Un grand nombre d'accords de caractère commercial sont intervenus d'autre part : sur l'Atlantique Nord, les sept lignes maritimes exploitant des services conteneurs ont créé un pool, dont fait partie la Compagnie générale transatlantique.

Plan de relance

Ces ententes n'ont pourtant pas réussi à dissiper la morosité de la profession, pas plus que le plan de relance élaboré avec le gouvernement en 1968 et enfin mis en place en 1971. « Pour une fois, ce plan prend en considération l'importance du transport maritime, mais de façon ambiguë, comme seul véhicule du commerce extérieur et non pas comme un élément en soi de ce commerce extérieur », se plaignent les armateurs. Mais ils comptent sur l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun pour donner à la France et à la Communauté ce réflexe maritime qu'elles n'ont, disent-ils, jamais eu.

Agriculture

Une année difficile et des perspectives incertaines

C'est devenu une liturgie. Alors que les blés commencent à blondir, dirigeants paysans et ministre de l'Agriculture, flanqués de leurs experts, confrontent à la fin de juin 1972 les résultats de la politique agricole de l'année écoulée. Mis au point pour la première fois au début de l'été 1971, le scénario de cette conférence annuelle est déjà bien rodé pour son deuxième déroulement.

C'est la version agricole de la politique de concertation de Jacques Chaban-Delmas avec les syndicats ; c'est aussi l'occasion pour Michel Cointat de mesurer l'impact politique et économique de ses décisions et les insatisfactions annonciatrices des orages à venir ; c'est enfin un test de la combativité paysanne et de l'unité d'action des organisations professionnelles.

Les jeunes agriculteurs ne croient pas, au départ, à cette parodie des concertations. Ils boudent la conférence 71. Pourtant, le 22 juillet 1971, le Premier ministre prend toute une série d'engagements sur des points essentiels tels que le maintien d'une hiérarchisation (en faveur des productions animales) dans la grille des prix agricoles à débattre à Bruxelles — la bataille sera rude — ; la mise à l'étude de certaines dispositions importantes telle la sélectivité dans l'octroi des aides de l'État — les études ne déboucheront pas sur des conclusions pratiques — ; ou encore sur la fiscalité agricole.

Mais cette revue annuelle de détail de l'agriculture ne peut prévoir, entre autres, ni l'éclatement de la crise monétaire du 15 août 1971, qui met à mal un peu plus encore le Marché commun agricole déjà secoué par le flottement du mark allemand, ni l'éclatement, quelques mois plus tard, en Bretagne, du conflit du lait. Cela n'empêche pas, entre-temps, le Parlement de se saisir de deux dossiers importants, celui des coopératives et celui de l'assurance des salariés agricoles contre les accidents.

Le prix des terres se stabilisé

En moyenne nationale, le prix des terres labourables atteint en 1970 : 8 050 F à l'hectare (+ 6 % par rapport à 1969) et celui des prairies naturelles : 7 600 F/ha (+ 2 % seulement), soit un prix moyen de 7 900 F à l'hectare (+ 4,5 % par rapport à 1969).

La stabilité du marché foncier s'est affirmée en 1970, puisque les terres agricoles n'ont augmenté que de 4,5 %, soit une hausse nettement plus faible qu'en 1969 (+ 5,8 %). Compte tenu d'une augmentation du niveau général des prix de 5,5 %, le prix des terres en valeur réelle a diminué de 1 %, dégradation qui est moins forte qu'en 1969 (− 2 %).

Cette stabilité s'explique principalement par la limitation du volume des prêts fonciers accordés par le Crédit agricole, qui a stagné en 1970 au niveau de 1969 (1,5 milliard de F), et par les résultats de l'agriculture en 1969 et 1970 (− 0,6 et + 0,4 % de variation du résultat moyen par exploitant en valeur réelle pour ces deux années), qui déterminent une attitude d'expectative chez les acheteurs agricoles.

Coopération agricole

C'est Pierre Lelong, député UDR du Finistère, ancien directeur du Fonds d'orientation et de régularisation des marchés agricoles, qui relance la bataille autour du statut de la coopération agricole en proposant de revenir sur les ordonnances de 1967 signées par Charles de Gaulle. Ces ordonnances imposées au monde agricole n'avaient suscité quant à leurs dispositions essentielles qu'indifférence ou hostilité. Fort de l'appui d'un groupe de députés de la majorité, Pierre Lelong obtient du gouvernement et du Parlement la mise en discussion de sa proposition de loi tendant à revenir sur les dispositions des ordonnances de 1967.