Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
M

Monopsone

Marché où un agent est seul à acheter un produit particulier.

La SEITA est ainsi la seule cliente en France des fabricants de tabac ; Airbus est le seul client de ses fournisseurs de trains d'atterrissage. Les producteurs de fruits se plaignent régulièrement d'être à la merci d'un supermarché régional qui leur achète l'essentiel de leurs produits.

Il est tentant pour un monopsone d'imposer un prix d'achat aussi bas que possible, mais ses fournisseurs, d'une part, doivent pouvoir survivre et, d'autre part, peuvent changer leurs produits pour satisfaire d'autres clients.

F. E.

➙ Concurrence, marché, prix, substituables

Montchrestien (Antoine de)

Économiste français (1575-1621) qui fut le premier auteur moderne à utiliser le terme d'« économie politique ».

Fils d'apothicaire, il connut un destin aventureux : exilé en Angleterre en 1605 à la suite d'un duel au cours duquel il tua son adversaire, il revint en France en 1611 pour fonder une aciérie à Châtillon-sur-Loire. En 1621, il participa à une insurrection protestante en Normandie, et fut assassiné dans une hôtellerie.

Il écrivit un Traité de l'économie politique, publié en 1615, dans lequel il dressa un tableau de la situation économique de la France au début du xviie siècle et développa des idées mercantilistes. On considère qu'il fut l'initiateur du terme d'« économie poli-tique » – comme discipline étudiant les mécanismes de production de la richesse d'une nation –, qui sera largement repris par les économistes classiques (tels Say, Ricardo et Malthus)

P. B.

➙ Économie

Moratoire

Décision de suspendre pour un temps l'exécution d'une obligation ou d'une partie de cette obligation.

L'exemple classique de moratoire est celui qui consiste pour un prêteur à permettre à son débiteur de suspendre provisoirement les remboursements de sa dette (tout en conservant celui des intérêts).

J. R.

Morgenstern (Oskar)

Économiste américain d'origine allemande (1902-1977), cofondateur de la théorie des jeux.

Avec le mathématicien J. von Neumann, il a élaboré une théorie de l'interaction stratégique entre individus rationnels, nommée théorie des jeux, qui influence désormais beaucoup l'analyse économique, voire d'autres sciences sociales (Theory of Games and Economic Behavior, avec von Neumann, 1944).

P. U.

Morishima (Michio)

Économiste japonais (né en 1923), spécialiste d'économie mathématique, qu'il appliqua notamment à la pensée de Marx.

Il refusa de considérer les théories de Marx et de Walras comme inconciliables et prit une part active à la controverse relative à la transformation des valeurs en prix dans la théorie marxienne (Valeur, exploitation et croissance : Marx à la lumière de la théorie économique contemporaine, 1978)

P. U.

Mouvements de capitaux

Entrées et sorties de monnaie dans une économie (également appelées « flux de capitaux »).

Au sein de la balance des paiements de la France, la balance des capitaux comprend d'un côté les entrées – les investissements étrangers directs en France (IED, par exemple un achat de parts d'une usine), les investissements de portefeuille (un achat d'actions à Paris), les crédits bancaires consentis par des établissements étrangers – et, de l'autre, les sorties – investissements français à l'étranger, prêts accordés à un gouvernement étranger, investissements de portefeuille à l'étranger, etc. Un déséquilibre durable entre les deux flux met un pays en danger : à court de devises étrangères, il peut se retrouver incapable d'honorer ses obligations financières envers l'étranger.

Il existe une grande inégalité entre pays receveurs des mouvements de capitaux. Les États-Unis reçoivent chaque année près de 200 milliards de dollars d'IED et bien davantage encore d'investissements de portefeuille attirés par les performances de l'économie et de la Bourse américaines. Parmi les « pays émer- gents », seuls quelques-uns, notamment en Asie, reçoivent des sommes considérables, tandis que des régions entières sont presque abandonnées. L'Afrique attire moins de 5 % des investissements directs étrangers dans le tiers-monde.

Le total des mouvements de capitaux privés vers tous les pays en développement est passé de 10 milliards de dollars environ en 1988 à pas moins de 300 milliards en 1996, puis à environ 190 milliards en 2000. Cette instabilité s'explique par la grande mobilité des capitaux à très court terme, qui se retirent en bloc au moindre signe de crise.

F. L.

➙ Balance des paiements, tiers-monde

Moyens de paiement

Ensemble des instruments permettant de transférer des fonds : chèques, virements, mandats postaux, effets de commerce (lettres, de change, relevés), avis de prélèvement, titres interbancaires de paiement (TIP), télépaiement, cartes bancaires. Conformément à la loi bancaire du 24 jan-vier 1984, ils ne peuvent être mis à disposition et gérés que par des institutions bancaires.

Il existe deux types de moyens de paiement : la monnaie fiduciaire (billets et pièces) et la monnaie scripturale, créée à partir des comptes bancaires ou postaux. La France est, après les États-Unis, le pays développé qui présente le plus fort taux d'utilisation des paiements scripturaux. En 1998, le nombre d'opérations de paiement scriptural transitant par le secteur bancaire a atteint 8,7 milliards. Le moyen de paiement le plus utilisé est le chèque bancaire (près de 45 % des paiements scripturaux en 1998). Viennent ensuite les paiements par cartes (un quart des paiements) : 34 millions de cartes sont en circulation en France, ce qui signifie que plus de deux ménages sur trois en sont munis. De nouveaux moyens de paiement électroniques devraient connaître un essor rapide : le porte-monnaie électronique, qui repose sur l'utilisation d'une carte à puce sur laquelle une somme prépayée est enregistrée, ou encore le porte-monnaie virtuel, qui utilise la mémoire de l'ordinateur.

Activité très déficitaire pour les banques, la gestion des moyens de paiement représente un tiers de leurs charges.

S. F.

➙ Chèque

Multiplicateur

Terme désignant une succession d'accroissements de revenu faisant suite à une dépense initiale.

Le mécanisme du multiplicateur a été mis en avant par Keynes pour montrer l'importance de la demande dans la détermination du niveau d'activité et d'emploi. Il est fondé sur une logique simple de circuit macroéconomique selon laquelle la dépense d'une catégorie d'agents engendre un revenu pour une autre catégorie, qui à son tour en dépense une partie. Chez Keynes, toute demande dite autonome (investissement nouveau, solde positif du commerce extérieur, surcroît de dépenses publiques) induit une augmentation de l'activité et des revenus, qui à son tour alimente une hausse de la demande de consommation, donc à nouveau de l'activité et des revenus. Par vagues successives, ce processus dynamique permet de générer une augmentation du revenu global qui est un multiple de la dépense initiale. C'est sur cet effet multiplicateur que Keynes a fondé son plaidoyer en faveur des dépenses publiques pour lutter contre le chômage.

P. L.

➙ Macroéconomie, (J. M.) Keynes, plein-emploi