C'est surtout l'industrie suédoise qui est en crise ; ses prix de production trop élevés freinent les exportations. Comme dans les autres pays industrialisés, les chantiers navals et la sidérurgie sont particulièrement touchés. Le 10 janvier 1978, le gouvernement présente un budget en déficit de 20 %. Le pouvoir d'achat des ménages a diminué de 2 % depuis 1977. Le chômage se maintient dans des limites raisonnables par rapport au reste de l'Europe occidentale, mais, avec 2,6 % de la population active, c'est tout de même le taux le plus élevé depuis quatre ans. Tout cela n'a rien de catastrophique, mais, pour l'électeur moyen, qui s'était habitué depuis des années à voir son niveau de vie s'élever régulièrement, la pilule est amère.

L'OCDE publie, en mai 1978, son étude annuelle sur la Suède, qui souligne que le pays est confronté à « la multiplicité des objectifs ambitieux et souvent contradictoires assignés à sa politique économique » L'OCDE estime que les dirigeants suédois ont, en 1977, fait preuve d'hésitation et pense qu'en 1978 le niveau des investissements va continuer à baisser.

Volvo signe d'ailleurs avec des investisseurs norvégiens un accord aux termes duquel 4 % du capital du groupe suédois passe à une société norvégienne, Norsk Volvo A/S, qui apporte 750 millions de F.

Loyauté

Les syndicats, cependant, font preuve de loyauté à l'égard du gouvernement. En mars 1978, les négociations sur le renouvellement des conventions collectives aboutissent plus rapidement que prévu. Les adhérents de LO, la principale centrale syndicale, acceptent ainsi que leurs salaires n'augmentent que de 1,9 % en 1978 et de 3,1 % entre janvier et octobre 1979.

La politique étrangère de la coalition bourgeoise est nettement moins avancée que celle de son prédécesseur. Pourtant, le 12 octobre 1977, à l'ONU, la Suède annonce qu'elle va annuler purement et simplement les dettes contractées envers elle par les huit pays les plus pauvres : le Bangladesh, l'Inde, le Pakistan, le Kenya, le Soudan, la Tanzanie et la Turquie. Le montant total de leurs créances est de l'ordre de 200 millions de dollars. La Suède reste aussi l'un des trois pays industrialisés qui consacrent plus de 0,70 % de leur produit national brut à l'aide aux pays sous-développés...

Les relations avec les voisins nordiques sont bonnes, malgré quelques difficultés traditionnelles avec les Finlandais et les discussions que provoquent les dévaluations en cascade des diverses couronnes. En février 1978, le ministre des Affaires étrangères, Karin Söder, proteste contre la présence permanente, dans un port de Lituanie, de six sous-marins soviétiques équipés d'armes nucléaires.

Vasaloppet

La coalition gouvernementale, malgré les pronostics, ne se porte pas mal. Cependant, Per Ahlmark, le vice-Premier ministre, qui est aussi ministre du Commerce, leader des libéraux, et l'un des hommes les plus brillants d'une équipe qui n'abonde pas en talents, annonce à la fin de janvier 1978 qu'il abandonne la vie publique pour des raisons personnelles. Il est remplacé par un libéral de gauche, Ola Ullsten, ministre de la Coopération, moins éloigné des sociaux-démocrates que son prédécesseur. Ce qui n'est peut-être pas mauvais pour l'évolution des relations parlementaires d'ici les élections de l'automne 1979.

Un événement sportif : le 5 mars 1978, la Vasaloppet, la course de ski de fond la plus célèbre du monde, est, pour la première fois, gagnée par un Latin : le Français Jean-Paul Pierrat. Les Nordiques et les Soviétiques n'en reviennent pas.

Suisse

Berne. 6 400 000. 154. 0,3 %.
Économie. PIB (75) : 8 463. Production (75) : G 104 + A 117 + I 97. Énerg. (*75) : 3 642. C. E. (75) : 24 %.
Transports. (*75) : 7 984 M pass./km, 5 141 Mt/km. (74) : 1 723 000 + 176 500.  : 213 000 tjb. (75) : 7 533 M pass./km.
Information. (74) : 92 quotidiens ; tirage global : 2 535 000. (74) : 2 036 000. (74) : 1 714 000. (73) : 193 800 fauteuils ; fréquentation : 27 M. (75) 3 913 000.
Santé. (74) : 10 904. Mté inf. (74) : 12.
Éducation. (74). Prim. : 561 645. Sec. et techn. : 499 457. Sup. : 62 584.
Institutions. République confédérale. Constitution de 1874. Président de la Confédération : Willi Ritschard. Vice-président : Hans Hürlimann.

Une monnaie forte, mais la crise mondiale n'épargne pas la Confédération

La Suisse a-t-elle envie de changer de Constitution ? Voilà des années qu'on en discute... un peu. C'est le 23 février 1978, pourtant, que la question se pose officiellement aux peuples des 25 États confédérés. Président de la commission qui vient d'élaborer un projet, le conseiller fédéral Kurt Furgler lance une vaste consultation : non seulement les cantons, les partis, les organisations économiques et professionnelles, les groupements et sociétés de toute espèce devront donner leur avis, mais chaque citoyenne et chaque citoyen peut, après avoir potassé le document, faire part à Berne de ses conclusions personnelles.

Incongru

À vrai dire, l'événement, si c'en est un, ne fait guère parler de lui dans les chaumières et les bistrots. On aurait même tendance à considérer qu'il s'agit là d'un exercice formel, voire incongru. L'actuelle Constitution, c'est entendu, se présente comme un fouillis de dispositions de tous ordres ; plus grave, on a pris l'habitude, insensiblement, de les tourner quand elles ne correspondent plus aux nécessités de l'heure. Mais ces vieilles charpentes, après tout, restent solides. Elles datent, les unes, de 1848, et les autres, de 1874. Aucun changement de régime, aucun mouvement politique de quelque ampleur ne justifie qu'on prenne aujourd'hui le risque énorme de les démolir.