L'histoire à rebondissements de la ceinture de sécurité des automobilistes en témoigne comme un symbole très modeste, mais très significatif. Le 3 septembre 1977, le Tribunal fédéral admet le recours d'un conducteur valaisan mis à l'amende pour avoir roulé sans cet accessoire. Les juges ne se sont pas prononcés, du reste, sur son utilité. Simplement, ils ont estimé que le Conseil fédéral, quand il a rendu obligatoire le port de la ceinture, s'est rendu coupable d'une interprétation trop extensive de la loi sur la circulation. Leur arrêt fait sensation. Et puis…, le gouvernement réagit. Qu'à cela ne tienne ! On modifiera la loi. Ce qui, naturellement, amènera le lancement d'un nouveau référendum. Mais la rébellion n'a guère de chances de triompher. Le 31 mars, le Tribunal fédéral des assurances déclare qu'en cas d'accident la victime qui n'avait pas bouclé sa ceinture aura commis une faute grave et pourra voir sensiblement réduites les prestations financières auxquelles elle prétendra. C'est un argument de l'espèce décisive.

Dans un domaine très voisin, un adversaire acharné des technocrates essuie une sévère défaite. Franz Weber, défenseur des sites menacés, représentant du peuple des phoques, est aussi l'auteur d'une initiative « pour la démocratie dans la construction des routes nationales ». Il demande que tout tronçon d'autoroute, au lieu d'être souverainement et définitivement fixé par l'exécutif, puisse faire l'objet d'un référendum populaire. Mobiliser les électeurs chaque fois qu'une commune conteste un bout de ruban de bitume ! C'est impossible. Les citoyens, le 26 février, disent « non ». À de très nettes majorités. Mais sûrement à regret. Comment rester libre dans une société toujours plus rigidement organisée ? C'est le souci permanent, c'est — mal ou bien exprimée — la contradiction dans laquelle vivent les citoyens, anxieux que la démocratie, à cause du poids des choses, ne leur échappe.

Cinq référendums

En huit mois, l'interruption de grossesse a fait l'objet de deux scrutins populaires. Le 25 septembre 1977, le peuple et les cantons refusent une initiative aux termes de laquelle un avortement ne serait pas punissable pendant les 12 premières semaines de grossesse. Les cantons catholiques ont massivement voté contre ce projet. Les cantons libéraux (en l'occurrence : Vaud, Genève, Neuchâtel, Berne, Schaffhouse, les deux Bâle et Zurich) l'ont approuvé, mais restent minoritaires. De leur côté, les Chambres fédérales ont préparé, sur l'avortement toujours, une révision de la loi pénale. Mais leur texte apparaît immédiatement comme un mauvais compromis. Le petit assouplissement consenti par les députés conservateurs — on pourrait interrompre impunément la grossesse d'une femme en détresse — ne peut contenter ni l'un ni l'autre des deux partis affrontés. Sur référendum, le projet est soumis au peuple, le 28 mai 1978, et ne recueille que 31 % de « oui ». On en revient donc au statu quo : les cantons catholiques appliqueront strictement les dispositions du code pénal, et les cantons protestants continueront à pratiquer l'avortement sans trop se soucier de ces dispositions. Le 28 mai, de plus, le souverain approuve une petite augmentation du prix du pain, mais fait un mauvais sort à trois projets très différents. Il refuse de donner au Conseil fédéral des compétences nécessaires pour introduire l'heure d'été : quand l'Allemagne de l'Ouest alignera ses horloges sur celles de la France et de l'Italie notamment, la Suisse restera donc un ilôt décalé de soixante minutes... Le peuple rejette, en outre, une loi sur l'aide aux universités, aide qu'apparemment il estime trop coûteuse. Enfin, il écarte une initiative lancée par un groupe de lycéens — des gymnasiens de Berthoud, dans le canton de Berne — qui préconisaient l'interdiction de rouler en voiture douze dimanches par année. Ce projet, d'inspiration écologiste, recueille tout de même une minorité très honorable : 36 % des votants étaient prêts à payer de ce prix un effort collectif contre l'abus de l'auto, le bruit et la pollution.

Tchécoslovaquie

Prague. 14 920 000. 116. 0,8 %.
Économie. Production (75) : G 131 + I 138. Énerg. (*75) : 7 151.
Transports. (*75) : 18 473 M pass./km, 69 271 Mt/km. (*75) : 1 505 100 + 260 700.  : 149 000 tjb. (75) : 1 003 M pass./km.
Information. (74) : 29 quotidiens ; tirage global : 4 231 000. (74) 3 910 000. (74) 3 602 000. (74) : 978 500 fauteuils ; fréquentation 87,7 M. (75) : 2 616 000.
Santé. (74) : 33 996. Mté inf. (75) : 21.
Éducation. (74). Prim. : 1 884 332. Sec. et techn. : 404 823. Sup. : 144 325.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République et secrétaire général du Parti : Gustav Husak, élu le 29 mai 1975 ; succède au général L. Svoboda. Premier ministre : Lubomir Strougal.

10 ans après le printemps de Prague

La politique de Gustav Husak, au cours de ces douze derniers mois, se définit en quelques mots : rigidité doctrinale et répression, avec, pour toile de fond, une économie qui se détériore et une image de marque de moins en moins flatteuse.

Espoir déçu

Tandis qu'avec la conférence de Belgrade il est partout question de libertés d'expression, de circulation des individus et des idées, à Prague (et dans tout le pays) on continue de poursuivre, d'emprisonner, d'interdire. C'est ce qu'on appelle la normalisation.