La publication, dans le courant du mois de juin, du rapport d'Amnesty International sur les méthodes employées par la police d'Irlande du Nord à l'égard des suspects provoque de profonds remous à Londres comme à Belfast. Si on en croît ce rapport, la suppression de l'internement sans jugement et la nécessité d'obtenir désormais des aveux des suspects pour les garder en prison incitent les policiers nord-irlandais à pratiquer, trop souvent, des méthodes brutales et illégales d'interrogatoires.

Seule initiative politique d'une relative importance : la Chambre des communes décide de faire passer le nombre de sièges de l'Ulster, à Westminster, de douze à dix-sept. Mais cette mesure (qui ne profitera guère qu'à la communauté protestante et qui institutionnalise un peu plus la mainmise de Londres sur la province) ne sera pas appliquée lors des prochaines élections générales dans le royaume.

Le mois de juillet 1978 marquera le dixième anniversaire du début des troubles en Ulster.

Grèce

Athènes. 9 170 000. 70. 0,7 %.
Économie. PIB (74) : 2 140. Production (75) : G 128 + A 155 + I 151. Énerg. (*75) : 2 090. C. E. (74) : 11 %.
Transports. (*75) : 1 533 M pass./km, 931 Mt/km. (*75) : 439 100 + 210 800.  : 25 035 000 tjb. (75) : 2 800 M pass./km
Information. (74) : 105 quotidiens ; tirage global : 960 000. (74) : *2 500 000. (74) : *950 000. (75) : 2 009 000.
Santé. (74) : 17 942. Mté inf. (75) : 24.
Éducation. Prim. (72) : 913 972. Sec. et techn. (72) : 638 718. Sup. (73) : 84 603.
Institutions. République, instaurée après le référendum du 8 décembre 1974, qui confirme la déchéance du roi Constantin XIII. Constitution votée par l'Assemblée nationale le 7 juin 1975, entre en vigueur le 11 juin 1975. Président de la République : Constantin Tsatsos, élu le 19 juin 1975. Premier ministre : Constantin Caramanlis.

Forte opposition à C. Caramanlis qui conserve néanmoins la majorité

La Grèce a-t-elle changé ? ou a-t-elle simplement retrouvé, par le libre jeu démocratique, ses grands courants traditionnels ?

Les élections de 1974, quatre mois après la chute du régime des colonels (Journal de l'année 1974-75), avaient été un triomphe, presque un plébiscite pour Constantin Caramanlis, acclamé comme un libérateur. Trois ans plus tard, sollicités pour un nouveau vote de confiance, les électeurs grecs ne la lui accordent plus que sous condition.

Polarisation

C'est au début de l'été que le Premier ministre songe à provoquer des élections anticipées ; il veut faire confirmer son autorité à la veille d'échéances difficiles — négociation avec la Communauté européenne, règlement du conflit gréco-turc et du contentieux avec les États-Unis. Il veut aussi prendre de vitesse une extrême droite qui se regroupe et une gauche de plus en plus active. Sa décision est annoncée le 20 septembre 1977 : le parlement est dissous un mois plus tard et le scrutin fixé au 20 novembre.

La campagne est passionnée, mais sans violence. C'est une fête pour les Grecs, une fête du verbe. Une dizaine de partis entrent en compétition, mais la bataille, très vite, se polarise autour de deux grandes forces :
– La Nouvelle Démocratie de Constantin Caramanlis : malgré les efforts de son fondateur pour lui donner une orientation centriste, elle s'identifie de plus en plus à la droite modérée mais conservatrice. Ses atouts : la démocratie restaurée, l'armée rentrée dans les casernes, une prospérité relative. Son objectif : l'entrée de la Grèce dans la CEE, cette adhésion étant, à ses yeux, à la fois un ancrage pour la démocratie et un tremplin pour le développement économique.
– Le Pasok d'Andréas Papandreou : le fils de l'ancien Premier ministre Georges Papandreou, dont l'arrivée au pouvoir avait provoqué le coup d'État de 1974, avait créé le Mouvement panhellénique socialiste (Pasok) dès son retour en Grèce en 1974. Mais il n'avait alors obtenu qu'une faible audience (13,58 % des voix et 12 sièges). Le Pasok se place sous la double bannière du socialisme et du non-alignement, un socialisme non marxiste, un neutralisme fortement teinté de nationalisme. Son slogan « La Grèce aux Grecs » va de pair avec toute une série de « non » : « non » à l'Europe, « non » aux États-Unis, « non » à la Turquie, « non » aux multinationales. Le grand atout d'Andréas Papandreou, outre son charisme personnel, est de proposer à ce pays en profonde mutation, avide de changement, un projet neuf qui prétend aller au-delà du parlementarisme et du libéralisme classiques. Il trouve un large écho dans la jeunesse et dans la nouvelle classe bourgeoise, même si ce projet reste vague et semé de contradictions. Il est même entendu dans les campagnes, bastions traditionnels de la droite, où le Pasok a fait en trois ans un patient travail d'implantation.

Centrisme

La percée de cette gauche non orthodoxe n'en est pas moins la surprise du scrutin du 20 novembre. Avec 25,33 % des voix et 92 députés, le Pasok devient la grande force d'opposition. L'Union du centre démocratique de Georges Mavros est écrasée. L'extrême gauche — regroupée nouvellement au sein de l'Alliance des Cinq — est laminée, elle obtient 2,72 %. Le parti communiste prosoviétique (dit de l'extérieur) obtient le score de 9,36 % des suffrages, mais il semble avoir fait le plein des voix, comme l'extrême droite.