Des groupes, associations et individus appartenant à tous les horizons politiques et sociaux ont été l'objet de ces agissements : la NAACP (Association nationale pour le progrès des gens de couleur) et le Ku Klux Klan, les mouvements féministes, les groupes opposés à la guerre du Viêt-nam et la John Birch Society (extrême droite), le pasteur Martin Luther King et Richard Nixon, qui, jusqu'à son accession à la Maison-Blanche, a eu son courrier surveillé.

Le rapport fait également état de quelque 900 opérations clandestines importantes réalisées depuis quinze ans à l'étranger par la CIA. (Le 21 janvier, le directeur de l'agence, William Colby, avait reconnu notamment que celle-ci avait envisagé autrefois de tuer Fidel Castro et Patrice Lumumba.)

Quatre-vingt-seize recommandations sont formulées par la commission Church, dont une réduction notable des pouvoirs d'investigation du fisc et des agences de renseignements de l'armée sur le territoire américain, l'interdiction des écoutes téléphoniques, de la violation du secret de la correspondance, des perquisitions sans la délivrance, au préalable, d'un mandat judiciaire, de la destruction de tout document obtenu jusqu'à présent par des procédés illégaux ; enfin, elle préconise la création d'une commission du Congrès pour superviser l'ensemble des activités de collecte de renseignements.

Dès le 17 février, Ford a annoncé la constitution de deux organismes placés sous sa responsabilité. Le premier est un comité de supervision qui doit coiffer les activités des services de renseignements dépendant des divers ministères. Ce comité est présidé par George Bush, qui, le 30 janvier, a succédé à William Colby à la tête de la CIA (le directeur adjoint de l'agence, le général Vernon Walters, démissionne de son poste le 22 avril et est remplacé par Henry Knoche). Le second organisme est un conseil indépendant composé de trois personnalités privées (l'ambassadeur Murphy, Stephen Ailes et Leo Cherne), devant lequel les inspecteurs généraux des divers services déféreront les infractions de leurs subordonnés.

Dans une interview, Gerald Ford souligne néanmoins qu'il est fermement partisan d'opérations secrètes à l'étranger et qu'il ne voit pas comment un président des États-Unis pourrait prendre des décisions de politique étrangère si de telles opérations n'étaient pas menées.

Pots-de-vin

Dans le courant de l'hiver éclate l'affaire des pots-devin versés par des entreprises américaines à des fonctionnaires ou à des hommes d'affaires étrangers afin d'obtenir des contrats, en particulier dans le secteur de l'armement. La firme dont le nom est le plus souvent cité est la société de construction aéronautique Lockheed, qui, selon une sous-commission du sénat, aurait versé des dessous-de-table d'un total de plusieurs millions de dollars à des responsables étrangers, aux Pays-Bas, en Italie, en Allemagne fédérale, au Japon et, semble-t-il, dans une dizaine d'autres pays.

Le 13 février, le président et le vice-président de Lockheed démissionnent de leurs fonctions, imitant ainsi le P-DG de Northrop qui, le 17 juillet, avait renoncé à son fauteuil après que sa société eût été, elle aussi, impliquée dans une affaire de corruption de moindre envergure.

Dans les jours qui suivent, d'autres firmes pétrolières et aéronautiques admettent à leur tour avoir versé des pots-de-vin à l'étranger. Certaines d'entre elles (Exxon, par exemple) auraient également financé des partis politiques, en particulier en Italie.

Le 31 mars, le président Ford annonce la création d'une commission ministérielle chargée d'étudier ces problèmes, sans cacher que dans son esprit les fautifs n'étaient pas tant ceux qui avaient versé des dessous-de-table que ceux qui les avaient exigés.

Trente et un États organisent, entre le 24 février et le 8 juin, des élections primaires destinées à désigner les délégués aux conventions qui, au cours de l'été 1976, devront choisir le candidat à la Maison-Blanche des deux grands partis. Dans le camp républicain, une seule personnalité s'oppose au président Gerald Ford : l'ancien acteur de cinéma Ronald Reagan, ex-gouverneur de Californie, conservateur de droite, qui parvient à l'emporter dans une douzaine d'États.