Avec le puissant partenaire américain, c'est un autre son de cloche. Tokyo, qui redoute que l'administration Reagan, beaucoup plus ferme que celle de Jimmy Carter, n'adopte des mesures de rétorsion, se résout le 1er mai 1981 à réduire volontairement de 7,7 % ses exportations de voitures vers les États-Unis.

Washington, qui souhaite d'autre part un effort militaire accru de ses alliés, dans un contexte international tendu (Afghanistan, Pologne, etc.), obtient là aussi gain de cause auprès de Tokyo. Les dépenses militaires nippones augmenteront de 12 % en 1981, malgré un budget placé sous le signe de l'austérité.

Dans un communiqué commun publié le 9 mai 1981 à Washington à l'issue d'une rencontre avec le président Reagan, Z. Suzuki fait état d'une alliance nippo-américaine et s'engage à étendre les responsabilités militaires du Japon au-delà de son espace aérien et maritime. Ces termes eu communiqué provoquent immédiatement une grave crise politique à Tokyo.

Tollé

L'opposition accuse le Premier ministre de violer la Constitution (dont l'article 9 stipule que « le Japon renonce pour toujours à la guerre ») et d'alourdir le déficit budgétaire par un accroissement inconsidéré des dépenses militaires.

Devant le tollé de la presse et d'une partie de l'opinion publique, Z. Suzuki se rétracte partiellement et sacrifie son ministre des Affaires étrangères M. Ito, qui est remplacé par S. Sonoda. Les manœuvres navales nippo-américaines sont écourtées et la visite à Tokyo du secrétaire d'État, A. Haig, prévue pour juin, est reportée.

En avril 1981 déjà, le naufrage d'un chalutier japonais, accidentellement coulé par un sous-marin nucléaire américain, avait suscité un malaise entre Washington et Tokyo. Le président Reagan avait exprimé ses regrets, mais l'ancien ambassadeur des États-Unis au Japon, Reischauer, avait révélé qu'un accord secret, signé en 1960, permet aux unités de la VIIe flotte dotées d'engins nucléaires de faire escale dans les ports japonais.

À Tokyo, l'opposition avait alors protesté avec d'autant plus de vigueur que les Japonais, très sensibilisés aux méfaits de l'arme atomique, venaient d'apprendre avec émotion que des fuites radioactives avaient été détectées dans la centrale nucléaire de Tsuruga (côte ouest de l'archipel). La démission de deux responsables et la fermeture de la centrale pour six mois n'avaient pas désarmé les critiques.

Déception

Avec l'URSS, les relations se détériorent rapidement, depuis l'invasion de l'Afghanistan. Le Japon célèbre solennellement, le 7 février 1981, pour la première fois, la Journée des territoires du Nord, qui rappelle l'occupation des îles septentrionales par l'URSS. Moscou accuse Tokyo de chercher à « remilitariser l'archipel ».

Avec la Chine, la déception est à la mesure des immenses espoirs qu'avait suscités la signature en 1978 d'un fabuleux contrat prévoyant des échanges commerciaux de l'ordre de 20 à 30 milliards de dollars par an (Journal de l'année 1978-79). La première conférence ministérielle sino-japonaise, en décembre 1980, ne débouche sur aucun résultat concret. L'annulation, début février 1981, par Pékin, de plusieurs projets industriels (notamment la construction d'aciéries géantes) coûte aux firmes nippones l'équivalent de 7 milliards 500 millions de F.

Climat de méfiance avec l'Europe, malaise avec les États-Unis, hostilité de l'URSS, déception avec la Chine, Tokyo se voit dans l'obligation de se tourner de plus en plus vers les petites nations du tiers monde, notamment pour y écouler sa production. Z. Suzuki effectue, début janvier 1981, une tournée de 13 jours en Asie du Sud-Est, et une délégation japonaise se rend le 13 avril en Algérie. Depuis 1979, les constructeurs de voitures japonais sont d'ailleurs devenus les premiers fournisseurs de l'Afrique noire francophone, devançant la France.

Jordanie

Amman. 3 090 000. 31. *3,3 %.
Économie. PIB (77) : 637. Productions (77) : A 9 + I 22 + S 69. Énerg. (76) : 527. CE (77) : 20 %.
Transports. (*77) : 57 000 + 21 000. (77) : 1 126 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens ; tirage global : 49 000. (76) : 531 000. (76) : *125 000. (76) : 24 200 fauteuils. (76) : 44 000.
Santé. (76) : 890.
Éducation. (76). Prim. : 402 401. Sec. et techn. : 185 700. Sup. (74) : 9 302.
Armée.  : 67 200.
Institutions. État indépendant le 22 mars 1946. Prend le nom en 1949 de royaume hachémite de Jordanie. Constitution de 1951, amendée en 1976. Souverain : Hussein ibn Talal ; succède à son père en 1952. Premier ministre : Moudar Badrane (28 août 1980).

Le roi Hussein est entraîné dans les conflits interarabes

Considérée encore, début 1980, comme un havre de paix et de prospérité dans un Moyen-Orient tourmenté, la Jordanie ne tarde pas à être impliquée à son tour dans les querelles interarabes.