Les Libyens ont d'ailleurs tenté de lancer une nouvelle offensive sur N'Djamena en avril, exploitant le vide politique que laisse la création d'un Conseil d'État provisoire présidé par Goukouni Oueddeï, ancien rival d'Hissène Habré, puis celle d'un gouvernement d'union nationale de transition mis en place le 29 avril sous la présidence d'un nouveau venu dans l'arène politique, Lol Mohammed Shawwa, qui cumule les fonctions de chef de l'État et de Premier ministre.

Bien que le vice-Premier ministre, le général Djogo, et le ministre des Affaires étrangères, le capitaine Dering, soient originaires du Sud, le nouveau cabinet est dominé par les Nordistes et par les musulmans : sur 20 ministres et secrétaires d'État, 13 sont musulmans — dont 10 originaires du Nord — et 7 chrétiens. Inquiets de l'évolution en cours qui leur est très défavorable, ceux des Sudistes qui restent irréductiblement opposés à toute forme de sécession et souhaitent un réformisme modéré créent le Parti républicain pour le salut national du Tchad — la veille de la constitution du nouveau gouvernement, qualifié d'illégal par les Libyens.

En septembre 1978 l'armée libyenne se repliait vers le Nord et renonçait à marcher sur la capitale. Au cours de ces opérations, les Libyens ont laissé un très mauvais souvenir, qui a contribué à exacerber le nationalisme tchadien. Cependant, même si, simultanément, Khadafi renonce à exercer une action trop directe, il n'en continue pas moins à jouer un rôle diplomatique de premier plan dans le drame tchadien, au détriment du Soudan (de moins en moins efficace) et en concurrence avec le Nigeria, dont le poids s'accroît progressivement.

Conférences

C'est à l'initiative du gouvernement de Lagos, en effet, qu'ont été convoquées les deux conférences de Kano, au Nigeria du Nord, en mars-avril, et celle de Lagos en mai. Ajournées à plusieurs reprises, interrompues par de multiples incidents, ces trois réunions, qui ont été l'occasion de violents affrontements entre les diverses parties intéressées au règlement de l'affaire tchadienne, ont mis en évidence la volonté de leadership des Nigérians.

Le général Yar'adua, chef d'état-major de l'armée fédérale et président de la délégation nigériane à Kano II, a été longuement reçu à Paris, le 17 avril par le président Giscard d'Estaing, avec lequel il s'est notamment entretenu du rôle de « la force neutre » nigériane installée à N'Djamena depuis mars pour y faire théoriquement respecter le cessez-le-feu.

À Lagos, où se tient la 3e conférence de réconciliation nationale, le gouvernement légal du Tchad n'est pas représenté, par suite de l'hostilité des Nigérians à son égard. En mai, les relations nigéro-tchadiennes se tendent à un point tel que le gouvernement fédéral décrète le blocus pétrolier du Tchad, dont le Nigeria est le principal fournisseur d'hydrocarbures, et que, de leur côté, les Tchadiens exigent le retrait immédiat des 150 soldats nigérians appartenant à la force d'intervention.

En dépit d'un mouvement passager de mauvaise humeur qui s'est manifesté par le retrait de la délégation tchadienne de la 6e conférence franco-africaine, ouverte le 21 mai à Kigali, les rapports franco-tchadiens restent bons.

Alors que l'Élysée a officiellement annoncé, le 20 mars, qu'il allait retirer progressivement du Tchad « en accord avec le gouvernement de N'Djamena » l'ensemble de ses forces, soit plus de 2 000 hommes de troupe des trois armes et une escadrille de quatre Jaguar, cette décision n'avait encore été suivie d'aucun effet en juin. En effet, dès le 30 mars, Goukouni Oueddeï, l'ancien chef rebelle, avait récusé à la France tout droit de décider unilatéralement du départ de ses soldats et, en visite à Paris le 10 mai, le vice-Premier ministre Djogo avait purement et simplement demandé à ses interlocuteurs français « le gel provisoire » de toute opération de retrait des effectifs de l'armée française. Dans un pays en proie aux factions, leur présence apparaissait à tous les protagonistes du drame comme l'un des rares éléments de stabilité. Néanmoins, le 22 juin, à Moussoro, en dépit du voisinage d'une garnison française, des éléments de l'armée nationale intégrée se combattent mutuellement à l'arme lourde, et l'on compte par centaine les militaires tchadiens — dont plus d'une quinzaine ont par ailleurs trouvé la mort.

Togo

Lomé. 2 350 000. 41. *2,7 %.
Économie. PIB (73) : 197. Production (72) : A 34 + I 21 + S 45. Énerg. (76) : 85. CE (73) : 14 %.
Transports. (74) : 65 M pass./km, 22 Mt/km. (*74) : 13 000 + 7 000.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 7 000. (75) : *5 100. (75) : 3 200 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (76) : 10 000.
Santé. (74) : 106.
Éducation. (75). Prim. : 362 895. Sec. et techn. : 64 590. Sup. : 2 353.
Armée.  : 2 950.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 9 janvier 1972. Constitution de 1963 suspendue. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

Tunis. 6 070 000. 36. 2,3 %.
Économie. PIB (76) : 775. Production (76) : A 17 + I 26 + S 57. Énerg. (76) : 456. CE (76) : 18 %.
Transports. (*76) : 641 M pass./km, 1 277 Mt/km. (75) : 102 600 + 67 000. (76) : 940 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens ; tirage global : 190 000. (75) : *280 000. (73) : *147 000. (73) : 49 800 fauteuils ; fréquentation : 12,5 M. (76) : 135 000.
Santé. (75) : 1 210.
Éducation. Prim. (76) : 968 436. Sec. et techn. (75) : 201 845. Sup. (76) 23 137.
Armée.  : 22 200.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée en 1969, 1975 et 1976. Président de la République à vie (novembre 1974) : Habib Bourguiba. Premier ministre : Hedi Nouira.

Un procès à rebondissement

Le procès de 101 syndicalistes arrêtés à la suite des émeutes du 26 janvier 1978 (Journal de l'année 1977-78) s'ouvre à Sousse, le 19 juillet 1978. Il est reproché aux syndicalistes — et parmi eux à Habib Achour, secrétaire général de l'UGTT — d'avoir suscité ces émeutes sanglantes. Ils sont donc accusés de complot contre la sûreté de l'État, d'incitation à la révolte et d'offense à fonctionnaires. Dès le début du procès, les avocats, qui n'ont pu avoir que très tardivement communication d'un volumineux dossier, demandent un renvoi. Qui est accordé pour le 24 juillet. Mais, lorsque l'audience reprend — le 31 juillet —, le tribunal de Sousse se déclare incompétent et renvoie l'affaire à la Cour de sûreté de l'État.