Toutes les nations d'Afrique dénoncent l'« État fantoche », dont Kaiser Matanzima devient Premier ministre et Botha Sigcau, président de la République. Ni les États-Unis, ni l'Union soviétique, ni la Chine, ni aucun pays membre de la Communauté économique européenne ne reconnaissent le nouvel État, qui se retrouve seul face à son ancien maître, la République d'Afrique du Sud. En janvier 1977, B. J. Vorster, Premier ministre sud-africain, se rend en visite à Umtata.

Contentieux

Le Transkei évolue rapidement sur la voie de la dictature. En février, le chef du parti d'opposition est arrêté. En mars. Botha Sigcau annonce que toute personne critiquant les dirigeants du pays « sera passible de la peine de mort ». La seule assistance extérieure sur laquelle peuvent compter les dirigeants d'Umtata est sud-africaine. Cependant il existe entre les deux États un important contentieux, car, depuis le 26 octobre, 1 300 000 ressortissants du Transkei séjournant en territoire sud-africain se trouvent dépourvus de tout statut personnel. En effet, les Sud-Africains affirment qu'ils ont la nationalité du Transkei, thèse que réfutent les dirigeants d'Umtata, déjà aux prises avec mille difficultés pour assurer la subsistance des deux millions d'habitants résidant au Transkei.

Tunisie

Tunis. 5 770 000. 34. 2,4 %.
Économie. PIB (74) : 626. Production (74) : G145 + A147 + I130. Énerg. (*74) : 416. C.E. (74) : 26 %.
Transports. (*74) : 534 M pass./km, 1 522 M t/km. (*74) : 97 400 + 59 800. (74) : 550 M pass./km.
Information. (73) : 4 quotidiens ; tirage global : 120 000. (72) : *400 000. (73) : *147 000. (73) : 49 800 fauteuils ; fréquentation : 12,5 M. (74) : 114 000.
Santé. (71) : 1 004. Mté inf. (69) : 125.
Éducation. Prim. (74) : 910 532. Sec. et techn. (74) : 196 497. Sup. (72) : 9 246.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée en 1969, 1975 et 1976. Président de la République : Habib Bourguiba, élu président à vie. Premier ministre : Hedi Nouira.

Pacte social

Grèves ouvrières, tensions sociales marquent le dernier trimestre de 1976. Les prix ont augmenté, les salaires sont bloqués. Le mécontentement croît. L'UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens), pourtant liée au parti unique du Destour, soutient les 16 000 grévistes de l'Office des terres domaniales. Pour régler la crise, le gouvernement accepte de passer avec les syndicats un accord : c'est le nouveau pacte social signé le 19 janvier 1977. Il prévoit que le salaire minimum interprofessionnel garanti sera revalorisé de 33 % dans l'industrie, les services et l'agriculture.

Tous les salaires mensuels des secteurs public et privé sont relevés et il est admis qu'une révision salariale interviendra chaque fois que les prix augmenteront de plus de 5 %. En retour, les syndicats s'engagent à « préserver la paix sociale pour une durée de cinq ans ». Pour financer cette politique, une fiscalité plus lourde et plus sélective est mise en place et il est fait appel aux capitaux étrangers. Une aide financière chinoise (12 millions de dollars, sans intérêts) est même accordée le 22 février 1977.

La trêve sociale sera-t-elle aussi trêve politique ? Il semble d'abord que non : le 23 mars, vingt-six militants du MUP (Mouvement de l'unité populaire, dirigé par Ahmed Ben Salah) sont arrêtés et inculpés d'atteinte à la sûreté de l'État. Pourtant, un mois plus tard, le gouvernement accorde une concession au groupe dit groupe des libéraux.

Ce mouvement (dirigé par Ahmed Mestiri) avait demandé la réunion d'une « conférence nationale sur les libertés publiques » et le visa d'autorisation d'une « Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'homme ». Cette dernière autorisation est accordée par le ministre de l'Intérieur, le 2 mai 1977.

Ouverture, le 13 juin 1977, devant la Cour de sûreté de l'État, du procès intenté à 33 personnes accusées d'avoir voulu renverser le régime par la violence et d'appartenir au Mouvement de l'unité populaire (MUP). Six inculpés sont jugés par contumace, parmi lesquels le dirigeant du MUP, Ahmed Ben Salah. Le Manifeste du MUP, publié en juin 1975, demande la « décolonisation totale du pays » et préconise une voie tunisienne vers le socialisme.

Défense

Sur le plan extérieur, la Tunisie s'efforce de normaliser ses relations avec la Libye, qui accepte, en juin 1977, de porter devant la Cour internationale de justice de La Haye le différend tuniso-libyen portant sur la délimitation du plateau continental dans le golfe de Gabès. En même temps, la Tunisie annonce qu'elle renforce son dispositif de défense. Lors de la visite à Tunis de Yvon Bourges, ministre français de la Défense nationale, en décembre 1976, la France confirme qu'elle augmentera son aide militaire.

Zaïre

Kinshasa. 24 900 000. 11. 2,2 %.
Économie. PIB (72) : 100. Énerg. (*74) : 76. C.E. (72) : 26 %.
Transports. (73) : 447 M pass./km, 3 017 M t/km. (*74) : 84 800 + 76 400. (74) : 374 M pass./km.
Information. (73) : 13 quotidiens. (73) : *100 000. (73) : *7 000. (70) : 13 600 fauteuils ; fréquentation : 1,1 M. (74) : 26 000.
Santé. (73) : 818.
Éducation. Prim. (72) : 3 292 020. Sec. et techn. (72) : 320 404. Sup. (73) : 16 053.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967, amendée en 1970. Président de la République et chef de l'exécutif : lieutenant général Mobutu Sese Seko, réélu pour la seconde fois le 31 octobre 1970. Le 27 août 1971, la République démocratique du Congo prend le nom de Zaïre.

Invasion de l'ex-Katanga Aides de Paris et Rabat à Mobutu

Venant du territoire angolais, plusieurs centaines d'hommes envahissent, le 8 mars 1977, l'ancien Katanga et s'y emparent de plusieurs villes. Mobutu demande alors l'aide des États-Unis pour venir à bout des envahisseurs qui se sont rapidement installés à Dilolo, Kapanga et Kisenge. Le président Carter autorise l'envoi d'urgence de matériel militaire et de médicaments à un allié en faveur duquel le Sénat a voté, en septembre 1976, l'octroi d'un prêt de 40 millions de dollars. Cependant, cette décision suscite de sérieuses réserves à Washington, au moment même où, à Luanda, le président Neto met en garde les puissances occidentales contre « la création d'un nouveau Viêt-nam » en Afrique.

Interventions

Tandis que les États-Unis et la Belgique adoptent une attitude attentiste et s'inquiètent de ce que, contrairement aux affirmations zaïroises, n'existe aucune preuve formelle d'intervention cubaine aux côtés des envahisseurs, la France vole au secours du régime mobutiste. Le ministère des Affaires étrangères, précise il est vrai, que Paris a décidé d'accélérer la livraison de munitions dont commande avait été passée antérieurement.