– Zhang Chunqiao (63 ans) : même peine.

– Wang Hongwen (46 ans) : prison à perpétuité et privation à vie de tous ses droits politiques.

– Les 7 autres sont privés de leurs droits politiques pendant cinq ans et condamnés à diverses peines de prison : Yao Wenyuan (49 ans) : 20 ans de prison ; Chen Boda (76 ans), Huang Yongsheng (70 ans), Jiang Tengjiao (61 ans) : 18 ans ; Wu Faxian (65 ans), Li Zuopeng (66 ans) : 17 ans ; Qiu Huizuo (66 ans) : 16 ans.

Erreurs

Il avoue lui-même certaines de ses erreurs graves, cite habilement « le camarade Deng Xiaoping » pour confirmer que « les vétérans doivent eux-mêmes assumer la responsabilité de nombreuses erreurs », reconnaît alors, logiquement, des « erreurs » de Mao (notamment la lutte de classes « absolue »), mais il n'en souligne que mieux ses « exploits incomparables » et affirme que « la pensée-maodzedong servira à jamais de guide à la révolution chinoise dans sa progression ». Ainsi se poursuit une démaoïsation douce, pour ne pas traumatiser un peuple catéchisé pendant une génération et qui attend toujours qu'une véritable alternative se dessine.

Pièges

Malgré tout, l'approche du bonheur-consommateur se précise au moins pour certains citadins. De 1979 à 1980, l'industrie légère progresse de 18,4 % contre 1,4 % seulement à l'industrie lourde, d'après le bilan de 1980 publié en avril par le Bureau d'État des statistiques qui, d'autre part, situe l'ensemble de la production industrielle à 103 % du plan prévu.

En regard des baisses volontaires (– 22 % de tracteurs fabriqués et – 31 % de motoculteurs), certaines hausses de biens d'équipement sont spectaculaires : bicyclettes + 29 %, machines à coudre + 31 %, montres-bracelets + 30 %, appareils photo + 57 %, téléviseurs + 88 % et postes de radio + 118 %. Même deux pièges de la société de consommation sont fièrement cités : bière + 33 % et cigarettes 17 % (malgré des campagnes vigoureuses contre le tabagisme).

Le mal suivant le bien, apparaissent deux plaies très nouvelles en Chine : chômage (frappant sans doute 26 millions de travailleurs contre 20 millions l'année précédente) et inflation, de 5,8 % en 1979, dont la fourchette officieuse s'ouvre de 5 à 20 % en 1980. Alors le gouvernement doit revenir au réajustement économique lancé au printemps de 1979 contre la multiplication des emprunts énormes, des contrats, des investissements tous azimuts.

Au lieu d'un chant de joie, l'éditorial de Nouvel An du Quotidien du peuple est un cri d'alarme entre deux plans d'austérité successifs de plus en plus durs (en septembre 1980 et en mars 1981), qui révèlent, de la part du gouvernement, une mauvaise maîtrise de la situation.

Disette

On en vient au réajustement accru : suppression du déficit budgétaire apparu pour la première fois, réduction des dépenses de l'État (13 %), des investissements de base (45 %), des ambitions du plan (lui-même supprimé) ; annulations de grands projets et de gros contrats avec l'étranger (surtout Japon et Allemagne), recherche d'investissements étrangers, réduction des importations, émissions de bons du Trésor, prélèvements sur les budgets des provinces, de l'armée qui grogne et attend toujours sa modernisation, prélèvement du quart seulement du crédit disponible au FMI, etc.

Au total, un traitement de choc pour éviter la catastrophe menaçante. Après le Comptons sur nos propres forces de Mao, voici : Ne vivons pas au-dessus de nos moyens qui rapproche l'après-maoïsme d'un passé impossible à effacer si vite.

D'autant que l'agriculture, dont on annonce qu'en 1980 elle a couvert 103 % des prévisions du plan, a vu quand même baisser de 4,2 % la production de céréales pendant cette « année des désastres » qui ont frappé certaines provinces : sécheresse dans le Hebei (province de Pékin) et inondations du Hubei.

L'antique disette réapparaît, justifiant une aide internationale de 700 millions de dollars étalée sur sept mois d'après l'UNDRO (Organisation des Nations unies pour les secours en cas de sinistres), « 40 millions de Chinois subissant pendant plusieurs mois une situation matérielle et alimentaire précaire ». Dans le seul Hubei, l'UNICEF évalue à 14 500 000 le nombre d'enfants plus ou moins victimes de la sécheresse. Malgré les collectes et les contributions conjuguées (UNDRO, UNICEF, Croix-Rouge, etc.), les sommes versées n'approcheront que de très loin l'estimation des besoins.