Mais cette dépendance économique — l'URSS qui a livré 400 000 t de pétrole au cours du second semestre 1979 a porté ce volume à 1 million de t pour l'année 1980 — n'empêche pourtant pas Nicolae Ceaucescu de continuer à manifester à chaque occasion la volonté de son pays — c'est-à-dire la sienne propre — de « donner des réponses roumaines, et essentiellement roumaines, à tous les problèmes qui se posent à lui ».

Témoin la réaction à l'offensive soviétique en Afghanistan. Même si elle se traduit en termes plus voilés que lors de l'intervention du Viêt-nam au Cambodge en 1979 ou de l'entrée des chars russes à Prague en 1968, la condamnation est là. À plusieurs reprises, et dès le 29 décembre, N. Ceaucescu stigmatise — mais toujours en termes allusifs — « la politique de force, de domination et de diktat qui met en danger la détente ». En février, lors d'une réunion à Sofia des groupes parlementaires des pays socialistes, la Roumanie, suivie en cela par la Corée du Nord, refuse de voter une motion de soutien au nouveau régime de Kaboul.

Parallèlement, et alors que les États-Unis — et pour une moindre part l'Europe — prennent des mesures de rétorsion contre l'URSS, que Pékin jette l'anathème sur Moscou, Nicolae Ceaucescu reçoit à Bucarest, en janvier, le sous-secrétaire d'État américain aux Affaires politiques David Newson, en mars le ministre britannique des Affaires étrangères, lord Carrington, et en mai, après les obsèques du maréchal Tito, le Chinois Hua Guofeng et le Nord-Coréen Kim II Sung. De plus — et suivant en cela notamment l'exemple de la Yougoslavie et des PC italien et espagnol — la Roumanie se refuse à assister à Paris, les 28 et 29 avril 1980, à la Conférence des PC européens.

Autant de moyens de montrer sa désapprobation du cours actuel de la politique étrangère soviétique et sa volonté de libre arbitre tous azimuts. La signature, le 25 avril, d'un accord sur le commerce des produits industriels avec la Communauté européenne en est encore une autre preuve, la thèse du camp socialiste étant de n'accepter de traité avec la CEE qu'à l'échelon du COMECON et non pays par pays. Mais Bucarest n'en a cure, d'autant que le mauvais état de son économie l'oblige à s'ouvrir au maximum de marchés. C'est ainsi qu'outre cette convention elle signe en septembre 1979 un accord de coopération économique avec l'État des émirats arabes unis, un autre avec la Chine le même mois, et, en avril, un traité avec l'Iran, qui doit lui assurer la livraison annuelle de 5 millions de tonnes de pétrole.

Austérité

En juillet, de sévères mesures d'austérité sont prises : augmentation de l'essence de 21 %, suppression de la moitié des voitures officielles et des taxis, obligation pour les particuliers de ne circuler qu'un dimanche sur deux. En novembre, lors du XIIe Congrès, Nicolae Ceaucescu ne cache pas les incidences négatives de la crise mondiale sur le pays, ni les retards pris « dans l'industrie extractive, la métallurgie et la chimie, les constructions mécaniques et d'autres branches industrielles », ni enfin l'importance de l'effort à accomplir pour faire de la Roumanie, d'ici à 1985, un pays à développement économique moyen.

Pour y parvenir — et suivant en cela l'exemple hongrois —, il n'hésite pas à annoncer, le 13 juin, devant le Conseil national des travailleurs, deux mesures pour le moins révolutionnaires : d'une part, les salaires fixes doivent être supprimés et désormais calculés sur la productivité ; d'autre part, les entreprises qui ne font pas de bénéfices ne recevront plus de subventions à partir de 1981.

En dépit de ce pragmatisme économique tout nouveau, les exigences de la formation idéologique restent immuables. Écrivains, artistes, musiciens, metteurs en scène, journalistes se voient rappeler à l'ordre.

