Aucune intention politique toutefois dans cette mesure, essentiellement technique, prise pour deux raisons : la première est la participation de l'Irlande au système monétaire européen (SME) dont la Grande-Bretagne est restée à l'écart. La seconde est l'envolée de la livre sterling au moment de la chute du gouvernement Callaghan qui force la banque centrale d'Irlande à interrompre les transactions monétaires avec Londres, les variations du sterling étant incompatibles avec la stabilité exigée par le SME.

Problèmes énergétiques

Ce trentième anniversaire est également marqué par une grave crise sociale. Manifestations et conflits jalonnent l'année. La grève des PTT, déclenchée en février, dure plusieurs mois avec des effets désastreux pour l'économie. Celle des dockers de Dublin en avril aggrave la pénurie de pétrole. L'Irlande, dont la consommation en énergie a augmenté de plus de 10 % depuis son entrée dans la CEE en 1973 en raison de l'expansion économique, a été très touchée par la crise iranienne, qui a provoqué une réduction de 6 % de ses importations. Elle manque de capacités de raffinage, ne possédant qu'une seule raffinerie couvrant seulement 40 % de ses besoins.

L'Irlande vit ainsi un curieux printemps sans essence dans les garages, sans courrier dans les boîtes à lettres, avec d'incessants cortèges de manifestants dans les rues. Pour apaiser le mécontentement social, le gouvernement de Jack Lynch négocie finalement en avril un « accord national » avec le patronat et les syndicats, qui reprend l'essentiel des revendications de ces derniers : augmentation des avantages sociaux dès l'automne, mesures contre le chômage (avec 9 %, un des taux les plus élevés de la CEE, malgré l'effort d'industrialisation).

Pression fiscale

Surtout, il prévoit une réduction des impôts des salariés, raison majeure de la grogne des citadins. La charge fiscale est, en effet, très injustement répartie. Les 180 000 agriculteurs, dont les revenus ont considérablement augmenté depuis l'entrée de l'Irlande dans le Marché commun (140 % selon le ministère des Finances), n'apportent qu'une contribution globale de 10 millions de livres. Le gouvernement s'engage à la porter à 100 millions par imposition directe. Mais cette réforme se heurte évidemment à l'opposition des organisations agricoles, et le Premier ministre doit la remplacer provisoirement par une simple taxe de 2 % sur la vente des produits agricoles.

Au sujet de l'Irlande du Nord, la seule initiative vient de l'opposition. Le chef du parti Fine Gael, le Dr Garrett Fitzgerald, revenant sur la traditionnelle thèse de la « réunification » entre les deux Irlandes, propose de créer une simple confédération dans laquelle l'Ulster serait une région autonome où les catholiques bénéficieraient de sauvegardes particulières. Cette suggestion reçoit un soutien tacite du Premier ministre, qui préfère toutefois garder le silence jusqu'aux élections britanniques et européennes. Dublin et Londres semblent ainsi mettre provisoirement la « question irlandaise » entre parenthèses, comme si le terrorisme, pourtant en pleine recrudescence, n'appelait plus aucune mesure d'urgence.

Avant même de connaître les intentions de Margaret Thatcher, nouveau Premier ministre britannique, Jack Lynch voit son autorité battue en brèche par les électeurs. Le scrutin européen se solde en effet par une nette perte d'influence de Fianna Fail : le parti gouvernemental n'obtient que 5 des 15 sièges alloués à l'Irlande, alors qu'il en espérait au moins 8.

Islande

Reykjavik. 220 000. 2. 1,4 %.
Économie. PIB (76) : 6 612. Énerg. (78) : 4 556. CE (76) : 29 %.
Transports. (*76) : 65 700 + 7 700.  : 167 000 tjb. (76) : 1 866 M pass./km.
Information. (75) : 5 quotidiens ; tirage global : 94 000. (75) : 64 000. (75) : *51 000. (74) : fréquentation : 2,3 M. (76) : 91 000.
Santé. (73) : 343. Mté inf. (76) : 11,7.
Éducation. (74). Prirn. : 26 922. Sec. et techn. : 25 028. Sup. (75) : 2 970.
Institutions. République indépendante le 27 juin 1944. Constitution de 1944. Président de la République : Kristjan Eldjarn, reconduit dans ses fonctions pour un troisième mandat, le 1er août 1976. Premier ministre : Olafur Johannesson.

