Exécutions, règlements de comptes, embuscades, tueries, découvertes de charniers et de cadavres mutilés font partie d'une actualité devenue quotidienne. Quant aux réfugiés qui fuient les zones de combats, ils sont au nombre de 70 000 à 100 000.

Répression

Favorables à une insurrection populaire immédiate, à la différence des autres mouvements de guérillas qui optent pour la guerre populaire prolongée, les FARN lancent en juillet 1980 une vaste offensive à proximité de la capitale. Des combats très violents ont lieu en juillet et en août. La grève générale, lancée du 12 au 14 août par le FDR (Journal de l'année 1979-80) pour coordonner radian de la gauche en vue de l'assaut final, est un échec.

Des dissensions naissent cependant au sein de la junte entre le colonel Majano, soucieux de poursuivre le programme de réformes, et le colonel Gutierrez, dont l'objectif premier demeure d'écraser la guérilla. La crise éclate le 2 septembre 1980, avec le limogeage d'une quinzaine d'officiers modérés. Le colonel Majano, qui échappera le 3 novembre à un attentat, sera destitué le 7 décembre.

La signature, le 30 octobre, d'un traité de paix mettant fin à une brouille de 11 ans avec le Honduras est de nature à permettre une lutte plus efficace contre les guérilleros.

Ceux-ci se regroupent au sein du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) et mettent sur pied une armée révolutionnaire de 10 000 hommes environ. Les actions de harcèlement se multiplient. L'attaque, le 7 novembre 1980, de la plus grande caserne du pays marque une nouvelle étape de l'escalade.

La répression, d'une extrême brutalité, s'abat en premier lieu sur les dirigeants de l'opposition. Six responsables du FDR sont assassinés le 27 novembre. L'Église catholique est également visée. La Conférence nationale des évêques n'hésite pas à demander au président Carter de cesser toute assistance au gouvernement salvadorien.

Un organisme dépendant de l'archevêché mène des enquêtes sur les actes de violence qui font apparaître la responsabilité écrasante des bandes d'extrême droite et de la force publique. L'assassinat, le 2 décembre, de quatre religieuses américaines, qui se rendaient aux obsèques des dirigeants du FDR, suscite une vive réaction des États-Unis, qui suspendent leur aide économique et militaire.

Internationalisation

Soucieux de créer, avant l'installation du président Reagan à la Maison-Blanche, une situation irréversible, le FMLN annonce une grande offensive le 27 décembre 1980. Le FDR appelle à la grève générale pour un temps indéterminé, le 12 janvier 1981.

La situation, cependant, n'est pas celle du Nicaragua, où Somoza avait fait l'unanimité contre lui. La participation au gouvernement de la Démocratie chrétienne, dont le leader J. N. Duarte est devenu en décembre 1980 président de la République, abandonnant la vice-présidence au colonel Gutierrez, brouille les cartes. La grève est inégalement suivie.

C'est dans ce contexte que le conflit s'internationalise. L'aide militaire américaine, interrompue en décembre, est non seulement rétablie mais renforcée à la mi-janvier. Cuba et le Nicaragua sont mis en cause par l'ambassadeur des États-Unis au Salvador, cependant que les Izvestia, elles, accusent les Américains d'intervenir militairement, à partir du Guatemala et du Honduras.

Le FMLN dénonce à son tour l'intervention de l'Argentine et du Venezuela. La Chine prend le parti de Washington.

Comptant sur la lassitude de la population, dont les conditions de vie sont chaque jour plus précaires, la junte accentue sa répression. Les 21 membres du Conseil supérieur de l'Université nationale sont arrêtés le 10 février 1981 pour avoir enfreint l'état de siège, qui interdit les réunions de plus de quatre personnes. Le colonel Majano, qui était passé à la clandestinité, est arrêté également.

Engrenage

Si Washington affirme, à la suite de la publication d'un Livre blanc par le Département d'État, que les pays communistes sont impliqués dans la guérilla salvadorienne, les Américains hésitent à mettre le doigt dans un engrenage à la vietnamienne. Washington envoie seulement des conseillers militaires.