Ce geste évidemment n'est pas sans rapport avec la tenue à Belgrade, à la même date, de la Conférence européenne qui fait suite au sommet d'Helsinki de juillet 1975. Belgrade, attachée à l'idée de la détente, tient à prouver sa volonté de dépasser les différends idéologiques nationaux et internationaux.

Diplomatie

L'ouverture tous azimuts de sa diplomatie illustre cette volonté. En novembre, du 15 au 17, c'est la venue de Leonid Brejnev. Après l'interruption, depuis 1973, des visites bilatérales, on peut parler de « retrouvailles ». Le mot d'ordre est à l'amitié. Brejnev, se référant aux déclarations de Jimmy Carter pendant la campagne électorale américaine, en profite pour rappeler que l'URSS n'est pas un « loup sanguinaire » qui se prépare à avaler la Yougoslavie. Tito réaffirme le bien-fondé de l'autogestion (critiquée par le no 1 soviétique ; elle est codifiée dans son intégralité par une loi adoptée le 25 novembre 1976) et de sa politique non alignée (il soutient notamment l'eurocommunisme) ; il parvient à obtenir de son partenaire la confirmation d'une aide économique : de 1976 à 1980, les échanges s'élèveront à 14 milliards de dollars. Ce qui sous-entend, de la part de l'URSS, la volonté de prendre de vitesse les Neuf, qui ont accepté le principe d'une aide économique à Belgrade, et implique pour le futur des relations plus suivies entre la Yougoslavie et le Comecon.

Les 6 et 7 décembre, c'est le voyage du président Giscard d'Estaing, premier chef d'État français à se rendre en visite officielle en Yougoslavie. Les 20 et 21 mai, la visite du vice-président américain Walter Mondale rétablit la confiance entre Belgrade et Washington et se traduit par la promesse américaine d'aider les Yougoslaves à construire une centrale nucléaire.

À cette activité diplomatique, il faut encore ajouter les contacts établis avec l'Égypte, la Libye, l'Éthiopie, l'Angola ; la volonté de nouer des relations informelles avec Israël ; les conseils de modération donnés aux dirigeants de l'OLP. Seul point noir : la question macédonienne, qui empoisonne les relations avec la Bulgarie.