La ville de Majunga, située sur la côte occidentale, est pendant plusieurs jours, à la fin de décembre 1976, le cadre de terribles pogroms, au cours desquels plusieurs centaines de Comoriens trouvent la mort, tandis que plusieurs milliers d'entre eux, dont les maisons ont été détruites et les biens pillés, sont totalement sinistrés. Plus d'un millier d'originaires de l'île de Mayotte, citoyens français, demandent protection aux autorités consulaires françaises et sollicitent leur rapatriement en terre mahoraise. Les dirigeants malgaches, qui sont en désaccord avec Paris tant sur les causes des massacres que sur leur étendue, refusent que les Mahorais soient directement rapatriés sur Mayotte. En réaction contre cette décision, 200 Comoriens originaires de Mayotte occupent, en février, le consulat de France à Majunga, sans toutefois pouvoir obtenir entièrement satisfaction.

Le drame de Majunga ne contribue guère à améliorer les rapports franco-malgaches, déjà gravement altérés par l'attitude des responsables politiques de Tananarive, qui ne manquent pas une occasion de faire le procès de la décolonisation française aux Comores, à Djibouti et dans l'océan Indien. Les diverses nationalisations annoncées à Tananarive (sociétés de distribution pétrolières en juin 1976, entreprises sucrières en janvier 1977) suscitent de vives inquiétudes au sein de la minorité européenne, et les ressortissants français sont de plus en plus nombreux à quitter la grande île ; dès août 1976, on estime à plus de 40 000 le nombre de ceux qui ont regagné la France depuis le mai malgache de 1972, à la suite duquel le président Tsiranana fut chassé du pouvoir (Journal de l'année 1971-72).

Élections

Ceux que le président déchu qualifiait de « membres de la dix-neuvième tribu » par référence aux dix-huit tribus malgaches ne sont plus guère que 10 000 à demeurer dans le pays. Proclamant une nouvelle fois la fidélité des Malgaches à la politique de non-alignement, en octobre, Bruno Rakotomavo, ministre des Affaires étrangères, se fait, à l'ONU, le héraut du recours à la lutte armée pour parvenir à la décolonisation totale de l'Afrique australe. Simultanément, les dirigeants de Tananarive (rebaptisée en septembre 1976 Antananarivo) se rapprochent à la fois de l'Union soviétique et de l'ensemble des pays africains progressistes, dont le Mozambique.

Après la disparition tragique, le 30 juillet 1976, du Premier ministre Joël Rakotomalala et de plusieurs hautes personnalités, tués dans un accident d'hélicoptère, Justin Rakotoniaina est nommé Premier ministre. Le 27 février, Didier Ratsiraka, chef de l'État, est porté à la présidence du Front national pour la défense de la révolution, organisme prévu par la nouvelle Constitution et qui regroupe les formations politiques autorisées.

Quatre consultations électorales se déroulent en mars, avril et mai pour la mise en place des conseils populaires, organes délibérants, des comités exécutifs et des collectivités locales. Comme en juin, lors des élections aux six assemblées provinciales, c'est l'Avant-garde de la révolution socialiste malgache (AREMA), parti gouvernemental, qui s'assure le contrôle de la totalité des instances.

Au cours de la campagne pour les législatives du 30 juin 1977, les autorités malgaches annoncent la constitution prochaine d'un parti unique à laquelle travaille déjà le Front national (qui regroupe cinq organisations révolutionnaires, dont l'AREMA). En contrepartie, le parti Monima (extrême gauche) préconise l'abstention et se retire du Front national et de l'ensemble des instances dirigeantes.

Malawi

Lilongwe. 5 040 000. 42. 2,4 %.
Économie. PIB (74) : 130. Production (72) : G 126. Énerg. (*74) : 56. C.E. (74) : 19 %.
Transports. (*74) : 76 M pass./km, 252 M t/km. (*74) : 11 200 + 9 500. (74) : 75 M pass./km.
Information. (73) : *112 000. (71) : 5 000 fauteuils. (74) : 18 000.
Santé. (69) : 114.
Éducation. (73). Prim. : 537 301. Sec. et techn. : 15 722. Sup. : 1 586.
Institutions. État indépendant le 6 juillet 1964. République proclamée le 6 juillet 1966. Constitution de 1966. Président de la République nommé à vie et Premier ministre : Dr Hastings Kamuzu Banda, investi par le Parlement le 20 mai 1966.

Mali

Bamako. 5 700 000. 5. 2,3 %.
Économie. PIB (70) : 53. Énerg. (*74) : 24. C.E. (70) : 12 %.
Transports. (73) : 95 M pass./km, 152 M t/km. (69) : 4 500 + 5 700. (74) : 65 M pass./km.
Information. (68) : 3 quotidiens ; tirage global : 3 000. (73) : *75 000. (68) : 17 100 fauteuils ; fréquentation : 2,5 M. (71) : 5 000.
Santé. (72) : 135.
Éducation. Prim. (74) : 276 307. Sec. et techn. (74) : 11 329. Sup. (70) : 731.
Institutions. État indépendant le 22 septembre 1960. République (24 novembre 1958). Constitution du 2 juin 1974. Chef de l'État et de l'exécutif : lieutenant Moussa Traore ; succède à Modibo Keita après le coup d'État du 19 novembre 1968.

Incertitude

La radio malienne diffuse, le 16 mai 1977, un communiqué annonçant la mort de « Modibo Keita, ancien instituteur en retraite ». C'est toute l'oraison funèbre d'un leader qui, au cours des années 1960, disputa au défunt dictateur ghanéen Kwame Nkrumah, le premier plan sur la scène de l'Afrique dite « révolutionnaire » et que les officiers maliens évincèrent du pouvoir le 19 novembre 1968. Retenu depuis lors prisonnier, l'ancien président est transféré de Kidal, poste militaire perdu en plein Sahara malien, au camp des parachutistes de Bamako, où il décède. Son enterrement, bien qu'organisé presque furtivement, est cependant l'occasion de manifestations témoignant de la vitalité de sa popularité au sein des masses maliennes.