Tout un électorat ouvrier, syndicaliste et bourgeois reste cependant fidèle aux idéaux socialistes de Olof Palme, dont les prises de position hardies, et parfois osées, sur les questions étrangères ont donné à la Suède un lustre nouveau sur la scène internationale.

Mais une partie du programme social-démocrate inquiète le patronat (et pas seulement lui) : l'un des théoriciens du parti, Rudolf Meidner, un économiste allemand réfugié en Suède au début du nazisme, propose que 20 % au moins des bénéfices des entreprises employant plus de 50 personnes soient chaque année versés à un fonds ouvrier destiné à acquérir des actions de la firme. Les salariés seraient représentés par leurs délégués syndicaux aux conseils d'administration des sociétés.

Dévaluation

Plus que le projet Meidner et la mobilisation antinucléaire, c'est finalement l'usure du pouvoir qui aura raison des sociaux-démocrates. D'une façon peu spectaculaire, d'ailleurs : le 19 septembre, la coalition bourgeoise l'emporte sur les partis de gauche par 50,7 % des voix.

Les vainqueurs ont quelque peine à former le nouveau gouvernement sous la direction de Thorbjörn Fälldin. Les centristes ont 8 ministres, les libéraux 5, les conservateurs 6. Le jeune leader libéral Per Ahlmark est vice-Premier ministre et ministre du Travail, le leader conservateur, Gösta Bohman, ministre de l'Économie.

La coalition gouvernementale se trouve confrontée très rapidement à une situation économique qui se dégrade : les exportations stagnent dangereusement, l'inflation continue, le chômage augmente. Les professions de foi antinucléaires des centristes se nuancent de considérations pratiques : l'abandon des centrales en projet risque de compromettre l'expansion industrielle et menace l'emploi.

Le ministre du Commerce extérieur français, André Rossi, fait, le 29 novembre, une visite en Suède dans l'intention de développer les échanges entre les deux pays : la France n'est que le huitième fournisseur de la Suède et son septième client.

Confrontée à une situation d'autant plus difficile que les négociations avec les syndicats pour le renouvellement des conventions collectives marquent le pas, le gouvernement décide, en avril 1977, de dévaluer la couronne suédoise de 5,7 %. Il lance aussi un vaste plan d'austérité et demande aux Suédois de ne plus « vivre au-dessus de leurs moyens ».

Contestation

Dans cette grisaille, la contestation garde tout de même ses droits : la remise du prix Nobel de l'Économie au chef de l'école de Chicago, Milton Friedman, provoque le 10 décembre des manifestations d'un « Comité Chili » qui soupçonne le lauréat d'avoir « donné des conseils » à la junte du général Pinochet.

Le projet d'adhésion de la Suède à la Banque interaméricaine de développement rencontre, en mars 1977, une vive opposition, non seulement de la gauche, mais aussi de nombre de centristes et de libéraux.

Le malaise politique qui se développe ne chagrine guère les sociaux-démocrates. C'est un peu symboliquement qu'ils enterrent, le 3 janvier, l'un de leurs vieux théoriciens, Ernst Wigforss, ancien ministre des Finances et auteur d'un célèbre « programme de Göteborg », qui préconisait, dès 1919, l'impôt progressif sur les revenus et les successions, la nationalisation des secteurs clés de l'économie et la participation des salariés à la gestion de l'entreprise.

Suisse

Berne. 6 400 000. 154. 0,4 %.
Économie. PIB (74) : 6 930. Production : A(74) 118 + I(74) 111. Énerg. (*74) : 3 608. C.E. (74) : 27 %.
Transports. (*74) : 8 279 M pass./km, 6 985 M t/km. (*74) : 1 723 000 + 176 500.  : 194 000 tjb. (74) : 7 056 M pass./km.
Information. (73) : 97 quotidiens ; tirage global : 2 478 000. (73) : 2 003 000. (73) : 1 627 000. (73) : 193 800 fauteuils ; fréquentation : 27 M. (74) : 3 790 000.
Santé. (73) : 10 366. Mté inf. (74) : 12,5.
Éducation. (73). Prim. : 561 773. Sec. et techn. : 476 723. Sup. : 60 329.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Kurt Furgler. Vice-président : M. Ritschard.

Écologie, espionnage, scandales politique et financier tiennent l'opinion en haleine

Le 23 juillet 1976, vers 1 h du matin, un bruit terrible éveille la ville frontalière de Brigue. Le Riviera-Express, débouchant à trop haute vitesse du tunnel du Simplon, s est couché dans une courbe. Six morts et 34 blessés. Cet accident ferroviaire inaugure symboliquement une exceptionnelle série de déraillements politiques, économiques, sociaux, religieux même, qui vont obliger la Suisse à s'interroger sur la sécurité des voies traditionnelles, des procédures admises et des institutions les moins contestées.

Ombre

Ce même mois de juillet, le nuage toxique de Seveso, quoiqu'il s'élève en Italie, jette son ombre sur le territoire de la Confédération. Icmesa, qui produisait de l'hexachlorophène (un bactéricide), est propriété de Givaudan, fabricants de parfums à Genève. La presse, la radio, la télévision donnent d'impressionnantes images de la petite ville évacuée, de ses habitants effrayés, de ses animaux morts, des femmes enceintes qui courent le risque de mettre au monde des enfants anormaux.