H. Kohl réalise le deuxième meilleur score (après Adenauer) qu'un candidat-chancelier de la CDU-CSU ait jamais réalisé : 48,6 % des suffrages contre 42,6 au SPD et 7,9 au FDP. En tant que chef du premier parti de la RFA, il revendique le pouvoir dès le soir des élections. Pourtant, l'alliance entre les libéraux et les sociaux-démocrates tient bon. H. Schmidt et Hans-Dietrich Genscher, président du FDP, réussissent, après plusieurs semaines de négociations, à former un gouvernement.

Non sans difficulté. Les problèmes auxquels sont confrontés les dirigeants ouest-allemands sont très prosaïques : il s'agit de combler les déficits des caisses d'assurance maladie et d'assurance vieillesse, aggravés par la récession économique. Au cours de la campagne électorale, les partis ont fait des promesses risquées. Ils ne veulent ni augmenter les cotisations ni réduire les prestations. Ils annoncent alors un blocage des retraites pendant un an et demi, provoquant une véritable rébellion dans les groupes parlementaires. Les députés parlent de « crise de confiance », de « trahison ». H. Schmidt fait marche arrière, mais ce pas de clerc entame sa crédibilité et son pouvoir au sein d'un groupe parlementaire social-démocrate où la gauche modérée est plus forte que jamais.

À la suite de cette affaire, Walter Arendt refuse de participer au nouveau gouvernement. Ancien dirigeant du syndicat des mineurs, il représentait, depuis les débuts de la coalition libérale-socialiste, les syndicats au sein du gouvernement. Son départ, annoncé le 15 décembre tout de suite après l'élection d'H. Schmidt à la chancellerie, est le premier signe d'une détérioration des relations entre les syndicats et le gouvernement.

H. Schmidt a obtenu 250 voix sur les 252 dont dispose la coalition. Un député s'est abstenu, un autre a voté nul. La majorité requise était de 249 suffrages. Les sociaux-démocrates rappellent qu'en 1949 le chancelier Adenauer, lui aussi, n'avait été élu qu'à une voix de majorité. Mais cette élection témoigne de la faiblesse du nouveau gouvernement. La déclaration gouvernementale d'H. Schmidt est terne et ennuyeuse. Elle ne propose aucune idée nouvelle, se bornant à énumérer les problèmes en suspens. Le débat sur les retraites empoisonne la vie politique pendant les premiers mois de 1977, la solution finalement adoptée supposant des prévisions économiques optimistes, démenties par les indices.

Économie

H. Schmidt a fondé une grande partie de sa réussite politique sur la manière dont il a su maîtriser la crise économique mondiale ou tout au moins en adoucir les effets pour la RFA. La hausse des prix est maintenue à un niveau relativement modéré (environ 4 %), la croissance reprend (au rythme de 4 à 5 % par an), la balance commerciale est excédentaire, le deutsche Mark reste une monnaie forte (le 17 octobre 1976, il est réévalué par rapport aux monnaies du serpent européen). Le seul point noir reste le nombre des chômeurs, qui, de 1 039 400 (4,6 % de la population active) en avril 1977, tombe à 946 500 (4,1 %) au mois de mai. Car cette baisse (la première depuis novembre 1976) serait seulement liée, selon l'Office fédéral du travail, à des facteurs saisonniers.

Le chancelier a longtemps cru que les hausses de salaires modérées, les encouragements aux investissements privés, les programmes d'investissements publics suffiraient à réduire le chômage. Il s'est trompé. Tout au plus a-t-on évité une aggravation de la situation. En novembre, le gouvernement adopte un programme de 1,6 milliard de DM qui encourage la mobilité des salariés, l'embauche des chômeurs, mais son succès reste limité. En mars, l'État fédéral et les Lander se mettent d'accord sur un programme spécial d'investissements à long terme de 16 milliards de DM en quatre ans, qui doit permettre une amélioration des infrastructures. Pourtant les experts restent sceptiques quant aux effets de ce programme sur le chômage. H. Schmidt a promis de nouveaux efforts des pouvoirs publics, si la croissance tombe au-dessous de 5 %.