« L'état d'urgence a un effet excellent sur la santé du pays », déclare le président du Congrès. Ce diagnostic n'est pas pure propagande. La paix sociale porte ses fruits. L'Inde souffrait d'une inflation chronique (25 % en 1974). Grâce à l'injection de stocks, à un meilleur contrôle de la masse monétaire, à un déficit commercial important, la hausse des prix est résorbée. L'interdiction des grèves accroît la production. Discipline, ordre, efficacité sont des mots qui sonnent agréablement aux oreilles des patrons. Indira Gandhi les rassure en écartant de nouvelles nationalisations, en libéralisant les procédures d'investissements, en assouplissant la réglementation des licences. Le gouvernement traque les « délinquants économiques », combat l'évasion fiscale, la contrebande. La récolte est excellente (114 millions de t), ce qui permet d'affecter les importations de grains à la constitution de stocks.

Dans son programme du 1er juillet, le Premier ministre annonce une série de mesures sociales en faveur des déshérités : abolition du servage, limitation de la propriété foncière, distribution de terres, épongeage des dettes rurales. En matière de prévention des naissances, le gouvernement renonce à la stérilisation obligatoire, décision laissée à la discrétion des États, mais relève l'âge légal du mariage (18 ans pour les filles, 21 ans pour les garçons). Au Pendjab, le fait d'avoir plus de deux enfants est puni de prison. Des mesures si drastiques peuvent-elles être vraiment appliquées ?

Le 20 octobre 1975, un grave incident se produit sur la frontière sino-indienne (quatre soldats tués), qui n'affecte cependant pas la réconciliation entre les deux pays les plus peuplés du monde, puisque, le 15 avril 1976, New Delhi et Pékin, après une brouille de quatorze ans, rétablissent leurs relations au niveau des ambassadeurs. Toujours en avril, l'Inde relance le dialogue avec le Pakistan, en vue d'une réouverture des ambassades respectives. Cette décision s'avère vite fructueuse. Les anciens frères ennemis conviennent dès le 14 mai, aux termes d'un accord conclu à Islamabad, de restaurer leurs relations diplomatiques rompues en 1971. La réconciliation officielle est programmée pour juillet 1976. Jacques Chirac séjourne en Inde (23-26 janvier). Il invite Indira Gandhi à venir en France avant la fin de 1976.

Indonésie

Djakarta. 127 590 000. 84.
Économie. PNB (72) : 124. Production (73) : G 124 + A 133. Énerg. (*73) : 146. C.E. (72) : 10 %.
Transports. (*73) : 2 726 M pass./km, 1 068 M t/km. (*73) : 306 700 + 173 300.  : 762 000 tjb. (73) : 664 M pass./km.
Information. (70) : *13 796 000. (70) : *90 000. (73) : 269 000.
Santé. (71) : 4 561.
Éducation. (71). Prim. : 13 474 730. Sec. et techn. : 2 104 734. Sup. : *251 870.
Institutions. République indépendante proclamée le 17 août 1945 sous le nom d'État unitaire de la république d'Indonésie. Constitution de 1945. Président de la République et président du Conseil : général Suharto, réélu le 22 mars 1973.

Timor

À l'aube du 7 décembre 1975, 2 500 parachutistes indonésiens envahissent la partie orientale de l'Île de Timor, la plus déshéritée des colonies portugaises. Dili, la capitale, tombe vers midi. La république indépendante de Timor n'aura guère vécu qu'une semaine.

Quatre mois auparavant, le 18 août, l'UDT, mouvement rallié à Djakarta, tente un coup de force contre le puissant Fretilin, parti de gauche favorable à l'indépendance immédiate. L'opération se révèle vite un échec, mais plonge l'île dans une sanglante guerre civile. Hantée par l'émergence à ses frontières d'un État progressiste susceptible d'encourager les nombreuses forces centrifuges de l'archipel, l'Indonésie, qui contrôle déjà la moitié occidentale de Timor, décide d'intervenir après la proclamation unilatérale d'indépendance par le Fretilin (28 novembre). L'ONU condamne l'annexion, sans illusion. L'Indonésie compte désormais une 27e province.

Le 2 décembre, à 12 000 km de là, 7 Moluquois du Sud s'emparent d'un train et de ses 75 passagers, près de Beilen, petite ville des Pays-Bas. Le lendemain, un second commando occupe le consulat indonésien d'Amsterdam ; ils entendaient, par leur geste, attirer l'attention sur leur patrie d'origine. Depuis 1949, les 35 000 Moluquois du Sud exilés en Hollande contestent toute souveraineté de Djakarta sur leurs îles et attendent l'effondrement du régime indonésien.