On assiste vis-à-vis de la France à la même détérioration des rapports, mais peut-être de façon encore plus brutale. Les visites successives du Premier ministre Raymond Barre en septembre, du ministre de la Défense, Yvon Bourges, en octobre, les déclarations de L. Brejnev en novembre, insistant sur « l'importance qu'il accordait à la coopération avec des pays comme la France », n'annonçaient pas la tension qui allait naître. La raison : la politique africaine de la France. Critiquée dès février, elle est violemment dénoncée en mai, tant à propos du Tchad que du Zaïre.

Proche-Orient

Bien que les visites de dirigeants arabes se soient succédé à Moscou — Yasser Arafat, leader de l'OLP en août et en mars ; le Palestinien Kaddoumi et Khaddam, ministre syrien des Affaires étrangères, en novembre ; le commandant Jalloud, No 2 libyen, et le président Assad en février —, l'influence de l'URSS sur la situation au Proche-Orient reste secondaire. La « dynamique de la paix » instaurée par la rencontre historique Sadate-Begin à Jérusalem, le 20 novembre 1977, et le sommet du Caire qui a suivi n'ont pas eu les résultats bénéfiques attendus. Malgré cela, l'URSS n'a toujours pas pu obtenir la réunion de la conférence de Genève, seul moyen, selon elle, d'aboutir à un règlement global d'où l'OLP ne serait pas écartée. La nécessité de sa convocation urgente avait pourtant été réaffirmée, le 1er octobre, par une déclaration commune américano-soviétique.

Avec le sanglant coup d'État du 27 avril en Afghānistān, l'URSS voit se confirmer sa percée en direction de l'océan Indien. Le président du Conseil révolutionnaire, Nur Mohamed Taraki, secrétaire général du PC afghan, est jugé par Moscou comme un « révolutionnaire national éminent ». Le 16 mai, un accord d'assistance technique est signé. Cette alliance reste nuancée par les déclarations de Taraki, qui affirme qu'il entend mener une politique de non-alignement, mais elle n'en inquiète pas moins l'Inde, la Chine, l'Iran, qui y voient une tentative d'encerclement.

Dans la politique asiatique de l'URSS, le Japon demeure l'une des priorités. Économiquement il est, après la RFA, le deuxième partenaire capitaliste de l'Union soviétique. Fort de cette situation, le ministre japonais des Affaires étrangères, Sonoa Sonoda, lors de son voyage à Moscou en janvier 1978, veut régler la question des îles Kouriles. Mais c'est en vain qu'il offre de renoncer à deux sur quatre de ces îles occupées par l'URSS et baptisées dans son pays « nos territoires du Nord ». Le Kremlin reste ferme : aucune rectification des frontières résultant de la Seconde Guerre mondiale.

Cette intransigeance risque de hâter le rapprochement du Japon avec la Chine, qui propose à Tokyo un traité d'amitié et des accords commerciaux à long terme qui tentent fort les industriels nippons. Ce que Moscou voit, bien sûr, d'un mauvais œil. Et, le 19 juin, Moscou adresse à Tokyo une sévère mise en garde.

Pékin

La Chine reste le grand ennemi. Pourtant, en novembre 1977, pour la première fois depuis douze ans, le ministre chinois des Affaires étrangères, Huang Hua, assiste à une réception de l'ambassade d'URSS à Pékin. Espoir de réconciliation ? En février, l'URSS propose une nouvelle fois une normalisation des rapports. Cette proposition est rejetée par Pékin, qui précise dans une note ne pas désirer de « déclaration creuse, mais des actes concrets », notamment un accord de statu quo aux fontières, matérialisé par le retrait du million de Soviétiques qui y sont stationnés.

Le retour à Pékin, après une absence de dix-huit mois, de Leonid Ilyvitchev, vice-ministre soviétique des Affaires étrangères, à la table des négociations frontalières ne change rien, et les accusations continuent d'être lancées de part et d'autre. Au Premier ministre chinois Hua Kuo-feng qui accuse, le 4 juin, l'URSS d'être « le principal et le plus dangereux ennemi de la Chine », la Pravda rétorque, le 14 juin, que « la politique de Pékin représente un danger pour la paix ». Le 9 mai 1978, il se produit de violents accrochages entre troupes chinoises et soviétiques, le long de l'Oussouri, pratiquement au même endroit où s'étaient déroulés les incidents de 1969 (Journal de l'année 1968-69). Dénonçant ses actions provocatrices, notamment dans le conflit vietnamo-cambodgien, et ses alliances « avec les forces de l'impérialisme et de la pire réaction », la Pravda accuse la Chine d'« encourager la préparation matérielle d'une troisième guerre mondiale ».

Yougoslavie

Belgrade. 21 560 000. 84. 1 %.
Économie. Production : G (74) 130 + A (75) 144 + I (75) 147. Énerg. (*75) : 1 930.
Transports. (*75) : 10 284 M pass./km, 21 638 Mt/km. (*75) : 1 536 700 + 178 900.  : 1 944 000 tjb. (75) : 1 315 M pass./km.
Information. (74) : 25 quotidiens ; tirage global : 1 850 000. (74) : 4 081 000. (74) : 2 784 000. (74) : 456 200 fauteuils ; fréquentation : 83,3 M. (75) : 1 301 000.
Santé. (74) : 24 920. Mté inf. (75) : 40.
Éducation. (74). Prim. : 28 66 817. Sec. et techn. : 827 818. Sup. : 359 651.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président à vie de la République et président à vie du Parti : Josip Broz Tito, par décision du 16 mai 1974. Président du conseil exécutif fédéral : Veselin Djouranovitch.

Tito dialogue avec Moscou, Pékin et Washington

« Il n'y aura pas de bouleversement en Yougoslavie après ma disparition. » À 86 ans, le 25 mai 1978, Josip Broz Tito parle avec sérénité de l'après-titisme, en même temps que, dernier monstre sacré de l'histoire contemporaine, il se fait plus présent que jamais.

Tolérance tempérée

Présent à Belgrade, bien sûr, où il tient les rênes d'une main ferme, sauvegardant l'indépendance nationale tout en jugulant les tensions internes. À l'étranger aussi, à Moscou, à Pyongyang, à Pékin, à Paris, à Lisbonne, à Alger, à Washington, à Londres, où cet octogénaire (sa santé inquiète périodiquement) réussit l'exploit de parcourir le monde sans trop de dommages.