L'effort de la sidérurgie européenne, et en particulier de la sidérurgie française, est donc de rechercher, avec les USA et le Japon, des accords qui adaptent l'accroissement de leurs échanges réciproques à l'accroissement prévisible des besoins. Les accords permettraient de ne pas faire du commerce extérieur le champ clos de ruineuses compétitions, ce qui ramènerait fatalement à un aveugle protectionnisme et casserait l'expansion.

Extension et financement

La sidérurgie française a une autre préoccupation depuis le milieu de l'année 1971 : financer son développement dans le cadre du VIe Plan.

Le problème existe sans doute pour toutes les entreprises, même pour les mieux placées : Usinor et Ugine, qui ont un fort programme d'équipement, l'une à Dunkerque, l'autre à Fos-sur-Mer.

Il est surtout préoccupant pour Wendel-Sidelor : à son extension majeure — Solmer en construction à Fos-sur-Mer — s'ajoute la reconversion de ses implantations lorraines.

Les investissements exigés pour moderniser et étendre les usines les plus modernes et fermer les plus vétustes pèsent moins lourd sur les possibilités de l'entreprise que l'insuffisance de profit (retard dû à l'opération et considérations sociales).

Où trouver l'argent pour financer Fos, dont le devis est passé en deux ans de 7 à 9 milliards de francs, à investir en huit ans ?

Faute de ressources propres, Wendel-Sidelor doit trouver pour Fos des partenaires français ou étrangers, voire les deux. On avance les noms d'Usinor et de Thyssen. Mais il faudra aussi puiser dans les crédits de l'État, qui ne sont ni inépuisables ni sans contrepartie.

Ce problème illustre une autre caractéristique de l'industrie lourde moderne : la masse des investissements qu'elle exige n'est ni à la mesure des moyens des entreprises françaises ni du pays.

Mécanique

Les objectifs du plan sont respectés

Après trois années particulièrement favorables, les entreprises des industries mécaniques et transformatrices des métaux (près de 7 000 firmes qui emploient 665 000 salariés) ont connu au cours du premier semestre de 1972 des résultats moins brillants ; pour l'ensemble de l'année, leur production en volume ne devrait s'accroître que de 3 à 4 %.

Grâce aux commandes anciennes restant à exécuter, leur activité est demeurée satisfaisante jusqu'au printemps 1972, mais un certain ralentissement est apparu ensuite, en raison de la diminution des investissements décidée par nombre d'entreprises clientes de la mécanique et, plus généralement, de la médiocre conjoncture dans des pays où la mécanique française exporte.

Le grand dessein

Cependant cet accident de parcours ne devrait pas compromettre le grand dessein — un plan de développement à long terme — que s'est forgé la profession : celui de doubler sa production entre 1969 et 1977-78 (Journal de l'année 1970-71), ce qui correspond à un taux annuel moyen de croissance de l'ordre de 9 %. Au cours des trois premières années du plan à long terme, ses principaux objectifs ont été dépassés, comme le montrent les chiffres suivants : ils donnent la moyenne des principaux résultats pour 1969, 1970 et 1971 (entre parenthèses, les objectifs à long terme). Production + 10,50 % (9 %) ; exportations + 7 % (11,50 %) ; importations + 13,50 % (8,50 %). Effectifs + 3 % (près de soixante mille emplois ont été créés).

En 1971, la production de la mécanique s'est accrue d'environ 7 % en volume ; les exportations et les importations ont progressé respectivement de 20 et 15 %, et la balance commerciale de la branche a été en excédent de 500 millions de francs environ. L'effectif des salariés a augmenté de 2 % (quinze mille personnes au lieu de vingt mille en 1970, et de vingt-trois mille en 1969). Enfin, les appointements et les salaires ont progressé de 12,50 % et les prix de 5 %. Le chiffre d'affaires (hors taxes) de la profession s'est élevé à 56 milliards de francs.

La progression enregistrée (par rapport à 1970) est due essentiellement aux entreprises d'équipement et industries connexes (respectivement + 16,7 % et + 23 %), alors que la transformation des métaux n'a connu qu'une croissance de 7,3 % et le machinisme agricole de 2,5 % malgré, pour celui-ci, une amélioration sensible depuis l'automne 1971.

Machine-outil

Une place particulière doit être faite au secteur de la machine-outil, cette industrie mère de la mécanique. En 1971, sa production s'est accrue de 9 % environ, mais un net ralentissement est noté depuis le début de 1972. De surcroît, ses capacités de production ne sont pas suffisantes pour répondre à la demande en période de haute conjoncture. Ainsi la moitié des machines-outils achetées par les sociétés françaises proviennent de l'étranger, dont 50 % d'Allemagne fédérale.