Enfin, la nouvelle Constitution désigne comme chef suprême de l'armée le président du parti, Mao Tsé-toung. Désormais, le vieux slogan n'est plus seulement un vœu mais un fait : « Le parti commande aux fusils. »

Chypre

Nicosie. 660 000. 71. 1 %.
Économie. PNB (72) 1 155. Production : G (72) 205 + A (72) 187 + I (71) 170. Énerg. (*72) : 1 705. C.E. (72) : 19 %.
Transports. (*72) : 76 100 + 18 100.  : 2 936 000 tjb. (72) : 254 M pass./km.
Information. (72) : 12 quotidiens ; tirage global : 80 000. (72) : 171 000. (72) : 66 000. (72) : 88 000 fauteuils. (72) : 54 000.
Santé. (71) : 523. Mté inf. (72) : 28,2.
Éducation. (70). Prim. : 69 160. Sec. et techn. : 43 252. Sup. : 698.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Mgr Makarios (Grec), réélu pour la troisième fois le 8 février 1973. Premier ministre : Glafcos Cléridès. Proclamation, le 13 février 1975, d'un État autonome turc, laïc et fédéral, ayant à sa tête Rauf Denktash.

Équilibre instable après un conflit sanglant

Venant s'ajouter au conflit israélo-arabe, un nouveau foyer de guerre est apparu, en juillet 1974, en Méditerranée orientale : Chypre.

Suscitée par une épreuve de force entre Nicosie et Athènes, la crise fait tache d'huile. L'intervention militaire de la Turquie, la vive réaction de la Grèce, qui décrète une mobilisation générale, le danger d'une guerre entre deux membres de l'OTAN, tout autant que celui de la suppression de l'État indépendant de Chypre, impliquèrent très rapidement les grandes puissances et l'ONU.

C'est l'ultimatum adressé le 3 juillet 1974 par Mgr Makarios au général Ghizikis, le chef de l'État grec, qui déclenche le mécanisme de la crise. Le président chypriote y accuse le gouvernement d'Athènes de menées subversives dans l'île, destinées à y supprimer le régime démocratique, et exige le rappel de 600 des 650 officiers qui encadrent la garde nationale chypriote, faute de quoi (laisse entendre l'ethnarque) il romprait les relations diplomatiques entre les deux pays. Pour toute réponse, les dirigeants grecs organisent le coup d'État du 15 juillet. Ce jour-là, les blindés de la garde nationale attaquent en même temps que divers autres bâtiments stratégiques de Nicosie, le palais présidentiel, avec l'objectif évident d'abattre l'ethnarque. Ce dernier, cependant, réussit à se réfugier à Paphos avant de quitter l'île, le lendemain, à bord d'un avion des Nations unies, pour se rendre à Londres, via Malte. Le changement de régime à Nicosie inquiète au plus haut point la communauté turque chypriote, ainsi que le gouvernement d'Ankara. Ce dernier redoute que l'enosis (rattachement de l'île à la Grèce) ne soit proclamé. En effet, les officiers putschistes sont aux ordres d'Athènes et le nouveau président de la République désigné par eux, Nicolas Sampson, est un chaud partisan de la « réunification de la mère patrie ». Membre de l'organisation terroriste EOKA-B, Sampson avait personnellement participé en 1963-64 à la sanglante répression menée par des bandes irrégulières contre la population turque chypriote, laquelle, craignant un nouveau massacre, en juillet, lance un appel à l'aide de la métropole.

La Turquie se prévaut du droit d'intervention (en se référant au traité de garantie conclu en 1959 entre la Grèce, la Turquie et la Grande-Bretagne) pour inviter le gouvernement anglais à s'associer à une action commune, destinée à rétablir l'ordre constitutionnel à Nicosie. Devant le refus de Londres, les forces armées d'Ankara investissent l'île le 20 juillet.

Malgré les résolutions du Conseil de sécurité des 20 et 23 juillet ordonnant un cessez-le-feu, la flotte, l'aviation, des troupes aéroportées, des blindés turcs poursuivent leurs opérations, occupant successivement, et non sans mal, Kokkina, Kyrenia, Lapithos, Limassol et assiègent Nicosie, dont l'aéroport, partiellement détruit, est rendu inutilisable.

Le branle-bas de combat en Méditerranée orientale, qui menace de se transformer en confrontation entre les puissances, ne freine pas les ardeurs guerrières du gouvernement d'Ankara. Des unités de la marine grecque, se dirigeant vers Chypre, sont contraintes par la VIe flotte américaine, dont plusieurs bâtiments avaient quitté leur port d'attache pour patrouiller au large de l'île, de rebrousser chemin. Les forces de l'OTAN, d'une part, sept divisions aéroportées soviétiques, de l'autre, sont mises en état d'alerte.