La décentralisation est surtout le fait d'établissements offrant moins de 100 emplois. Tout en quittant la capitale, ils s'en sont peu éloignés, afin de pouvoir conserver des relations faciles avec leurs fournisseurs et leurs clients. On les trouve principalement en amont de la vallée, dans les régions de Vernon et de Louviers, où tous les secteurs d'activités sont représentés.

Les grandes entreprises, au contraire, se sont plus éloignées de Paris. Elles sont implantées près de Rouen et du Havre, qui leur offrent, en outre, l'environnement portuaire et tertiaire dont elles ont besoin. Le phénomène est très net : 65 emplois en moyenne par établissement dans la zone en amont, 163 dans celle du Grand Rouen, et 200 dans celle de l'estuaire.

Pendant l'année en cours, de multiples installations ont été réalisées.

BP, après de très longs pourparlers, implante à Vernon une raffinerie qui aura une capacité initiale de 3 millions de tonnes, et vient s'ajouter aux quatre raffineries déjà existantes.

Esso-Chimie a mis en service à Port-Jérôme (Seine-Maritime) un nouveau steam-craking qui doit produire par an 200 000 t d'éthylène, 150 000 t de propylène purifié et 45 000 t de butadiène. Shell regroupe ses laboratoires de recherche à Grand-Couronne, tandis que Good Year et Michelin créent une nouvelle usine au Havre.

Un point noir cependant : les chantiers du Trait sont en difficulté, et il faudra s'orienter vers leur conversion.

Progression spectaculaire

Avec 37 673 000 t en 1967, contre 30 805 000 t en 1966, le trafic du port du Havre marque une très importante progression. Pour l'ensemble des marchandises débarquées, la progression est de 21,5 % (32 860 000 t contre 26 728 000 t), tandis qu'à l'embarquement l'accroissement s'établit à 26,4 %.

Le Havre est le premier port français à recevoir régulièrement des navires porte-containers. En adhérant au groupement européen de l'Atlantic Container Line, la Compagnie générale transatlantique a désigné Le Havre comme escale française. Ainsi s'affirme la nouvelle vocation du port normand. Dès décembre 1967, Le Havre accueillait pour la première fois un pétrolier de plus de 200 000 tjb, le bâtiment norvégien Bergehus.

Si l'on totalise les résultats obtenus par Le Havre (37 673 000 t) et Rouen (11 300 000 t), le trafic du complexe portuaire de la Basse-Seine s'élève à 48 973 000 t. Trafic modeste comparé, notamment à celui de Rotterdam (140 millions de tonnes).

Parallèlement, les travaux d'aménagement de la zone industrielle portuaire du Havre se poursuivent activement. De nombreuses implantations sont déjà réalisées : Raffinerie normande de la CFR, Société Good Year, qui va édifier une nouvelle unité en accord avec Michelin, Régie Renault.

D'autres implantations sont prévues : Société normande de l'azote (filiale de Pierrefitte, de l'ONIA et de la CFR), qui construira une unité de fabrication d'ammoniaque produisant 800 t d'azote par jour, cimenterie Lambert (une unité de production de 1 000 t par an), Société européenne de brasserie (Bière Paillette), etc.

Rouen s'agrandit

Le principe de la création d'une ville nouvelle, dans le site de la plaine de Poses-Tournedos, à 20 km en amont de Rouen, était décidé, le 27 juillet 1967, par le Comité interministériel. Elle portera le nom de Vaudreuil. Le projet présenté par l'OREAM de la Basse-Seine se trouve ainsi ratifié.

Cette ville nouvelle permettra d'absorber une partie de la future croissance de Rouen.

La voie électrifiée Paris-Rouen la traverse et mettra le centre de la ville à 15 minutes par train de celui de Rouen et à 50 minutes de la gare Saint-Lazare. Le site est desservi par l'échangeur d'Incarville de l'autoroute de Normandie, qui sera mise en service entre Paris et Rouen en 1970.

Dans ce site, il sera possible de créer une ville pour près de 150 000 habitants, avec un centre à forte densité ; des quartiers résidentiels moins denses seront aménagés à la périphérie.

Les études détaillées des structures de la ville et de son programme de réalisation sont en cours.

Basse-Normandie

Deux départements, l'Orne et le Calvados, sur les trois que comporte la Basse-Normandie, font partie du plan d'aménagement du Bassin parisien. La Manche et l'ouest de l'Orne sont beaucoup plus attirés par la Bretagne.