L'influence saoudite au Proche-Orient s'exerce, le plus souvent, dans un sens favorable à la politique américaine. Exception qui confirme la règle, Riyad s'oppose à l'intervention militaire de l'armée iranienne aux côtés des forces du sultan d'Oman pour liquider les maquis marxistes-léninistes du Dhofar. Les dirigeants saoudiens, qui veulent donner un coup d'arrêt à ce qu'ils considèrent être une manifestation de l'expansionnisme iranien dans le golfe Persique, reconnaissent le 10 mars 1976 le régime progressiste de la République démocratique et populaire du Yémen (du Sud), allié des rebelles du Dhofar.

Bahreïn

Manama. 240 000. 362. 1,8 %.
Économie. PNB (70) : 1 367. Énerg. (*73) : 4 670.
Transports. (*73) : 16 100 + 5 900.
Information. (73) : *80 000. (73) : *18 000. (70) : 9 800 fauteuils ; fréquentation : 1,4 M. (73) : 18 000.
Santé. (72) : 127.
Éducation. (71). Prim. : 39 488. Sec. et techn. : 14 334. Sup. : 312.
Institutions. État indépendant le 15 août 1971. Constitution du 6 décembre 1973. Le Parlement est dissous le 27 août 1975. Chef de l'État et président du conseil d'État : cheikh Issa ben Salman el-Khalifa.

Bangladesh

Dacca. 74 990 000. 524.
Économie. PNB (70) : 119. Production : G(72) 95 + A(73) 119. Énerg. (*73) : 29.
Transports. (72) : 2 815 M pass./km, 891 M t/km. (72) : 66 700 + 23 300.  : 116 000 tjb.
Information. (72) : 48 000.
Santé. (73) : 7 663.
Éducation. (69). Prim. : 5 494 309. Sec. et techn. : 1 299 004. Sup. : 117 603.
Institutions. État indépendant le 16 décembre 1971. Constitution du 16 décembre 1972, amendée le 25 janvier 1975, instaurant un régime présidentiel à parti unique. Coup d'État le 15 août 1975. Mujibur Rahman est assassiné. Kondakar Moushtaque prend le pouvoir. Il est renversé le 4 novembre par le général Khalid Mosharaff, lui-même déposé le 7 novembre par le contre-coup d'État du général Ziaur Rahman. Président de la République : A.S.M. Sayem.

Trois coups d'État en trois mois

À Dacca, le 15 août 1975, juste avant l'aube, 200 soldats appuyés par des chars encerclent la résidence du chef de l'État bengalais, Sheikh Mujibur Rahman. Quelques instants après, le père de la nation s'écroule, fauché à bout portant par une rafale : une vingtaine de personnes de son entourage, dont sa femme, ses deux fils et ses neveux, sont tuées avec lui.

Confusion

Lorsque la capitale s'éveille, l'affaire est terminée. Le lendemain, Mujibur sera inhumé, avec les honneurs, dans sa ville natale de Tangiapra. C'est la fin d'une époque.

Ce putsch à l'allure de vendetta sanglante, qui met à bas si aisément un régime civil, certes discrédité, est l'œuvre d'une douzaine d'officiers (majors pour la plupart) ayant agi sans consulter les chefs militaires. Ces prétoriens insatisfaits nourrissent des griefs assez prosaïques. Quatre d'entre eux ont, en réalité, mal supporté d'être récemment chassés de l'armée. Mais ils assurent vouloir désormais combattre « le népotisme et la corruption ». Ils offrent le fauteuil de Mujibur à Moshtaque Ahmed, vieux compagnon du président disparu. C'est un fervent musulman, aussi méfiant envers l'Inde que résolument anticommuniste et proaméricain. Tandis que New Delhi, dissimulant mal son amertume, affirme ne pouvoir « rester insensible » aux événements du Bangladesh, le Pakistan s'empresse de reconnaître le nouveau régime.

L'élimination du héros de l'indépendance inaugure une longue phase d'instabilité, de confusion et de violence. Opposant un démenti à sa réputation d'homme falot, le président Moshtaque Ahmed ne reste pas inactif. À l'instigation probable des majors, il fait incarcérer, le 23 août, 26 responsables du parti unique, dont deux anciens Premiers ministres. On les accuse d'« avoir amassé illégalement des biens ».

Ces arrestations préludent à une vaste opération de nettoyage chez les sympathisants du régime déchu. En deux mois, 3 600 personnes se retrouvent sous les verrous. Puis le président relâche la pression. Début octobre, il annonce une série de mesures tendant à restaurer une démocratie de type parlementaire. Tout en garantissant que les partis seront de nouveau acceptés à compter du 15 août 1976, il libère 1 000 détenus politiques. Il s'enhardit même à fixer la date des prochaines élections générales au 28 février 1977. Promesse un peu légère. Car la lutte pour le pouvoir s'intensifie, les ambitions se déchaînent au sein d'une armée déjà déchirée par les graves dissensions nées de la guerre.

Clans

Trop influents pour être évincés, pas assez puissants pour gouverner seuls, les majors inquiètent leurs supérieurs hiérarchiques. Entre les clans, le président tente d'arbitrer. En vain. Dans la nuit du 2 au 3 novembre, la crise éclate. Le général Khalid Mosharaff, chef d'état-major de l'armée de terre, prend les rênes du pouvoir. Les instigateurs du putsch du 15 août sont fermement invités à quitter le pays. Ils trouveront asile en Libye. Mais, avant de fuir, ils peuvent perpétrer, à la prison centrale de Dacca, le massacre de 4 anciens ministres de Mujibur. Le président de la Cour suprême, Mohamed Sayem, devient chef de l'État. Khalid Mosharaff est-il encouragé en sous-main par l'Inde ? Ce n'est pas prouvé. De toute manière, sa réussite sera sans lendemain.