Ainsi, en moins d'un an, les nouvelles institutions portugaises sont-elles parvenues à imposer leur autorité et à rétablir un ordre compromis par deux années d'anarchie. « Le Portugal se retrouve », affirme le président Eanes avec satisfaction. Et le ministre Sottomayor-Cardia renchérit : « Être révolutionnaire dans le Portugal d'aujourd'hui, c'est être modéré. » Mais il s'agit d'un équilibre fragile, menacé par la prolongation de la crise économique et la détermination d'une gauche aujourd'hui jugulée, mais nostalgique de sa brève illusion lyrique et attentive à prendre sa revanche.

Roumanie

Bucarest. 21 250 000. 90. 1,1 %.
Économie. Production : G(72) 124 + I(74) 164. Énerg. (*74) : 3 543.
Transports. (*74) : 22 406 M pass./km, 61 618 M t/km. (70) : 45 100.  : 777 000 tjb. (74) : 431 M pass./km.
Information. (73) : 58 quotidiens ; tirage global : 3 736 000. (73) : 3 076 000. (73) : 2 145 000. (73) ; 217 300 fauteuils ; fréquentation : 177,4 M. (74) : 1 076 000.
Santé. (73) : 25 870. Mté inf. (74) : 35.
Éducation. (73). Prim. : 2 658 916. Sec. et techn. : 719 167. Sup. : 143 656.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Président de la République, président du Conseil d'État et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceausescu, réélu pour cinq ans, le 17 mars 1975. Président du Conseil : Manea Manescu.

Un lourd handicap avec le séisme du 4 mars 1977

Plusieurs centaines d'usines détruites, 10 000 sans-abri, de 4 à 5 milliards de F de dégâts, plus de 11 000 blessés et 1 541 morts, le séisme du 4 mars 1977 a profondément meurtri le pays. Aucun secours étranger n'est cependant accepté ; susceptibilité symbolique : même le malheur ne saurait incliner le pouvoir à accepter une ingérence, fût-elle charitable.

Pouvoir familial

Les remaniements au sein du Parti et du gouvernement ont été une des caractéristiques de la période 1976-1977. En juillet 1976, mutations dans les secteurs de la Défense et de la Sécurité. Ce sont les signes avant-coureurs d'un changement plus profond, qui intervient en janvier suivant. Le Bureau permanent passe de cinq membres à neuf, dont la propre femme du secrétaire général, Elena Ceausescu, considérée de plus en plus comme le no 2. Cette décision semble corriger l'abolition en 1974 du praesidium qui, lui aussi, comptait neuf membres. Elle démontre aussi que le caractère personnel et familial du pouvoir s'accroît. Le fils de Nicolae Ceausescu, Nicu, est depuis quelques mois président de l'Union des étudiants. Le frère d'Elena, Gheorghe Petrescu, devient secrétaire d'État aux Industries et constructions mécaniques. Si l'on ajoute à ces faits les changements intervenus aux ministères des Mines et Pétrole, de l'Énergie électrique, de la Justice, le rattachement du portefeuille du Travail à la présidence des syndicats, on perçoit l'importance du remodelage.

Autre nouveauté importante : pour Nicolae Ceausescu, il faut « intensifier le développement de la conscience socialiste ». Dès l'âge de quatre ans, les enfants doivent connaître une éducation communiste. Dans les entreprises, des cycles d'enseignement doctrinal sont organisés, auxquels les non-communistes eux-mêmes ne peuvent échapper. Ces mesures suscitent une résistance, et, dans les milieux intellectuels, la contestation gagne du terrain. Tentatives de conciliation et répression se succèdent. L'écrivain Paul Goma, dont le livre Ostinato (récit d'une expérience carcérale), paru en Occident, lui vaut le surnom de Soljenitsyne roumain, est arrêté le 4 avril 1977 et reste incarcéré plus d'un mois.

Malgré le séisme de mars, les objectifs du Plan quinquennal 1976-1980 devraient être atteints. Il est probable cependant que les 11,3 % d'accroissement du revenu national prévus pour 1977, les 10,5 % de croissance de la production industrielle également projetés seront difficilement atteints. Un événement économique notable cependant avec l'accord Citroën, conclu à l'automne 1976 au cours du voyage à Paris (du 14 au 17 déc.) du Premier ministre, Manea Manescu : est prévue la construction d'un complexe industriel destiné à fabriquer, dès 1979, 130 000 voitures et à employer 7 000 salariés.

Relations extérieures

Le chapitre des relations diplomatiques témoigne, lui aussi, d'une certaine volonté d'indépendance. En décembre, Ceausescu reçoit Nahum Goldmann, président du Congrès juif mondial. De tous les pays socialistes, la Roumanie est le seul à n'avoir jamais rompu ses relations avec Israël, tout en restant en excellents termes avec les Arabes. Début janvier 1977, visite d'Enrico Berlinguer, secrétaire général du PC italien, et réaffirmation de la nécessaire indépendance des lignes politiques de chaque pays. Toujours en janvier, rétablissement des relations diplomatiques avec l'Espagne, à la suite de la visite du ministre du Commerce, José Fernandez-Urrutia. Le mois de février est marqué par une tournée africaine de Nicolae Ceausescu : Mauritanie, Sénégal, Ghana, Côte-d'Ivoire. Le 11 mai, visite au Caire du no 1 roumain.