Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Culture (économie de la) (suite)

Le rôle politique de la culture dans le rayonnement d'un pays a été compris en France dès Louis XIV (et réaffirmé en 1999 à la conférence de l'OMC à Seattle) ; la Grande-Bretagne au xixe siècle et les États-Unis d'Amérique au xxe en ont aussi fait un instrument privilégié de leur puissance. Mais c'est surtout après la Seconde Guerre mondiale que la dimension proprement économique de la culture s'est affirmée.

Un secteur où prédominent les États-Unis

Les États-Unis, en exigeant que la France ouvre son marché cinématographique aux productions d'Hollywood (accords Blum-Byrnes de 1946) en échange d'aides à la reconstruction, ont montré qu'ils avaient compris l'enjeu. Cinquante ans plus tard, le marché des images représente 45 milliards de dollars (292,5 milliards de francs) pour le cinéma et 170 milliards de dollars (1 105 milliards de francs) pour l'audiovisuel, dont les États-Unis maîtrisent 60 % des échanges. Selon le Rapport mondial sur la culture de l'Unesco (1998), l'Europe consommait 650 000 heures de programmes télévisés en 1993, chiffre qui est passé à 3 250 000 heures en 2000 : l'augmentation a largement bénéficié aux exportations américaines. Résultat, la culture au sens large représente 6 % du PIB aux États-Unis et seulement 3,1 % en France.

L'Europe bénéficie d'un patrimoine culturel ancien qui lui permet de tenir son rang dans la plupart des activités traditionnelles (musique classique et opéra, arts plastiques, architecture), mais elle est devancée quand il s'agit de productions standardisées diffusées mondialement par de très grosses sociétés telles que Disney pour le divertissement ou Sony Music pour le disque. Avec 7 % de la population mondiale, l'UE exporte 37,5 % des produits culturels mon diaux et en importe 43,6 %. L'Amérique latine, avec 9 % de la population mondiale, n'assure quant à elle que 0,8 % des exportations mondiales

S. G.

➙ AMI, commerce international, information/médias, secteur tertiaire

Cycle économique

Alternance d'une phase d'expansionet d'une phase de dépression de l'activité économique.

Le xixe siècle et la première moitié du xxe furent marqués par une succession de périodes d'essor économique, suivies de phases de recul de l'activité et de baisse des prix, d'ampleur et de durée inégales. Différents théoriciens en déduisirent une périodicité nécessaire des cycles, liée aux mouvements mêmes de la vie économique : Joseph Kitchin étudia des cycles ultracourts (périodicité moyenne de trois ans et demi), Clément Juglar, les cycles courts ou majeurs (environ huit ans), et Nikolaï Kondratiev, les cycles les plus longs.

La croissance longue et régulière des années 1945-1974       sembla       infirmer        ces        observations,        mais      les à-coups de la croissance depuis 1975 réhabilitent la vision cyclique de l'histoire économique : les Trente Glorieuses correspondaient à une phase A d'un cycle de Kondratiev, et les difficultés du dernier quart du siècle, à une phase B.

Deux explications du cycle s'opposent.

• Selon la première, quand se produit un accroissement de la production, de l'emploi et des investissements (phase A du cycle), les coûts de production augmentent (car la compétition pour obtenir le travail, les matières premières ou les moyens de financement se fait plus vive). Or, parallèlement, l'accroissement de la production conduit à une baisse des prix des produits en raison de la concurrence accrue entre les producteurs. Il s'ensuit une baisse des profits, conduisant les chefs d'entreprise à réduire la production, et donc l'emploi et les investissements : on entre dans la phase B du cycle. Mais, une fois la baisse des coûts suffisamment forte, les entreprises sont incitées à relancer la production (retour de la phase A).

• Selon la seconde explication, la fin de la phase A provient du fait que les salaires, et donc la demande des biens de consommation, augmentent moins vite que la production. C'est cette surproduction qui engendre une baisse des prix, des profits et de l'activité (phase B). La reprise n'intervient que si l'État relance l'économie par ses dépenses, si les exportations prennent le relais de la demande intérieure ou encore si la baisse des prix, plus forte que celle des salaires, provoque une augmentation du pouvoir d'achat et de la demande

P. B.

➙ (C.) Juglar, (N.) Kondratiev