Saint-Marin

Saint-Mann. 20 000. 330. *0,8 %.
Information. (76) : 6 000. (76) : 4 000. (74) : 2 300 fauteuils ; fréquentation : 0,2 M. (76) : 6 000.
Santé. Mté inf. (77) : 24,1.
Éducation. (76). Prim. : 731. Sec. et techn. : 1 663.
Institutions. République. Le pouvoir exécutif est exercé par deux capitaines régents élus, pour six mois, par le Grand Conseil général.

Saint-Siège

700. *1 600.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 30 000.
Institutions. Le traité de 1929 avec l'Italie garantit l'indépendance des États du Saint-Siège (palais du Vatican et du Latran et villa de Castel Gandolfo). Souverain pontife : Jean-Paul II (Karol Wojtyla), élu le 16 octobre 1978, successeur de Jean-Paul Ier (Albino Luciani) décédé le 29 septembre 1978 et qui lui-même a succédé, le 26 août 1978, à Paul VI (Giovanni Battista Montiri), décédé le 6 août 1978. Secrétaire d'État : cardinal Agostino Casaroli.

Suède

Stockholm. 8 280 000. 19. nul.
Économie. PIB (77) : 9 474. Productions (77) : A 4 + I 34 + S 62. Énerg. (76) : 6 046. CE (77) : 23 %.
Transports. (*77) : 5 563 M pass./km, 14 782 Mt/km. (76) : 2 881 000 + 162 400.  : 6 508 000 tjb. (77) : 3 334 M pass./km.
Information. (75) : 135 quotidiens ; tirage global : 4 678 000. (76) : 3 203 000. (76) : 2 988 000. (75) : fréquentation : 25,4 M. (76) : 5 930 000.
Santé. (75) : 14 050. Mté inf. (77) : 8.
Éducation. Prim. (76) : 698 017. Sec. et techn. (74) : 531 594. Sup. (75) : 162 640.
Armée.  : 65 900.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1975. Souverain : Carl XVI Gustaf ; succède à son grand-père Gustaf VI Adolf, décédé le 15 septembre 1973. Premier ministre : Thorbjörn Fälldin.

Derrière la grande grève du printemps, l'austérité se profile

Trois événements ont marqué l'année en Suède :
– les grèves et lock-out du printemps ;
– les élections législatives, qui voient les partis bourgeois l'emporter de justesse ;
– le référendum sur l'énergie nucléaire, dont le résultat entraîne la poursuite du programme remis en cause après l'accident de la centrale américaine de Three Mile Island (Journal de l'année 1978-79).

Paralysie

Pays de la paix sociale, pays modèle pendant de nombreuses années, la Suède a connu en avril et mai 1980 le plus grave conflit social de son histoire, qui a affecté aussi bien le secteur public que le secteur privé. Le monde s'étonne et les Suédois n'en reviennent pas : ils n'imaginaient pas que 90 % de l'industrie pourrait être paralysée pendant dix jours par un lock-out de plus de 700 000 travailleurs et une série de grèves-bouchons, que la grève de quelque 15 000 employés de l'État et des collectivités locales entraînerait la fermeture de tous les aéroports, l'arrêt du métro à Stockholm et d'une partie des transports maritimes, qu'on ne trouverait plus de pain dans les supermarchés en raison des débrayages des boulangeries industrielles. Ils pensaient sincèrement que les partenaires sociaux finiraient par s'entendre sur un compromis, comme cela est si souvent le cas en Scandinavie.

Thèses en présence

Cette année, cependant, le conflit était presque prévisible. Dès l'ouverture des négociations paritaires sur les salaires pour 1980, le patronat déclare clairement qu'un relèvement des rémunérations entraînerait automatiquement une poussée inflationniste, des difficultés supplémentaires pour l'industrie sur les marchés d'exportation, une aggravation du déficit des comptes extérieurs et une baisse du pouvoir d'achat des ménages.