Dans la mesure où le complexe industriel prévu sera installé sur la zone industrielle portuaire, les études réalisées estiment entre 135 et 170 millions de tonnes le trafic du port de Marseille et de ses annexes pour 1985. Il se situerait ainsi au niveau des plus grands ports européens.

Il serait souhaitable que l'on soit rapidement fixé sur la construction à Marseille d'une nouvelle unité sidérurgique côtière. Les bureaux d'études avaient conclu dès la fin de 1965 à la possibilité dans des conditions optimales de l'implantation d'une unité qui pourrait produire 6 millions de tonnes en 1985.

La sidérurgie française semble, si l'on en croit les déclarations de Jacques Ferry, président de la Chambre syndicale, favorable à cette implantation pour des raisons tant nationales qu'européennes. Il apparaît, en effet, nécessaire de répartir au mieux les grands centres sidérurgiques entre les six pays du Marché commun.

Vocation pétrochimique

Ce ne sont pas les seules activités prévues dans la zone de Fos. Les bureaux d'études (SEMA et SEDES) ont estimé que les branches les plus importantes à retenir, outre la sidérurgie, étaient la chimie, la pétrochimie et les plastiques (2 500 emplois), l'aluminium et autres métaux non ferreux (1 600 emplois), l'industrie du verre (2 600).

Au total, les études concluent à la possibilité de créer progressivement à Fos une vaste zone industrielle, occupant environ 2 500 ha et créant 35 000 emplois directs, auxquels s'ajouteraient 27 000 emplois induits industriels et 55 000 tertiaires.

La vocation pétrochimique s'est d'ailleurs déjà affirmée et cette industrie ne cesse de se développer autour de l'étang de Berre. En 1968, BP a entrepris la construction, à sa raffinerie de Lavera, d'une usine de production de concentré protéique à partir du gasoil. L'usine devrait commencer à produire en 1970, avec une capacité annuelle dépassant 16 000 t.

La population de l'agglomération toulonnaise connaît un très fort taux d'expansion démographique. Depuis 1962, elle s'est accrue de 15 % ; d'ici à cinq ans elle s'accroîtra encore de 16 %, et de 55 % entre 1965 et 1985.

Il va donc se poser un problème d'emplois. Or, les jeunes de moins de vingt-cinq ans représentent 37 % de la population totale, avec une tendance à l'augmentation dans les années à venir.

Le Var, département agricole, voit diminuer ses effectifs ruraux par suite de la mécanisation des campagnes et de l'accroissement de la productivité, ce qui ne pourra qu'augmenter le volume de main-d'œuvre disponible.

La structure de l'emploi est déséquilibrée : disparité entre secteur tertiaire, très développé (54 %), et secondaire (31 %) ; sous-emploi féminin : le taux d'activité (23 %) est très inférieur à la moyenne nationale. Si l'on veut redresser et stabiliser la situation pour qu'elle ne se dégrade pas de façon irréversible, il convient donc que l'activité économique suive la même courbe d'accroissement que la démographie.

Dernier élément défavorable, le manque d'eau, qui s'est manifesté spectaculairement à la fin de 1967. Les travaux d'aménagement de la Durance permettront dans sept ans de résoudre la difficulté. Mais en attendant ?

Aménagement de la Corse

Une mission interministérielle pour l'aménagement de la Corse était créée fin 1966 au sein de la Délégation à l'aménagement du territoire. Cette mission était d'autant plus nécessaire que l'isolement de la Corse pose des problèmes économiques difficiles, sans que ses possibilités touristiques immenses aient été exploitées comme il convenait.

Des objectifs généraux ont été définis, dont le principal est de faire passer dans les quinze ans qui viennent le revenu touristique de l'île de 100 à 700 millions de francs, et le revenu agricole de 50 à environ 200 millions. Dans le même temps, la population passerait de 175 000 à 240 000 habitants.

Pour le programme agricole, 25 millions de francs de crédit par an ont été affectés par le ministère de l'Agriculture aux travaux d'irrigation de la plaine orientale, à raison de 1 400 ha environ par an. La conserverie de Casamozza, réalisée grâce au FIAT et à une subvention exceptionnelle du ministère de l'Agriculture, a commencé sa production en 1968.