L'Iraq cherche à sortir de son isolement pour neutraliser la Syrie, avec laquelle les rapports s'enveniment. Bagdad reproche à Damas de détourner, en amont du grand barrage de Tabqa, une grande partie des eaux de l'Euphrate, menaçant ainsi de famine plus de 3 millions de paysans iraqiens. Mais le conflit entre les deux capitales, où deux branches rivales du Baas sont au pouvoir, est aussi d'ordre idéologique et politique. L'hostilité manifestée par l'Iraq à l'égard de la Syrie (dont les relations avec l'URSS sont excellentes) ainsi que l'ébauche, à Bagdad, d'une nouvelle politique étrangère ne manquent pas de mécontenter les dirigeants soviétiques. Ceux-ci observent avec une certaine inquiétude le rapprochement irano-iraquien et les efforts déployés pour réduire leur influence dans le golfe.

La France, où Saddam Hussein se rend en mars pour une brève visite, paraît particulièrement bien placée pour devenir un partenaire privilégié de l'Iraq. La visite du Premier ministre français Jacques Chirac à Bagdad, les 30 novembre et 1er décembre 1974, s'est soldée par une série de contrats et d'accords impliquant des investissements de l'ordre de 15 milliards de francs. Il a été convenu que des entreprises françaises construiraient une usine d'aluminium, un complexe pétrochimique dans la région de Bassorah (3,5 milliards de francs), un système de télécommunications par câbles, etc. L'Iraq s'est engagé à adopter le procédé Secam de télévision. Il a été question d'une coopération dans le domaine de l'informatique et de l'électronique, d'un programme de formation professionnelle, technique et scientifique.

Israël

Jérusalem. 3 180 000. 153. 2,9 %.
Économie. PNB (72) 2 298. Production : G (71) 188 + A (72) 184 + I (72) 255. Énerg. (*72) : 2 712. C.E. (72) : 15 %.
Transports. (*72) : 388 M pass./km, 421 M t/km. (*72) : 201 100 + 84 600.  : 645 000 tjb. (72) : 3 356 M pass./km.
Information. (72) : 26 quotidiens. (72) : *680 000. (72) : 370 000. (72) : 165 000 fauteuils ; fréquentation : 32,1 M. (72) : 620 000.
Santé. (71) : 7 723. Mt inf. (72) : 21,3.
Éducation. (69). Prim. : 456 073. Sec. et techn. : 134 528. Sup. : 49 076.
Institutions. État indépendant le 14 mai 1948. République. Des lois fondamentales tiennent lieu de Constitution. Président de la République : Ephraïm Katzir, élu le 10 avril 1973. Premier ministre : Itzhak Rabin.

Austérité, corruption et espoir de paix

Un dimanche matin, au lendemain du sabbat du 9 novembre 1974, les Israéliens apprennent que leur pays vient de choisir l'austérité. Il était temps. L'économie risque la banqueroute après la longue indécision du gouvernement apparemment incapable de juguler une inflation record : 56,2 % d'augmentation des prix en 1974, dont 82,6 % pour les denrées alimentaires et 416,9 % pour le sucre ! Incapable aussi de réduire le déficit de la balance commerciale, passé de 2,50 milliards de dollars en 1973 à 3,50 en 1974.

Les énormes sommes collectées dans le monde (surtout aux États-Unis) après la guerre du Kippour n'ont pas suffi à boucher les trous d'une économie déséquilibrée par le budget militaire et l'appétit des biens de consommation importés.

Restrictions

Par un pathétique message à la nation le 10 novembre 1974, le Premier ministre Itzhak Rabin annonce des mesures « douloureuses, et même très douloureuses ». La mieux admise est une nouvelle augmentation du budget militaire : 33 % du produit national brut au lieu de 17 % avant la guerre d'octobre. La plus spectaculaire est une dévaluation de 43 % de la livre israélienne par rapport au dollar américain. Pourcentage record qui devrait dissuader l'importation et favoriser l'exportation. À cette contre-attaque aux frontières s'ajoute, à l'intérieur, une offensive qui vise le superflu et même le nécessaire : une réduction massive des subventions de l'État aux denrées de première nécessité. Parmi les nombreux produits dont les prix montent en flèche, le pain (× 2), l'huile (× 2,5), le sucre (× 3). Presque doublés aussi, les prix de l'eau, du gaz, de l'électricité. Celui de l'essence est majoré de 70 %. En même temps, pour éviter la misère aux plus défavorisés et pour aller au-devant des ripostes syndicales inéluctables, le gouvernement promet des indemnités de vie chère aux économiquement faibles. Ce qui n'empêche pas les réactions immédiates : dès le dimanche après-midi, les rues de Tel-Aviv sont embouteillées par de violentes manifestations, notamment devant le siège du syndicat, la Histadrouth. Le service d'ordre, lapidé, arrête une trentaine de personnes dont le chef des Panthères noires. Suivent des débrayages d'avertissement dans quelques usines et dans les ports d'Ashdod et d'Haïfa.