Là-dessus, le président du Conseil national, le Valaisan Hans Wyer, élu au gouvernement de son canton, doit quitter le Parlement fédéral. Son parti — les démocrates-chrétiens — propose pour lui succéder une Schwytzoise, Élisabeth Blunschy, que la Chambre élit sans difficulté : pour la première fois dans son histoire, la Suisse a placé, comme l'écrit irrévérencieusement un journal, « une femme sur le plus haut perchoir ». Un perchoir d'où E. Blunschy va contempler un pays maussade, agité, méfiant. Car, le 12 juin, le peuple et les cantons (tous, sauf les Grisons !) désavouent les grands partis et refusent, dans une proportion de 6 voix contre 4, l'introduction de la TVA.

Pourquoi ce non ? Parce qu'un impôt plus lourd ne peut évidemment pas ravir les électeurs-contribuables. Parce que la semi-récession les engage à la prudence plutôt qu'à la générosité. Parce que des mécontentements extrêmement divers se sont additionnés.

Mais si la démocratie directe est (comme le dira le conseiller fédéral Chevallaz) très naturellement un « cimetière de projets fiscaux », l'affaire, cette fois, paraît assez grave. Plus le gouvernement s'est démené pour faire comprendre aux citoyens qu'il avait besoin du nouvel impôt, plus son échec prend l'allure d'une espèce de motion de défiance. Et l'été 1977 commence dans l'incertitude générale. Une autre politique ? Mais laquelle ? Des économies ? Mais dans quels secteurs ? D'autres recettes ? Mais prises où ?

Encore un déraillement. Qui, lui n'a fait ni morts, ni blessés. Pourtant, il sera très difficile et très long de remettre sur ses rails le convoi des finances fédérales.

Coupable ou innocent ?

L'affaire Jaccoud, qui avait défrayé la chronique en 1958, revient sur le devant de la scène. Pierre Jaccoud (71 ans), ancien bâtonnier de l'ordre des avocats de Genève, avait été condamné le 4 février 1960 à sept ans de réclusion pour le meurtre de Charles Zumbach, père de l'amant de Linda Baud avec laquelle Pierre Jaccoub avait eu une liasson cachée. Crime passionnel ou formidable erreur judiciaire ? Depuis dix-neuf ans, avec le même acharnement l'ex-bâtonnier crie son innocence et lutte pour sa réhabilitation. Sur sa demande, la Cour de cassation de Genève rouvre le dossier en décembre 1976. Mais le 17 mai, la demande en révision est rejetée. Motif : aucun élément nouveau.

Tchécoslovaquie

Prague. 14 800 000. 115. 0,8 %.
Économie. Production (74) : G 123 + I 140. Énerg. (*74) : 6 958.
Transports. (*74) : 18 194 M pass./km, 67 951 M t/km. (*74) : 1 328 200 + 241 400.  : 116 000 tjb. (74) : 926 M pass./km.
Information. (73) : 28 quotidiens ; tirage global : 3 922 000. (73) : 3 793 000. (73) : 3 404 000. (73) : 985 800 fauteuils ; fréquentation : 89,3 M. (74) : 2 481 000.
Santé. (73) : 33 735. Mté inf. (74) : 20,4.
Éducation. (73). Prim. : 1 890 081. Sec. et techn. : 397 492. Sup. : 135 874.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République et secrétaire général du Parti : Gustav Husak, élu le 29 mai 1975, succède au général L. Svoboda. Premier ministre : Lubomir Strougal.

La « Charte 77 » remet en cause la normalisation

Malgré une réélection triomphale les 22 et 23 octobre 1976 (qui a tourné au plébiscite, les listes uniques ayant recueilli 99,97 % des suffrages avec une participation de 99,67 % des inscrits), le pouvoir tchécoslovaque et son no 1 Gustav Husak ont dû faire face à deux obstacles ; le premier, un endettement extérieur de plus en plus lourd ; le second, la Charte 77, signée par plus de 750 personnes réclamant la garantie des droits fondamentaux du citoyen.

Durcissement

Cette contestation n'annonce certes pas un nouveau Printemps de Prague, mais prouve que la normalisation n'a pas pu porter tous ses fruits.

Un durcissement idéologique est affiché par les autorités, qui refusent « toute remise en question des principes généraux du léninisme ». Dans une résolution, le Comité central appelle à l'intensification de la lutte idéologique « contre toutes les formes et expressions de l'idéologie bourgeoise, contre l'opportunisme, le révisionnisme et l'antisoviétisme ». Les eurocommunistes sont directement visés. « Ce sont des traîtres », affirme en mars l'un des principaux dirigeants du Parti, Vasil Bilak, considéré comme un des hommes liges du Kremlin. Il critique particulièrement la rencontre de Madrid entre Georges Marchais, Santiago Carrillo et Enrico Berlinguer, qui démontre, selon lui, l'existence d'« une politique sans principe et de trahison ».