Les cinq départements qu'il regroupe (Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Loire-Atlantique et Vendée) participent en fait à des structures et à des courants économiques très différents.

Alors que la Sarthe et son chef-lieu, Le Mans, font partie intégrante du Bassin parisien, la métropole, Nantes - Saint-Nazaire se développe dans un tout autre contexte, et la Vendée poursuit sans bruit une lente, très lente modernisation. Il est donc impossible d'envisager la région comme un tout homogène.

Au cours des douze derniers mois s'est confirmé le redressement spectaculaire de la situation économique de Nantes - Saint-Nazaire, dont la crise, il y a quelques années (au moment de la fermeture des Fonderies de Saint-Nazaire), avait été très préoccupante.

50 usines en six ans

Un vaste effort d'industrialisation et de décentralisation a été entrepris. De 1961 à 1967, plus de 50 usines se sont installées dans les zones industrielles de Nantes et de Saint-Nazaire, permettant la création de 8 279 emplois, dont 5 427 dans les deux seules années 1965 et 1966.

Depuis le 1er juillet 1967, outre la mise en activité d'unités aussi importantes que les usines de Jif-Waterman (800 emplois), la Compagnie des produits industriels de l'Ouest (filiale de Renault), qui prévoit 1 000 emplois, la Société Kretz, qui fabrique les gaines Chantelle (600 emplois), les Établissements Saunier-Duval (sanitaire), qui ont créé 900 emplois à fin 1967, la Société Vademecum, dentifrice et brosses (100 emplois au démarrage), on note les implantations des Établissements Werber (maroquinerie), Quo Vadis (édition), d'une filiale de Motobécane, d'une filiale commune de la société américaine Cargill et des sociétés françaises Provimi, Soprorga (filiale du groupe Rousselot-Kuhlmann) et Synoxy (contrôlée par la Compagnie financière Edmond de Rothschild) : il s'agit d'une usine de trituration de graines de soja, qui doit produire 125 000 t de farine de soja par an et 30 000 t d'huile.

Une expérience unique

Ce dynamisme retrouvé de la métropole de l'Ouest se traduit encore par l'extraordinaire accroissement du trafic aérien de voyageurs. Alors que, à la création de la ligne Air Inter, on comptait, en 1963, 13 007 passagers, en 1967 on enregistrait 107 000 voyageurs. La progression par rapport à 1966 était de 40 %.

Le rythme de cette croissance exige qu'elle soit contrôlée et orientée. C'est la raison qui a motivé la création du Groupe de développement industriel de la métropole de l'Ouest (GEDIMO). Ce groupe d'industriels, placé sous la présidence du préfet de région, a été chargé par les pouvoirs publics — avec le concours des autorités de la Communauté économique européenne, qui participent au financement de l'enquête — de diriger, d'animer et de coordonner une large étude ayant pour but de définir les orientations selon lesquelles devrait être réalisée la restructuration industrielle de la métropole de l'Ouest. Un premier projet de rapport et de programme a été déjà transmis fin 1967 à la DATAR.

Enfin, une expérience encore unique en France a été lancée à Nantes, sur l'initiative d'André Morice, sénateur-maire de la ville. Une Association communautaire volontaire de la région nantaise a été créée cette année ; elle a recueilli l'adhésion de 33 communes sur 35. Contrairement au système des communautés urbaines, elle revêt une forme syndicale où toutes les communes sont également et directement représentées. Son budget est alimenté par un prélèvement opéré sur le budget de chaque commune en fonction du chiffre de sa population.

L'expansion en Anjou

La Sarthe connaît un ralentissement de son expansion. Le Mans a vécu cette année des conflits sociaux d'une violence qui a surpris, au cours de manifestations conjointes des syndicats paysans et ouvriers. Le Maine-et-Loire connaît, en revanche, une bonne expansion.

En neuf ans, de 1959 à 1967, l'Anjou s'est enrichi de 117 entreprises nouvelles, qui occupent 12 500 personnes. Les décentralisations rentrent pour 60 % dans ce chiffre, avec 7 265 emplois, et les créations d'origine locale pour 40 %, avec 4 928 emplois. Abstraction faite des usines Bull et Thomson, la taille moyenne de ces entreprises est de 70 emplois.