La situation politique est confuse. Le jour même où la nouvelle Constitution est promulguée (7 octobre 1974), le roi Bhumibol demande qu'elle soit amendée.

Les élections législatives du 26 janvier 1975 (42 partis, 269 sièges à pourvoir) ne dégagent aucune majorité. La Parti démocrate du prince Seni Pramot arrive en tête avec 72 élus. Le Parlement ratifie la nomination de S. Pramot au poste de Premier ministre, mais refuse l'investiture à son gouvernement de coalition minoritaire (6 mars).

L'Assemblée vote finalement la confiance à Kukrit Pramot, chef du Parti d'action populaire, (et propre frère du prince Seni Pramot), au terme d'élections très contestées (13 et 19 mars).

Changement de cap

Le nouveau Premier ministre annonce, le 17 mars, dans son programme de gouvernement son intention de demander le retrait dans les douze mois des troupes américaines basées en Thaïlande, d'établir des relations normales avec la Chine populaire, d'améliorer les rapports avec le Nord Viêt-nam et d'abolir la loi sur la répression du communisme.

Le gouvernement reconnaît le nouvel État cambodgiens dès le 17 avril, jour même de l'entrée des Khmers rouges à Phnom Penh.

La chute de Phnom Penh et celle de Saigon entraînent les dirigeants à réviser entièrement leur politique étrangère. Hier alliée privilégiée des États-Unis, et base aérienne de l'US Air Force (pour ses missions de bombardement sur le Nord Viêt-nam et le Laos), la Thaïlande doit composer, désormais, avec les communistes. En mai 1975, des relations diplomatiques sont établies avec la Corée du Nord, et des contacts sont pris avec le Viêt-nam du Nord pour étudier les conditions d'une normalisation des rapports.

L'évolution se précipite avec l'affaire du Mayaguez ; Washington, sans consulter le gouvernement de Bangkok, envoie des marines à la base d'Utapao pour participer aux opérations de récupération du Mayaguez (15 mai). Le Premier ministre Kukrit Pramot parle de « violation de la souveraineté thaïlandaise ». Bangkok rappelle son ambassadeur à Washington et demande, le 20 mai, la révision de tous les accords militaires et économiques avec les USA.

Début juin, tous les B 52, suivis par les chasseurs-bombardiers F 111, décollent des bases d'Ubon, Utapao, Udon et Nakhon-Phanom, pour regagner le territoire américain. L'évacuation complète des troupes et du matériel doit être terminée en 1976.

Dernière carte de ce jeu diplomatique qui amorce l'alignement de la Thaïlande sur ses voisins communistes : le Premier ministre, Kukrit Pramot, s'envole le 29 juin pour Pékin, afin d'établir des relations privilégiées avec la Chine populaire.

Turquie

Ankara. 37 360 000. 48. 2,5 %.
Économie. PNB (72) 436. Production : G (72) 171 + A (72) 135 + I (66) 170. Énerg. (*72) : 564. C.E. (72) : 5 %.
Transports. (*72) : 5 337 M pass./km, 6 641 M t/km. (70) : 147 000 + 164 400.  : 757 000 tjb. (72) : 636 M pass./km.
Information. (72) : 433 quotidiens. (72) : 3 941 000. (72) : 133 000. (72) : 728 000.
Santé. (71) : 16 514. Mté inf. (67) : *153.
Éducation. (70). Prim. : 5 011 926. Sec. et techn. : 1 308 779. Sup. : 169 793.
Institutions. République proclamée le 20 avril 1924. Constitution de 1961, amendée en 1971 et 1973. Président de la République : Fahri Koruturk, élu le 6 avril 1973, succède à Cevdet Sunay. Président du Conseil : Suleyman Demirel.

Une lourde hypothèque : l'affaire chypriote

Le conflit de Chypre conditionne la politique intérieure et extérieure de la Turquie. Le coup d'État à Nicosie, le 15 juillet 1974, suscite une vive émotion dans l'opinion, qui redoute le massacre des Turcs-Chypriotes, ainsi que dans l'armée, qui appréhende le rattachement de l'île a la Grèce.

Chypre

Le gouvernement de Bulent Ecevit, soumis à de vives pressions, décide d'intervenir militairement à Chypre. Le chef du Parti républicain du peuple, longtemps accusé par ses adversaires d'être un dangereux gauchiste, s'assure ainsi une large popularité dans le pays et, surtout, au sein de l'armée où on l'y tenait jusqu'ici en suspicion. Le débarquement de troupes turques à Chypre, le 19 juillet, est bien accueilli par une partie de la presse internationale, qui réprouve la brutalité du régime militaire d'Athènes qui renverse Mgr Makarios.