Tout en maintenant une certaine libéralisation du régime, le président Senghor s'efforce cependant de la canaliser, pour éviter que, après une quinzaine d'années de prééminence absolue du parti gouvernemental, des tendances à l'instabilité se dessinent. Le tripartisme, qui a été institutionnalisé l'année précédente, trace les limites précises de cette libéralisation. Aux élections municipales partielles de novembre, l'opposition, qui n'enlève que 10 % des voix, ne parvient pas à s'imposer ; 79 des 81 conseils ruraux et la totalité des six municipalités urbaines demeurent aux mains du parti gouvernemental. Il est vrai que, aussi longtemps que le scrutin majoritaire sera maintenu, l'opposition sera défavorisée. C'est pourquoi le parti démocratique sénégalais (PDS) milite en faveur de l'institution d'un mode de scrutin de type proportionnel, et c'est la raison pour laquelle en juin 1977, 450 intellectuels, parmi lesquels l'ancien président du Conseil Mamadou Dia, signent un appel réclamant l'institution du multipartisme.

Relève

À l'issue d'un congrès extraordinaire, ouvert le 27 décembre à Dakar, en présence de 1 600 délégués, l'Union progressiste sénégalaise (UPS), parti gouvernemental, prend le nom de Parti socialiste sénégalais (PSS), décision qui fait suite à l'admission, un mois plus tôt, à Genève, de l'UPS à l'Internationale socialiste. Simultanément, Senghor prépare avec méthode la relève de la « génération de l'indépendance », en faisant accéder des éléments jeunes à des postes de responsabilité au sein du parti, dont Moustapha Niasse, directeur du cabinet présidentiel, qui devient secrétaire politique du parti.

En dépit de l'existence d'un système de tripartisme et malgré celle de plusieurs syndicats, le climat social reste trouble. En février, des arrestations sont opérées à la suite d'une grève scolaire à Dakar. En avril, c'est une grève scolaire et universitaire qui éclate dans la capitale sénégalaise, mouvement qui prend de l'extension en mai. Quelques jours après le début de la reprise des cours, ce sont les cheminots qui déclenchent, à leur tour, une série d'arrêts de travail.

La célébration du 70e anniversaire du chef de l'État a donné lieu, en octobre 1976, à d'importantes manifestations culturelles. Tout indique d'autre part que, en dépit de son âge, Senghor entend bien poser de nouveau sa candidature aux élections présidentielles de 1978. À cette occasion, il devrait affronter l'avocat Abdoulaye Wade, chef de file du Parti démocratique sénégalais, candidat de l'opposition.

Plusieurs ministres français, dont Robert Galley (Coopération), Paul Dijoud (secrétaire d'État aux Travailleurs immigrés), en novembre, et René Haby (Éducation), en mai, sont les hôtes de Dakar, qui, le 20 avril, a servi de cadre à la 4e conférence franco-africaine au sommet, en présence de V. Giscard d'Estaing, qui saisit l'occasion de ces assises pour faire une visite officielle au Sénégal. À noter que les relations franco-sénégalaises sont excellentes et qu'en septembre, à la conférence des non-alignés de Colombo, le Sénégal se dissocie officiellement de la condamnation prononcée contre la France.

En février, Senghor a accueilli à Dakar Nicolae Ceausescu, président de la Roumanie, premier chef d'État d'un pays de l'Est à effectuer une visite officielle au Sénégal.

Seychelles

Victoria. 60 000. 154. 2,1 %.
Économie. Énerg. (*74) : 317.
Transports. (*74) : 2 300 + 300.
Information. (73) : 2 quotidiens ; tirage global : 4 000. (73) : *9 000. (72) : 2 400 fauteuils. (74) : 3 000.
Santé. (72) : 16. Mté inf. (73) : 30,5.
Éducation. Prim. (74) : 10 355. Sec. et techn. (74) : 3 792. Sup. (72) : 114.
Institutions. État indépendant le 28 juin 1976 (ancienne colonie britannique). Constitution républicaine de novembre 1970. Président de la République : France Albert René, qui s'empare du pouvoir par un coup d'État, le 5 juin 1977 ; il succède à James Mancham, dont il était le Premier ministre.

Coup d'État

Dans la nuit du 4 au 5 juin, alors qu'il se trouve à Londres, où il doit participer à la conférence du Commonwealth soixante-douze heures plus tard, James Mancham, président de la République, ministre des Affaires étrangères, de l'Intérieur, de la Défense, de l'Émigration, est écarté du pouvoir par son Premier ministre et principal rival, France Albert René. Moins de onze mois après l'accession des Seychelles à la souveraineté internationale, une révolution de palais met fin à la carrière météoritique du play-boy Mancham, aussi connu dans les milieux de la Jet Society londonienne et parisienne que dans les couloirs des grandes organisations internationales.