Pour faire obstacle à la gauche, sir Seewoosagur renoue avec Gaëtan Duval, leader du parti social démocrate, avec lequel il avait rompu en décembre 1973. Après avoir donné de l'île Maurice une image de marque démocratique, conforme à son modèle parlementaire anglo-saxon, en acceptant d'affronter une compétition électorale dans laquelle 31 partis se partagent une clientèle d'un demi-million d'électeurs, le Premier ministre mauricien frustre brutalement la gauche de sa victoire. Il forme un gouvernement de coalition avec ses adversaires de la veille pour barrer la route à ceux qui ont opté pour un choix de société socialiste.

Fragilité

En signe de protestation, l'opposition boycotte le discours du Trône prononcé au Parlement le 28 décembre 1976 par le gouverneur général sir Abdul Raman Osman. Le 7 janvier 1977, lors d'une réunion à Port-Louis, P. Bérenger fait savoir qu'il estime inévitable l'organisation de nouvelles élections générales avant un an. Le nouveau gouvernement, toujours présidé par sir Seewoosagur, ne reflète absolument pas le pays réel, et non seulement il ne comprend aucun membre du MMM, mais il compte même dans ses rangs certaines personnalités battues aux élections.

La coalition conduite par sir Seewoosagur procède d'un réflexe de peur. Elle apparaît fragile parce qu'elle repose sur une entente précaire avec G. Duval et parce qu'elle doit faire face à une majorité rejetée dans l'opposition qui serre les rangs et fait preuve d'une grande cohésion. D'autre part, les problèmes économiques et sociaux du pays (dont plus de 90 % des ressources proviennent de l'exportation du sucre) demeurent. Ni G. Duval ni sir Seewoosagur ne semblent qualifiés pour les résoudre seuls.

Mauritanie

Nouakchott. 1 320 000. 1. 2,2 %.
Économie. PIB (73) : 232. Énerg. (*74) : 112. C.E. (73) : 51 %.
Transports. (73) : 6 808 M t/km. (72) : 4 400 + 5 000.
Information. (73) : *81 000. (71) : *1 000 fauteuils.
Santé. (73) : 71.
Éducation. (71). Prim. : 35 049. Sec. et techn. : 4 444.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Moktar Ould Daddah, réélu pour la quatrième fois, le 8 août 1976.

Nouakchott face au Front Polisario

L'enlèvement à Zouérate, le 1er mai 1977, de six civils français retenus comme otages par le Front Polisario, frappe d'autant plus brutalement l'opinion publique française que celle-ci est encore traumatisée par le drame vécu au Tchad par les époux Claustre. Mais il ne s'agit que d'un des événements qui mettent en évidence la gravité des menaces qui pèsent sur l'intégrité territoriale de la Mauritanie, et, à travers elle, sur la pérennité du régime du président Ould Daddah.

Zouérate

L'affaire de Zouérate a fait trois morts parmi le personnel européen employé par la Société nationale industrielle de Mauritanie (SNIM) qui exploite le gisement de fer constituant la seule ressource d'exportation mauritanienne. Parmi les tués, un médecin français et son épouse, abattus de sang-froid, semble-t-il, par des guérilleros du Polisario, qui exige l'indépendance du Sahara occidental, accusant Rabat et Nouakchott d'avoir indûment dépecé leur territoire national.

Dix personnes ont été portées disparues, dont six ressortissants français emmenés en otages par le commando, qui a pénétré en ville sans y rencontrer de résistance. Aussitôt après l'incident, 187 femmes et 262 enfants sont évacués par des avions de l'armée de l'air française sur Nouadhibou (anct Port-Étienne), puis rapatriés sur Paris.

Sept mille coopérants français travaillent au Maroc et 300 en Mauritanie. La France, qui possède de solides intérêts économiques dans les deux pays, se trouve directement engagée dans le conflit. Dans la mesure où Alger accorde un appui inconditionnel au Front Polisario, les rapports franco-algériens traversent une crise grave. Alors que le gouvernement français demande aux Algériens d'user de leur influence auprès des guérilleros sahraouis pour obtenir la remise en liberté des otages de Zouérate, la presse algérienne accuse Paris d'encourager l'expansionnisme marocain au Sahara, et Bouteflika, le ministre algérien des Affaires étrangères, dénonce « les tendances à l'aventure » du gouvernement de R. Barre.