Le deuxième anniversaire des émeutes de Soweto (Journal de l'année 1975-76), qui a été précédé d'arrestations préventives dans les milieux contestataires, se déroule dans le calme. Le gouvernement de Pretoria tient manifestement la situation bien en main au prix d'une sévère et constante répression policière. Celle-ci frappe durement les milieux universitaires et même lycéens. C'est ainsi que la Commission internationale des juristes affirme que plus du quart des détenus politiques du pays sont d'âge scolaire. En juillet, le leader noir Nelson Mandela entre dans sa seizième année de détention.

Au cours du même mois, le lycéen noir Lungile Tabalaza se suicide dans un commissariat de Port Elizabeth, tandis qu'au Natal le charpentier Paulus Ncané, 22 ans, meurt au cours d'un interrogatoire. Le Conseil sud-africain des Églises (SACC) dénonce l'intolérance gouvernementale à un moment où se multiplient les attentats contre les blancs libéraux hostiles à l'apartheid. En septembre, trois Noirs sont tués au cours d'opérations de contrôle dans un bidonville du Cap.

Depuis la proclamation de l'indépendance des deux anciens Bantoustans du Transkei et du Bophuthatswana par Pretoria, plus de six millions de Noirs ont perdu la nationalité sud-africaine. En regard de cette iniquité apparaissent dérisoires les mesures de déségrégation qui permettent l'ouverture de vingt-six théâtres à un public multiracial, au mois de juin 1979.

Dans le domaine économique, bien que le pays compte 800 000 chômeurs et que les grèves de mineurs blancs en mars aient entraîné de lourdes pertes financières, l'atmosphère est à l'optimisme. En août, de Beers a majoré de 30 % le prix de vente de ses diamants. En mai, l'or a crevé le plafond des 300 dollars l'once et, pour la seule année 1978, les ventes d'or sud-africaines ont rapporté quatre milliards et demi de dollars.

En janvier, le rand a été détaché du dollar et rendu flottant pour stimuler les investissements étrangers. Par ailleurs, après la rupture des relations diplomatiques décidées par Téhéran en mars, les Sud-Africains, qui avaient envisagé dès janvier un prochain rationnement de l'essence, vont développer les possibilités de liquéfaction du charbon pour essayer d'assurer leur autonomie en carburants.

Namibie

L'évolution de la situation en Namibie rappelle étrangement celle de la Rhodésie. Le gouvernement de Pretoria, qui exerce l'ensemble des responsabilités politiques dans cette ancienne colonie allemande depuis le lendemain de la Première Guerre mondiale, refuse tout accord direct avec les nationalistes du parti SWAPO, comme I. Smith avec les maquisards du Front patriotique rhodésien. Comme son homologue de Salisbury, P. Botha veut à tout prix parvenir à un règlement interne.

Le 8 décembre s'achève une consultation à laquelle ont participé les trois quarts des 440 000 électeurs namibiens. Boycotté par la SWAPO, condamné par l'ONU qui en a déclaré les résultats « nuls et non avenus » avant même que ceux-ci soient connus, le scrutin permet l'élection de cinquante parlementaires et la mise en place d'une Assemblée nationale du Sud-Ouest africain-Namibie. Celle-ci, qui est dotée de pouvoirs législatifs, mais ne peut pas modifier le statut du territoire, tient sa première séance le 21 mai à Windhoek. Son entrée en fonctionnement consacre la victoire de l'Alliance démocratique de la Turnhalle (DTA) dont le chef est Dirk Mudge, Blanc, partisan de la poursuite du dialogue avec Pretoria.

En mai, par suite de l'extension de l'activité des maquisards de la SWAPO, les autorités de Windhoek proclament « zone de sécurité » tout le nord et tout le centre du pays, région où est désormais applicable une sorte de loi martiale atténuée. Par ailleurs, le terrorisme urbain a fait son apparition et, le 30 décembre 1978, une bombe explose dans une boulangerie à Swakopmund.

Enfin, de part et d'autre de la frontière angolaise se poursuivent de sévères accrochages. En février, des Namibiens, opérant à partir du sanctuaire angolais, attaquent la base sud-africaine de Nkongo et, le mois suivant, l'aviation sud-africaine lance un raid important contre des camps de réfugiés et de combattants en Angola.