Tout au long de l'année, les relations entre Washington et Moscou vont continuer à être particulièrement orageuses, en raison des tensions internationales et de la volonté affirmée par R. Reagan de faire preuve de la plus grande intransigeance face à l'URSS.

De temps à autre surviennent quelques éclaircies. Ainsi, le 16 septembre 1980, à l'issue d'une réunion du groupe consultatif spécial de l'OTAN à Bruxelles, Reginald Bartholomew, directeur des affaires politiques au Département d'État, estime que « la voie est ouverte » pour entamer des discussions préliminaires sur les armes eurostratégiques entre les États-Unis et l'URSS. R. Reagan commente avec satisfaction, le 28 novembre, les résultats du voyage effectué à Moscou par son émissaire, le sénateur Percy, et le souhait manifesté par les Soviétiques de renégocier le traité SALT-2 sur la limitation des armes stratégiques, signé par J. Carter et L. Brejnev, mais non ratifié par le Sénat américain.

Accusations

Cependant, la crise polonaise va réduire à néant ces fragiles espoirs.

La Maison-Blanche souligne, les 3 et 7 décembre 1980, qu'une intervention militaire soviétique en Pologne aurait des « conséquences très négatives » sur les relations entre les deux pays. Washington décide, quelques jours plus tard, à la demande de l'OTAN, d'envoyer quatre avions-radars en Europe, pour surveiller les activités militaires soviétiques. J. Carter décide, le 2 janvier 1981, de prolonger l'embargo sur les céréales à destination de l'URSS.

Retrouvant le ton de la guerre froide, les nouveaux responsables américains vont, pour leur part, multiplier à partir de l'hiver les accusations contre le Kremlin et les avertissements à ses dirigeants. Le président élu R. Reagan proposait, dès le 29 décembre 1980, une « mise en quarantaine économique » de l'URSS, en cas d'intervention en Pologne. A. Haig qualifie, le 9 janvier 1981, l'Union soviétique de « puissance globalement offensive ».

Il dénonce, le 28 janvier, l'« aide de Moscou au terrorisme international » et précise que la défense des droits de l'homme, bien que poursuivie, ne sera plus une priorité pour le nouveau gouvernement. R. Reagan accuse, le 29 janvier, les dirigeants soviétiques de « se réserver le droit de commettre n'importe quel crime, de mentir, de tricher ».

Céréales

Edwin Meese, conseiller de R. Reagan, estime, le 22 février 1981, « parfaitement possible » un blocus de Cuba, si ce pays continue à approvisionner en armes les guérilleros salvadoriens. Le chef de l'exécutif se dit prêt, le 9 mars, à apporter une aide aux « combattants de la liberté » afghans. À plusieurs reprises, et notamment les 19, 26, 28 et 29 mars, Washington renouvelle solennellement ses mises en garde à l'Union soviétique contre tout recours à la force en Pologne.

Certes, le président américain a souhaité, le 26 février, un dialogue « sérieux et constructif » avec Moscou. Mais il fait dépendre, le 3 mars, l'organisation d'un éventuel sommet d'un geste de bonne volonté de l'URSS qui manifesterait le « désir de modérer son impérialisme, en Afghanistan par exemple ». Au demeurant, A. Haig exclut, le 13 mars, une rencontre Brejnev-Reagan dans un proche avenir.

Néanmoins, Washington adopte, à partir de la mi-avril, un ton plus conciliant. Le secrétaire au Commerce, Malcolm Baldrige, confirmant les propos tenus par R. Reagan le 27 mars, indique, le 18 avril, que les États-Unis pourraient lever l'embargo partiel sur les céréales à destination de l'URSS si celle-ci donne « des assurances privées » selon lesquelles elle n'a pas l'« intention d'envahir la Pologne ».

La décision de lever l'embargo, que R. Reagan avait promise au cours de sa campagne électorale aux fermiers du Middle West, est annoncée le 24 avril 1981, à l'issue de la premiers réunion de cabinet présidée par le chef de l'exécutif depuis son hospitalisation.

L'annonce faite le 16 juin par A. Haig, à l'issue de sa visite à Pékin, de la levée des restrictions sur les livraisons massives d'armes à la Chine et le rétablissement de l'aide militaire au Pakistan contribuent cependant à tendre de nouveau les relations entre Washington et Moscou.

Ajournement

L'Égypte et Israël décident, le 10 juillet 1980, de reprendre leurs négociations sur l'autonomie palestinienne : c'est un succès personnel pour J. Carter, qui se montre soucieux de prouver à l'opinion américaine que le processus engagé à Camp David n'est pas interrompu. Cependant, cette tentative de relance des pourparlers ne débouche sur aucun résultat tangible et, le 2 août, Sadate demande l'ajournement sine die de la négociation.