Le fait marquant est le resserrement des liens entre dissidents polonais et tchécoslovaques. Pour la première fois KOR diffuse un document de la Charte 77 impubliable à Prague. Ce qui implique une relative tolérance de la part des dirigeants polonais.

Les problèmes internes occultent un peu la politique étrangère. Au sein du pacte de Varsovie, ni drame ni effusion avec les partis frères. Moscou se défend de vouloir contrôler la politique intérieure polonaise, mais à la condition implicite que les dirigeants de Varsovie maintiennent l'ordre. Ceux-ci défendent sans faille les positions soviétiques sur la détente et le désarmement.

Jean-Paul II

Moscou, néanmoins, scrute avec attention les réactions polonaises à l'élection du nouveau pape Karol Wojtyla. Une immense joie pour le peuple, une non moins grande perplexité pour le gouvernement et le parti. L'ancien archevêque de Cracovie connaît bien les pesanteurs du monde communiste. Rude lutteur et désormais chef de l'Église catholique, va-t-il se servir de la Pologne comme d'un cheval de Troie dans le bloc socialiste ? Quasiment mis dans l'obligation de recevoir officiellement Jean-Paul II alors qu'il l'avait refusé à Paul VI, le gouvernement n'accepte cependant pas que la venue du pape coïncide avec le neuvième centenaire, célébré en mai, de la mort de saint Stanislas, héros mythifié de la liberté populaire face à la tyrannie.

Mais, du 2 au 10 juin, le voyage de Jean-Paul II se passe aussi bien que possible. L'accueil gouvernemental est très courtois. Le chef de l'État, Henrik Jablonski, salue dans le visiteur « le fils élevé à la dignité la plus importante à laquelle un Polonais ait jamais accédé ». La foule est fervente mais disciplinée. Le pape, quoique épousant publiquement la cause des droits de l'homme prônant « l'ouverture des frontières » et affirmant la prédominance de la nation sur l'État, rejette toute tentation d'« impérialisme religieux ». Il annonce même son ralliement à l'ostpolitik de Paul VI sur laquelle, naguère, il se montrait réservé.

Reste que la Pologne a reçu, en quelque sorte, un nouveau baptême historique et que sa tenace Église peut être, plus que jamais, le puissant levier d'une mutation de société avec tous les risques que cela impliquerait du côté de Moscou.

Portugal

Lisbonne. 9 730 000. 107. 0,9 %.
Économie. PIB (75) : 1 560. Production (75) : A 14 + I 39 + S 47. Énerg. (76) : 1 050. CE (75) : 13 %.
Transports. (*76) : 5 235 M pass./km, 854 Mt/km. (*76) : 1 034 000 + 288 000.  : 1 281 000 tjb. (76) : 2 349 M pass./km.
Information. (75) : 30 quotidiens ; tirage global : *612 000. (75) : 1 519 000. (75) : 575 000. (74) : 260 900 fauteuils ; fréquentation : 35,7 M. (76) : 1 119 000.
Santé. (75) : 11 101. Mté inf. (75) : 38,9.
Éducation. (74). Prim. : 933 112. Sec. et techn. : 668 120. Sup. (73) : 59 845.
Armée.  : 63 500.
Institutions. République instaurée après le coup d'État militaire du 25 avril 1974. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, élu le 27 juin 1976 ; succède au général Francisco Da Costa Gomes. Premier ministre : Carlos Alberto Mota Pinto (démissionnaire le 6 juin 1979).

Marasme politique et économique

Trois ans après son accession au pouvoir, le président Eanes est parvenu à réunir contre lui la quasi-unanimité des partis politiques. C'est d'ailleurs la seule majorité qui se soit dégagée au cours de cette année qui a connu quatre crises politiques majeures et trois gouvernements. À tel point que tout le monde réclame un changement de système, mais personne n'est d'accord sur celui à adopter : régime présidentiel ou d'assemblée, ou « autre chose ».

Alors que le troisième gouvernement Soares, péniblement mis sur pied en janvier 1978 avec le concours du parti centriste CDS, s'apprêtait à traverser un été paisible, deux rentrées vont bouleverser cette quiétude : le retour au Portugal de l'amiral Tomas, ex-président de la république salazariste, autorisé, le 23 juillet, à rentrer de son exil brésilien par une décision personnelle du président Eanes, va soulever la colère des démocrates qui reprochent déjà au chef de l'État ses tendances autoritaires.

Crise interne

D'autre part, après huit mois de crise interne, le parti social-démocrate voit revenir à sa tête Sa Carneiro, le turbulent député de Porto, qui tout de suite s'engage à « provoquer par des moyens constitutionnels » la chute du gouvernement et réclame une révision anticipée de la Constitution. Aussitôt, la fragilité de la coalition gouvernementale apparaît. Craignant que son électorat l'abandonne au profit du PSD, le CDS demande à Soares un remaniement du cabinet, « en particulier » du ministère de l'Agriculture, dont le titulaire, Luis Saias, est suspecté d'avoir des complaisances à l'égard des communistes.