La chocolaterie voit le groupe britannique Rowntree-Mackintosh consolider sa position en France. Le groupe Perrier lui cède une première fois 50 % de la nouvelle société Chocolat Menier et, dans un second temps, la totalité de ses parts.

L'industrie sucrière, déjà très concentrée, enregistre en janvier 1972 l'alliance Générale sucrière avec Lebaudy-Sommier, qui devient le premier groupe français. La viande entame son processus de restructuration avec la fusion Société centrale des viandes - Maine viande SOCOPA.

Productivité et gestion

Effort de productivité, amélioration du management, assainissement de la gestion et recherche de produits nouveaux, tels sont les faits qui caractérisent l'activité des entreprises des Industries agricoles et alimentaires.

Genvrain, un des exemples les plus marquants, contrôle plusieurs filiales spécialisées dans le lait de consommation ; le groupe Perrier lui cède certains actifs et procède à l'allégement des infrastructures.

Le sévère contrôle des prix et l'interdiction du ministère des Finances de répercuter sur les prix la hausse des coûts freinent les efforts des industriels. Il s'ensuit une diminution du cash-flow des entreprises et un certain retard dans les opérations de prises de participation et les investissements à l'étranger.

Les coûts industriels — salaires, énergie, transports et services notamment — augmentent beaucoup plus que les prix ; cette situation est en outre aggravée par un marché financier très faible. En Bourse, les valeurs de l'alimentation ont perdu près de 19 %.

Cela explique partiellement que les Industries agricoles et alimentaires ne traitent qu'environ 50 % de la production agricole, alors que dans certains pays industrialisés elles en absorbent 70 %.

État d'urgence

En décrétant l'état d'urgence pour les industries agricoles et alimentaires, le gouvernement a inscrit ces dernières au chapitre des priorités du VIe Plan. En 1971, le montant des investissements ayant reçu l'aide de l'État atteint 976 millions de francs.

Pour le gouvernement, ces industries doivent jouer quatre rôles :
– valoriser la production agricole brute ;
– créer des emplois ;
– faciliter l'aménagement du territoire ;
– contribuer à régulariser les marchés en permettant le stockage des denrées périssables.

Pour atteindre ces buts, il faudrait une politique spécifique. Une commission est en train d'en arrêter les grandes lignes.

La direction des Industries agricoles et alimentaires, au ministère de l'Agriculture, s'attache à orienter l'implantation de quelques firmes à capitaux multinationaux. Une politique cohérente s'impose, d'autant que le 1er janvier verra le libre accès des capitaux britanniques dans la Communauté et que la France agricole sera très convoitée. Mais la France est-elle suffisamment armée pour jouer le rôle qui lui revient dans le secteur des industries agricoles et alimentaires ?

En Europe, on a dénombré ces derniers mois 160 groupes d'entreprises qui contrôlent déjà 80 % des marchés des produits alimentaires nouveaux à forte valeur ajoutée et 30 à 50 % des produits classiques. Parmi ces puissances financières où le chiffre d'affaires varie de 200 millions de francs à 2 milliards, la France compte seulement six groupes polyvalents réalisant un chiffre d'affaires de plus d'un milliard de francs. L'objectif souhaité par le Plan est qu'une trentaine de groupes à majorité française réalisent 12 % du chiffre d'affaires des Industries agricoles et alimentaires de l'Europe élargie.

Puissance britannique

Face à cette relative faiblesse, il faut situer la puissance des Industries agricoles et alimentaires britanniques. Les dix premières firmes contrôlent la moitié du chiffre d'affaires — 100 milliards de francs — réalisé par les industries agricoles et alimentaires d'Angleterre. Ces firmes multinationales, abondamment fournies en capitaux américains, se sont souvent assuré la maîtrise de secteurs entiers en Angleterre. Les Industries agricoles et alimentaires britanniques ont déjà renforcé leur implantation en France. Ainsi, Cavenham Foods (6 milliards de chiffre d'affaires), en association avec la Compagnie du Nord, prend le contrôle de la Générale alimentaire, groupe français qui réalise un chiffre d'affaires de 400 millions de francs. Unigate, qui réalise en Grande-Bretagne 4 milliards de chiffre d'affaires dans les produits laitiers, prend des accords de distribution avec l'Union laitière normande.