Jean Quesnel, commissaire à la conversion, après avoir souligné que l'objectif désigné de 7 500 emplois industriels créés par an pourrait être atteint vers 1970, du moins globalement, ajoutait devant les membres de la CODER : « Même si, comme on peut l'espérer, la Lorraine n'a pas à craindre de devenir une terre d'émigration, il faut que les Lorrains se fassent à l'idée que le nouvel équilibre de leur région exigera pour beaucoup, non seulement une mobilité professionnelle, mais aussi une certaine mobilité géographique. »

Désenclaver Longwy

La situation est plus inquiétante dans la Lorraine sèche, et notamment dans le bassin de Longwy, qu'il faut à tout prix désenclaver. Des mesures ont été annoncées, mais non précisées, qui tendraient à améliorer la liaison Longwy-Thionville.

De même, dans les Vosges, l'industrie cotonnière, qui représentait, fin 1966, 30 % de la population active, est toujours en difficulté. L'effort d'industrialisation et de diversification est certain, et l'on compte de nombreuses implantations nouvelles. Il ne suffit pas, pour l'instant, à compenser les licenciements provenant de fermetures en chaîne dans le textile. Mais la décision de Michelin, en mars 1968, d'implanter une usine à Golbey (1 400 employés prévus) change un peu les perspectives.

Il faut enfin évoquer la construction à Carling (Moselle) d'une usine d'ammoniaque de synthèse, d'une capacité de 1 000 t par jour. Cette usine fait partie du complexe pétrochimique Sarre-Lorraine, réalisé en commun par les Charbonnages de France, les Houillères du bassin de Lorraine et les Mines de la Sarre (Saarbergwerke AG). L'autre unité de ce complexe est en construction à Perl, en Sarre ; il s'agit d'une usine d'urée d'une capacité de 540 t par jour.

La Banque européenne d'investissement a consenti un prêt de 40 millions de francs pour faciliter la réalisation de ce complexe.

Champagne

La Champagne, souvent appelée Champagne-Ardennes, est probablement, des nouvelles régions de programme, un des découpages les plus arbitraires. Les quatre départements qui composent la Champagne sont soumis à des courants économiques très différents.

Deux départements, l'Aube et la Marne, font partie du plan d'aménagement du Bassin parisien Cette situation n'a pas été sans mécontenter nombre de responsables locaux.

Selon ses secteurs géographiques, la Champagne connaît des stades d'évolution différents. Reims est en pleine extension et Troyes semble avoir maintenant surmonté la crise du textile. En revanche, la Haute-Marne, si elle ne présente pas de problèmes aigus, connaît une conjoncture terne, et le nord des Ardennes présente à bien des égards des aspects préoccupants.

Intervention de la CECA

C'est précisément en fonction de cette situation que l'action conjuguée de la CECA et de la SIDECO (Société sidérurgique de participation pour le développement économique) a permis à la SEFAC (Société d'estampage et de forge Ardennes-Champagne) de regrouper ses activités à Bogny-sur-Meuse et de doubler sa production.

L'opération qui est en cours sera achevée en mai 1969 ; elle aura été menée en deux étapes : une partie de l'aide de la CECA a été consacrée au rachat de l'ancienne usine de laminage de tôles fines de Laval-Dieu, propriété de Lorraine-Escaut, qui avait fermé ses portes lors de la fusion de Lorraine-Escaut avec Usinor. La seconde partie sera consacrée à l'installation des deux ateliers actuels de la SEFAC (Bogny et Levrezy) dans l'usine de Laval-Dieu, ainsi que de l'atelier d'estampage des Établissements Broort de Bogny (filiale de la SEFAC). Cette opération permettra la création de 200 emplois environ, réservés en priorité à l'ancien personnel de l'usine de Laval-Dieu.

Notons que les Ardennes emploient encore une main-d'œuvre étrangère importante. Au début de 1967, il y avait dans le département 14 943 travailleurs étrangers, dont 5 719 Italiens, 2 465 Espagnols, 2 426 Belges, 1 566 Polonais et 1 411 Portugais.

Décentralisations

En opposition avec la grisaille ardennaise, Reims, capitale de la région, connaît une croissance très rapide.