Dans un climat de désillusion, C. Vance rencontre le 5 août les responsables israéliens, puis il se rend au Caire. Et, le 8 août, l'espoir renaît : la Maison-Blanche annonce que Jimmy Carter recevra ensemble Begin et Sadate, à partir du 5 septembre, dans sa résidence de Camp David. Sadate, heureux de voir les États-Unis prêts à jouer un rôle de partenaire à part entière, voit une nouvelle page s'ouvrir.

Ce sommet tripartite, le premier du genre, pourrait, en cas d'échec, déboucher sur un conflit « qui ne manquerait pas d'affecter la sécurité des États-Unis » avertit Carter. Quant à l'agence Tass, elle estime que « Washington cherche à nouveau à amener l'Égypte à signer un accord dont les termes sont dictés par Israël ».

Après treize jours de conclave, pendant lesquels Carter doit, à plus d'une reprise, effectuer une navette à bicyclette entre Begin et Sadate, qui refusent de se voir, et alors que le pessimisme est général, le chef de l'exécutif emporte la décision à l'arraché : les trois hommes signent, le 17 septembre 1978, à la Maison-Blanche, une série d'accords-cadres par lesquels Le Caire et Jérusalem s'engagent à signer la paix dans les trois mois. Israël rétablira progressivement la souveraineté égyptienne sur la péninsule du Sinaï (conquis en 1967), sur une période de deux à trois ans après la signature de la paix. Des relations diplomatiques normales seront établies entre les deux pays. Un statut d'autonomie sera accordé aux habitants de Cisjordanie et de Gaza pendant une période de cinq ans, au cours de laquelle se dérouleront des négociations sur le statut définitif de ces territoires.

La voie est tracée, mais l'objectif : la paix le 17 décembre, ou mieux le 19 novembre pour l'anniversaire de l'« année dernière à Jérusalem », ne pourra être atteint. Il y a, comme on l'a déjà vu, le problème des colonies israéliennes. Pour les Américains et les Égyptiens, leur implantation devrait être gelée pendant les négociations sur le statut des territoires, c'est-à-dire pendant cinq ans. Mais, pour Begin, ce délai ne devrait durer que trois mois, jusqu'à la date fixée pour la conclusion du traité.

Le traité de paix

Le traité de paix israélo-égyptien prévoit qu'Israël enlèvera du Sinaï la totalité de ses troupes et de ses installations militaires et civiles dans une période de trois ans. La péninsule sera démilitarisée, l'Égypte ne pouvant entretenir qu'une division près du canal de Suez sur une zone profonde de 45 km. Des Casques bleus seront stationnés le long du golfe d'Akaba et de la frontière orientale du désert. Les deux aéroports qui seront abandonnés par Israël ne devront pas être utilisés par l'Égypte à des fins militaires. Israël ne pourra disposer que de quatre bataillons dans une bande de 3 km de large le long de la frontière. L'État hébreu devra s'être replié en deçà d'une ligne allant d'El-Arich a Ras Muhammed (Charm el-Cheikh) neuf mois après la signature. Un mois plus tard, les deux pays doivent établir des relations diplomatiques normales. L'Égypte mettra fin au boycott économique de son voisin, qui pourra acheter du pétrole extrait du Sinaï. Les négociations sur le statut d'« autonomie complète » de la Cisjordanie et de Gaza doivent être achevées un an après la signature. Aucune date n'est fixée pour l'élection des « conseils locaux » palestiniens, mais ils doivent être mis en place « rapidement ». Un mois après l'aboutissement des négociations, Israël doit retirer le gros de ses forces à l'intérieur de ses frontières et les effectifs restants seront « redéployés dans des zones de sécurité ». Une période transitoire de cinq ans est prévue, pendant laquelle les autorités israéliennes seront remplacées par l'« autorité d'auto-gouvernement ».

Points de désaccord

Un coin de voile est levé sur la tactique israélienne à ce sujet par le ministre de l'Agriculture, le général Ariel Sharon, bouillant adversaire de Weizman. « Les efforts faits en matière d'implantation ont permis à M. Begin de faire preuve de générosité et de souplesse » observe Sharon. Comme le remarquent des Palestiniens de Cisjordanie, « les Israéliens ont l'air de faire des cadeaux avec ce qui ne leur appartient pas ».