Le mécontentement grandit dans les forces armées, où l'on rejette la responsabilité des déboires militaires sur le gouvernement central, qui est contraint de procéder à des épurations. Le commandant de l'armée de l'air est déplacé à la fin du mois de septembre 1974. Les dirigeants iraqiens tentent de rétablir la situation en intensifiant l'effort de guerre tout en accélérant la mise en œuvre du statut d'autonomie octroyé aux provinces kurdes le 11 mars 1974 (Journal de l'année 1973-74).

Le conseil exécutif du Kurdistan, gouvernement en principe autonome, mais contrôlé par Bagdad, est mis en place le 24 septembre sous la direction de Hachem Akraoui, membre du bureau politique du nouveau parti démocratique kurde. L'Assemblée législative tient, le 5 octobre, une première réunion à Irbil, capitale de l'entité autonome, pour débattre des structures politiques et économiques. La rébellion se poursuit malgré les offres d'amnistie faites aux combattants.

Négociations

Le gouvernement iraqien comprend qu'il ne pourra liquider la rébellion que s'il parvient à un accord avec l'Iran, unique soutien et sanctuaire des maquisards kurdes. Une réconciliation entre Bagdad et Téhéran parait d'autant plus s'imposer que les incidents de frontières, les incursions, voire les batailles rangées entre les deux armées se multiplient et risquent de conduire à une guerre qui serait, pour l'Iraq, catastrophique. Le 16 décembre, deux avions iraqiens sont abattus par des fusées sol-air ; du 29 au 31, des duels d'artillerie opposent les deux armées.

Parallèlement, de discrètes négociations se poursuivent entre les ministres des Affaires étrangères d'Iraq et d'Iran, chargés de liquider l'ensemble du contentieux : le tracé des frontières, la réglementation de la navigation dans le Chatt al-Arab, l'aide fournie aux mouvements subversifs, etc. Les rencontres, qui se déroulent à Istanboul en août 1974 et en janvier 1975, se soldent par des échecs. Plusieurs chefs d'État arabes s'efforcent de rapprocher les points de vue ; la médiation du président algérien Boumediene débouche sur un accord. Le chah d'Iran et Saddam Hussein, vice-président et homme fort de l'Iraq, qui assistent au sommet de l'OPEP à Alger, signent le 6 mars un document mettant fin à leur conflit. Ils conviennent d'établir « un contrôle strict et efficace » le long de la frontière commune « en vue de la cessation définitive de toutes infiltrations à caractère subversif ». Le compromis est fondé sur des concessions réciproques : en échange d'un tracé de frontières favorable à l'Iran, le chah interrompt sur-le-champ l'assistance multiforme qu'il fournissait aux peshmerga du général Barzani. Les deux pays mettent fin à la guerre des ondes et procèdent au retrait de leurs forces, concentrées des deux côtés de la frontière.

Amnistie

Le 13 mars, le gouvernement de Bagdad suspend les opérations militaires dans le nord de l'Iraq et offre une amnistie générale aux insurgés kurdes.

Ces derniers ne tardent pas à déposer les armes. Six cent cinquante d'entre eux se seraient donné la mort plutôt que de se rendre aux forces iraqiennes. Plusieurs commandants de peshmerga, capturés par l'armée iraqienne, sont exécutés. Les chefs de la rébellion, le général Barzani en tête, obtiennent l'asile politique en Iran. La panique s'empare de la population kurde : quelque 250 000 hommes, femmes et enfants se réfugient dans l'empire des Pahlevi. Des milliers meurent d'épuisement au cours de l'exode. Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux ne parviennent pas à franchir la frontière turque, le gouvernement d'Ankara se refusant à les accueillir.

Bagdad ayant prorogé jusqu'au 20 mai le délai accordé aux insurgés pour bénéficier de l'amnistie, la plupart des réfugiés prennent le chemin du retour. Le général Barzani, selon une déclaration qui lui est attribuée le 3 mai par la presse iranienne, proclame que la lutte armée des Kurdes en Iraq ne reprendra plus jamais.

Ayant assaini la situation intérieure, le vice-président iraqien s'attelle à la tâche d'améliorer ses relations avec les pays de la région du golfe. Après avoir accueilli à Bagdad le Premier ministre iranien Hoveyda, il se rend en avril à Téhéran, où il évoque avec le chah le projet d'une réunion au sommet des États du golfe, dont la tâche serait de chercher les moyens d'assurer la sécurité de la région en dehors de toute participation ou ingérence des puissances étrangères. En mai, Saddam Hussein est en Arabie Saoudite pour discuter de ce même projet.

Alliance

L'objectif de l'alliance projetée est de supprimer la présence militaire des États-Unis et de l'URSS dans le golfe. Saddam Hussein, en visite officielle à Tunis (7 au 9 mars), normalise les relations avec le régime du président Bourguiba et accorde un prêt de 15 millions de dollars pour la réalisation du plan de développement tunisien. L'Iraq fait don à l'Égypte de 115 millions de dollars à l'occasion de la visite qu'effectue à Bagdad, à la mi-mai, le président Sadate.