En revanche, les résultats ont été médiocres dans la production des biens intermédiaires (5,1 milliards de francs de chiffre d'affaires : + 3 % en valeur, + 2 % en volume), en raison de la crise sur le marché des composants.

La progression des exportations est restée très forte (+ 15 %). En 1971, les ventes à l'étranger se sont élevées à 8,20 milliards de francs (ce qui correspond au chiffre d'affaires total de la profession en 1959). Ce résultat est d'autant plus remarquable que les ventes hors des frontières avaient progressé de 30 % en 1969 et de 42 % en 1970.

En regard, les importations (6,3 millions de francs) n'ont augmenté que de 12,7 %. La balance commerciale s'est donc encore améliorée.

Les pays du Marché commun absorbent près de 43 % des ventes de la profession. L'Allemagne reste, de loin, le premier client, avec près du cinquième des exportations totales. (Les ventes vers ce pays ont augmenté de 27 % et les importations de 30 %.) Les échanges avec la Grande-Bretagne méritent également une mention particulière : exportations + 30 % et importations + 22 %.

Bâtiment

La France n'est plus « lanterne rouge » en Europe

Pour la première fois, en 1971, le cap tant attendu des 500 000 logements mis en chantier en un an a été atteint et même dépassé : 519 000 logements ont été lancés en 1971 et le ministre prévoit que 535 000 premières pierres seront inaugurées en 1972.

Un effort financier soutenu (2,9 milliards de francs de fonds publics consacrés au logement en 1961, 15,5 en 1971) a permis à la France de rattraper en partie son retard par rapport aux principaux pays industrialisés. Le président Pompidou pouvait ainsi proclamer au cours de sa conférence de presse du 16 mars 1972 : « Nous sommes aujourd'hui au premier rang, ex-aequo il est vrai avec l'Union soviétique, pour la construction de logements proportionnellement à la population. »

La France, effectivement, n'est plus la lanterne rouge de l'Europe. La comparaison des résultats obtenus de 1961 à 1971 montre bien qu'une nouvelle vitesse a été passée dans un secteur où la demande insatisfaite était considérable depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

En 1971 comme au début de 1972, cette évolution favorable a été précipitée par un certain nombre de facteurs : détente des conditions financières, accentuée par la réforme des prêts au logement et la baisse des taux d'intérêt, conjoncture monétaire favorisant l'investissement dans la pierre et, particulièrement pendant les premiers mois de 1972, très bonnes conditions climatiques.

À ce tableau favorable, il faut pourtant relever quelques ombres. La crise du logement subsiste encore, qui frappe particulièrement les jeunes ménages, les personnes âgées et les travailleurs étrangers, souvent obligés de trouver refuge dans de lointaines banlieues, aux conditions de transport difficiles et aux équipements insuffisants ; l'effort financier consenti par l'État se trouve en partie compensé par l'augmentation du coût des logements, résultant à la fois de la hausse du prix des matériaux et, surtout, de celle des terrains. Or, dans ce dernier domaine, les mesures énergiques proposées par Albin Chalandon (après bien d'autres) ont été écartées par la majorité, peu soucieuse, à l'approche des élections législatives, d'inquiéter les Français avec l'annonce d'un impôt foncier.

Enfin, la préoccupation de la qualité de la vie reste très souvent un vœu pieux dans le domaine du logement. Chargé du plan Construction, Paul Delouvrier pouvait ainsi constater que la surface dont dispose en moyenne un ménage vivant à Paris était presque inférieure de moitié à celle dont jouit son homologue de Londres.

Première tentative pour améliorer les choses sur ce plan, A. Chalandon décide, au printemps 1972, de réserver l'aide financière de l'État aux logements « qui offrent à prix égal une bonne qualité et qui sont soignés dans leur architecture ». À titre d'exemple, dans le secteur de rénovation du quartier Italie, à Paris, le ministre bloque les aides financières demandées par les promoteurs d'un programme de 4 500 logements, comprenant 14 immeubles-tours. Elles ne sont rétablies qu'après correction du plan d'urbanisme, jugé « d'une particulière indigence », et révision de l'architecture des tours, à l'esthétique manifestement discutable.