La gauche au pouvoir

Tour à tour les sociaux-démocrates et les communistes de l'Alliance populaire, principaux bénéficiaires des législatives du 25 juin 1978, échouent dans leurs tentatives de mettre sur pied un nouveau gouvernement. La crise est finalement dénouée au mois de septembre : ces deux partis acceptent de former une coalition majoritaire dirigée par le leader agrarien Olafur Johannesson, dont l'objectif prioritaire est l'assainissement de l'économie. La couronne islandaise est dévaluée de 15 % par rapport au dollar américain pour stimuler les pêcheries et industries dérivées. La TVA sur les produits alimentaires est relevée, les prix des tabacs et alcools sont majorés de 20 %. Cette politique se heurte à l'opposition des syndicats, mais permet six mois plus tard de ramener l'inflation à 35 % contre un rythme de 50 %. En dépit de ces difficultés, l'économie islandaise se porte plutôt bien : la balance des paiements est positive, le produit national brut est en hausse constante et il n'y a pas de chômage.

Italie

Rome. 56 450 000. 187. 0,4 %.
Économie. Le déficit commercial a diminué (en partie grâce à une dépréciation de la lire). La croissance économique, surtout, est très lente, ce qui a provoqué une augmentation du chômage, qui atteint plus de 7 % de la population active, et encore ne s'agit-il que de chômeurs déclarés. Le taux d'inflation demeure préoccupant, et les incertitudes de la situation politique ne favorisent pas une relance de l'activité. La production d'énergie stagne (le pays ne couvre que 15 % de ses besoins), stagnation également dans la sidérurgie, la construction automobile, la construction navale, et même le textile et le travail du cuir.
PIB (75) : 3 083. Production (75) : A 9 + I 41 + S 50. Énerg. (76) : 3 284. CE (75) : 20 %. Population active (77) : 19 847 000, dont A : 15,9 % ; I : 38,6 % ; D : 45,5 %. Prix à la consommation (évolution 77) : + 18 %. Balance commerciale (77) exp. : 45 MM$ ; imp. : 47,6 MM$. Productions (77) : blé 6,3 Mt, vin 63,6 Mhl, pétrole brut importé 100,9 Mt, gaz naturel 13,7 Gm3, électricité 159,8 TWh, acier Mt, automobiles 1,6 M d'unités, touristes (76) 13,9 M.
Transports. (*76) : 39 118 M pass./km, 16 376 Mt/km. (*76) : 15 925 300 + 1 682 000.  : 11 111 000 tjb. (76) : 8 706 M pass./km.
Information. (75) : 78 quotidiens ; tirage global : *6 296 000. (74) : 12 641 000. (74) : 11 817 000. (75) : fréquentation : 515,5 M. (76) : 15 246 000.
Santé. (73) : 109 166. Mté inf. (76) : 19,1.
Éducation. (75). Prim. : 4 835 449. Sec. et techn. : 4 839 719. Sup. : 976 712.
Armée.  : 362 000.
Institutions. République proclamée le 10 juin 1946. Constitution de 1947. Président de la République : Alessandro Pertini, élu le 8 juillet 1978 ; succède à Giovanni Leone, démissionnaire. Premier ministre : Giulio Andreotti (démissionnaire le 22-VI-79).

Le compromis historique en question

Une péninsule transformée en urne électorale. Ce dessin paru dans la presse italienne résume bien cette année, tout entière dominée par les difficultés politiques et la quête de solutions. 8 juillet 1978 : un nouveau chef d'État est désigné. Le socialiste Sandro Pertini, 82 ans, l'une des plus prestigieuses figures de la résistance.