Étatisation des terres (plus de 80 % appartiennent au secteur privé), ralentissement de l'accroissement annuel de la production (de 11 à 7 %), des investissements (37 % d'augmentation d'ici à 1980 contre 132 % de 1971 à 1975), des salaires (16 % au lieu de 40 %) sont les moyens techniques préconisés pour juguler la crise et rétablir l'équilibre du marché. À cela s'ajoute une opération psychologique d'envergure. Condamnant « la spéculation, le bureaucratisme, le gaspillage des deniers publics », Edward Gierek appelle la population à « faire preuve d'esprit de sacrifice, de patience et de discipline civique ».

Dans le domaine de la politique étrangère, la France a une position privilégiée. Au 5e rang il y a cinq ans parmi les partenaires occidentaux de la Pologne, elle arrive au 2e rang, juste derrière la RFA, avec un total d'échanges s'élevant à 5,5 milliards de F. Le voyage à titre privé de Valéry Giscard d'Estaing, en octobre 1976, la visite du ministre des Affaires étrangères, Louis de Guiringaud, en mars 1977, ne font que renforcer les liens existant entre les deux pays.

Portugal

Lisbonne. 8 760 000. 96. 0,8 %.
Économie. PIB (74) : 1 524. Production : G(73) 124 + A(74) 106 + I(74) 139. Énerg. (*74) : 1 026. C.E. (74) : 18 %.
Transports. (*74) : 4 552 M pass./km, 867 M t/km. (*74) : 854 400 + 237 600.  : 1 210 000 tjb. (74) : 1 573 M pass./km.
Information. (73) : 29 quotidiens ; tirage global : *740 000. (73) : 1 505 000. (73) : 569 000. (73) : fréquentation : 26,5 M. (74) : 1 011 000.
Santé. (73) : 9 111. Mté inf. (74) : 38,4.
Éducation. (72) Prim. : 970 736. Sec. et techn. (72) : 550 873. Sup. (73) : 59 261.
Institutions. République instaurée après le coup d'État militaire du 25 avril 1974. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, élu le 27 juin 1976, succède au général Francisco Da Costa Gomes. Premier ministre : Mario Soarès.

Lent retour vers la normale

Pour le troisième anniversaire de la révolution des œillets, les Lisboètes avaient toute possibilité de participer à la manifestation de leur choix : Mario Soares. Premier ministre et secrétaire général du Parti socialiste, rassemblait 10 000 personnes aux arènes de Campo Pequenho ; les communistes tenaient un meeting au parc Édouard-VII ; au centre de la capitale, le général Eanes, président de la République, présidait un grand défilé militaire ; et puis, le soir, devant Radio-Club, qui diffusa, trois ans plus tôt, le signal de la révolution, c'était le tour des Groupes de dynamisation de l'unité populaire (GDUP), les gauchistes amis d'Otelo de Carvalho, qui se trouvait à leur tête, entouré de Rosa Coutinho, l'amiral rouge, et de l'ex-général Fabio, qui fut, il y a deux ans, commandant en chef de l'armée portugaise. Sous le coup d'une inculpation, ceux-ci étaient interdits de parole en public par les autorités militaires ; alors, ils ont entonné avec la foule Grandolâ, vila morena, la chanson symbole du 25 avril. Plus que toutes les autres, cette dernière commémoration témoignait de la révolution éclatée.

Fin des convulsions

Lorsque, le 14 juillet 1976, le général Eanes, (élu à la présidence de la République le 27 juin 1976), appelle Mario Soares pour former le gouvernement, la situation du Portugal est désastreuse. C'est le résultat de deux années de « surréalisme révolutionnaire », avec ses vertiges, ses convulsions, ses psychodrames. Dans son discours d'investiture, le général Eanes dénonce « l'irresponsabilité et l'incompétence », refuse les « démagogies » et les « utopies » ; désormais, plus de « revendications irréalistes », finis les « querelles partisanes » et « le spectacle lamentable offert par un système éducatif qui ne fonctionne pas ». « Nous avons devant nous des difficultés qu'il faut vaincre, afin d'assurer la consolidation de la démocratie et d'ouvrir la voie à une société socialiste. »

La première appréciation du nouveau chef de gouvernement n'est guère plus engageante : « Maintenant que nous avons évité Prague, nous ne voulons pas tomber dans la situation du Chili. »