Les deux autres porte-parole de la Charte 77, le philosophe Ladislav Hejdanek et l'écrivain Vaclav Havel, sont soumis à de multiples vexations et assignés à résidence. Ce qui amène les signataires de la Charte à désigner trois nouveaux porte-parole : Jiri Dienstbier, Vaclav Benda et Zdena Tominova. Mais, dans la nuit du 29 mai, J. Dienstbier et V. Benda sont à leur tour arrêtés et inculpés de « tentative de subversion ». Ils risquent des peines de un à dix ans de prison. Jiri Hajek et Ladislav Hejdanek les remplacent temporairement dans leurs fonctions.

Divergences

Cet acharnement contre tout mouvement d'opposition (plus de 5 000 personnes ont été condamnées pour délits politiques depuis dix ans) montre qu'en dépit de l'épuration du parti le pouvoir nourrit toujours des craintes. Cela d'autant plus qu'au sein de la direction même du PCT certaines divergences commencent à se manifester. Au clan dur, qui continue de prôner l'« activité idéologique et politique de masse » et la lutte contre la dissidence, s'oppose le groupe minoritaire de ceux qui veulent modérer la répression policière et préféreraient donner la priorité à l'économie.

Les résultats, dans ce domaine, sont loin d'être satisfaisants. Le rapport économique présenté en décembre au plénum du Comité central du PCT le souligne : faible productivité, gaspillage, manque de compétitivité sont les termes qu'on y lit à plusieurs reprises.

URSS

Moscou. 258 930 000. 12. 0,9 %.
Économie. La situation économique est, comme toujours, difficile à apprécier. Cependant, les objectifs du plan n'ont pas été tous atteints, notamment dans le domaine agricole. Les résultats sont plus satisfaisants dans le secteur industriel, du moins dans l'industrie lourde : énergie et sidérurgie. L'équilibre global de la balance commerciale ne doit pas masquer la persistance d'un déficit avec les pays occidentaux (réduit par l'importation croissante par ceux-ci d'hydrocarbures soviétiques) compensé par un excédent avec les partenaires du Comecon et aussi avec le tiers monde. Production (76) : A 17 + I 64 + S 19. Énerg. (76) : 5 259. Balance commerciale (77) : exp. 30,1 MM$ ; imp. 30,3 MM$. Productions (77) : blé 92 Mt, pêche 9,3 Mt, houille 498 Mt, pétrole 546 Mt, gaz naturel 346 Gm3, électricité 1 150 TWh, fer 144 Mt, acier 147 Mt, aluminium 2,2 Mt.
Transports. (*76) : 315 061 M pass./km, 3 295 399 Mt/km.  : 21 438 000 tjb. (76) : 6 828 M pass./km.
Information. (75) : 691 quotidiens ; tirage global : 100 928 000. (75) : *122 500 000. (75) : *55 200 000. (75) : fréquentation : 4 497,3 M. (76) : 18 000 000.
Santé. (75) : 733 700. Mté inf. (74) : 27,7.
Éducation. (75). Prim. : 35 960 941. Sec. et techn. : 10 738 158. Sup. : 4 853 958.
Armée.  : 3 638 000.
Institutions. Fédération de républiques socialistes. Nouvelle Constitution approuvée par le Soviet suprême le 7 octobre 1977. Président du présidium et Premier secrétaire du Parti : Leonid Brejnev, élu chef de l'État le 16 juin 1977 ; succède à Nicolaï Podgorny, limogé du bureau politique le 24 mai 1977. Premier vice-président : Vassili Kouznetsov, élu le 7 octobre 1977. Président du Conseil : Alexeï Kossyguine.

Prudente marche à vue de Moscou à la veille des jeux Olympiques

Pour qualifier ces douze mois, rien de spectaculaire ne s'impose : pas de révolution de palais, une économie médiocre mais point catastrophique, une dissidence qui s'essouffle presque face à une stratégie répressive de plus en plus efficace, une diplomatie oh ! combien prudente ! Dans un monde en perpétuelle agitation et où les risques de conflits locaux ou plus étendus se multiplient, l'URSS paraît se terrer, coincée qu'elle est entre une Chine qui explose, une Europe qui naît, des Balkans qui s'agitent, un Proche-Orient plus déchiré que jamais.

En silence, l'URSS continue d'avancer ses pions en Asie et en Afrique, renforce son armement, mais manœuvre encore à vue avec Deng Xiaoping ou Jimmy Carter. À Vienne, elle signe l'accord des Salt, et, de Moscou, elle appelle Pékin à négocier. L'hégémonisme est sans doute toujours sa vocation. Pour l'instant néanmoins, le pragmatisme semble sa seule ligne de conduite.

État de santé

Sur le plan intérieur, le mauvais état de santé de Leonid Brejnev, 72 ans, et la guerre de succession — feutrée mais certaine — qui en découle dominent tout.