique » qui, en temps normal, interdit à deux espèces différentes de s'apparier pour donner naissance à une descendance viable. Une découverte dont les retombées pourraient également concerner l'industrie des biotechnologies, puisqu'elle ouvre la voie au contrôle des mécanismes gouvernant l'échange d'informations génétiques entre espèces vivantes.

Catherine Vincent

Physique

Peut-on classer les théories physiques d'un point de vue esthétique ? Dans The Emperor's New Mind (Oxford University Press, 1989), le célèbre physicien et mathématicien britannique Roger Penrose propose trois catégories : superbe, utile, et hasardeux... Selon lui, nombre de théories récentes (supersymétrie, grande unification, etc.) se rangent dans la troisième catégorie. Celle du big-bang est jugée utile, sans plus. Une seule théorie – qui ne date pas d'hier – est assez élégante et précise pour être qualifiée de superbe : la relativité générale.