La déforestation de la planète se poursuit à un rythme démentiel. La dévastation des forêts tropicales, imputable à l'extension de l'espace agricole et/ou pastoral comme à l'exploitation des bois exotiques, porte chaque année sur 160 000 km2 environ. Dans le contexte actuel, on peut se demander si le trop tardif PAFT (Plan d'Action Forestier Tropical), dont l'exécution a été proposée par le CFDT (Comité de mise en valeur des forêts dans les tropiques), sera en mesure de résoudre les problèmes techniques, économiques, écologiques, institutionnels ou sociaux relatifs à la mise en valeur des derniers massifs forestiers. Dans les régions extra-tropicales où l'exploitation forestière semble plus rationnelle et où l'utilisation des forêts à des fins de loisir joue un rôle croissant, on peut déplorer les dégâts considérables causés par les incendies de forêt (80 000 ha en France de janvier à novembre 1990 ; 400 000 ha en Alaska en juin et juillet ; 930 000 ha dans le nord de la Russie pendant l'été...) ou par les pluies acides dans les pays de l'Europe de l'Est, où la crise écologique a atteint une ampleur catastrophique. La pollution à l'Est s'explique par la vétusté des installations industrielles, l'utilisation du lignite, l'insuffisance des dispositifs de filtrage et d'épuration des rejets. Les émissions de NO2 et de SO2 sont 1,8 et 2,5 fois plus élevées qu'en Europe de l'Ouest. En Bulgarie et en Yougoslavie, les sols sont la proie d'un intense ravinement et les productions agricoles ont baissé de plus de 20 %. En URSS, les eaux fluviales et lacustres sont polluées et, localement, le renouvellement naturel des nappes superficielles ne compense plus les volumes d'eau pompés. La biodiversité diminue dans le même temps que les écosystèmes se dégradent et, plus grave, l'espérance de vie régresse !

La 2e Conférence mondiale sur le Climat (Genève, 29 octobre – 7 novembre 1990) a porté principalement sur les mesures à prendre pour réduire les émissions de CO2, de CH4 ou de CFC et sur les conséquences supposées de l'effet de serre sur les climats et la biosphère. En 1990, nombre d'engagements et de dispositions législatives ont été pris pour limiter la pollution de l'air. Le 30 mai, la RFA a décidé d'interdire d'ici à 5 ans la production de CFC ; le 29 juin, à Londres, 70 pays ont convenu de stopper production et consommation de CFC d'ici l'an 2000 ; le Congrès américain a adopté le 27 octobre le Clean Air Act contre la pollution atmosphérique... Des progrès donc ! Mais la planète attend toujours d'être bien gérée.

Philippe C. Chamard

Géologie

Les sciences de la Terre évoluent dans leurs techniques d'études et dans les objets considérés. L'émergence de la géophysique et l'irruption de la géologie extraterrestre (éd. 1990) permettent maintenant d'étudier le manteau et le noyau, zones profondes du globe terrestre non directement accessibles à l'observation, aussi bien que les planètes telluriques, d'origine et de constitution semblables à celles de la Terre.

Il est possible de reconstituer en laboratoire les conditions qui règnent à des profondeurs dépassant largement 500 km grâce aux cellules diamant et au laser. La constitution minéralogique du manteau est maintenant connue dans ses grandes lignes, ainsi que les réactions de contact entre le manteau inférieur silicate solide et le noyau externe métallique liquide, comme l'a montré un symposium très suivi, tenu au cours des premières Journées de minéralogie et de cristallographie à Rennes, du 4 au 8 septembre 1990. Les résultats apportent des éléments d'explication à ces phénomènes encore mal compris que sont le magnétisme terrestre et les transferts d'énergie vers la surface.

Parallèlement, la réflexion se poursuit autour de nouveaux moyens d'étude, comme les véhicules téléguidés, les « rovers », qui pourraient être lancés sur le sol de Mars dans la décennie qui vient. Mars ressemble beaucoup à la Terre par son atmosphère, par un volcanisme relativement récent et par les traces évidentes d'une période où l'eau existait à l'état liquide. Pour ces raisons, les scientifiques français sont intéressés à l'étude du sol martien dans un contexte nouveau pour eux, puisque les échantillons doivent rester sur place et que les résultats analytiques seront transmis sur la Terre sans l'aide d'astronautes. Ce défi technologique est actuellement relevé au CNES, en concertation avec des représentants des sciences de la Terre et de la Physique du solide, le but poursuivi étant la compréhension du processus de différenciation du système solaire.