Le Comité international de la Croix-Rouge affirme, en septembre 1975, que 9 000 personnes sont internées au Chili du fait de leurs opinions. Amnesty International avance des chiffres à peine inférieurs. En décembre, la Grande-Bretagne rappelle son ambassadeur après qu'une de ses ressortissantes, le docteur Sheila Cassidy, eut assuré avoir été torturée par la police chilienne pour avoir soigné un militant d'extrême gauche. La torture ? Selon un rapport d'un groupe d'enquête des Nations unies, elle est devenue « une institution qui fait partie intégrante du régime actuel ».

Toutes ces allégations sont catégoriquement démenties par les responsables chiliens, qui, en septembre 1975, reconnaissent cependant détenir quelque 4 000 prisonniers politiques.

Le 15 mai 1976, le ministre de la Justice ne parle plus que de 690 détenus. Pour leur part, plusieurs organismes internationaux prennent acte des libérations intervenues mais estiment à plus de 4 000 le nombre des personnes encore incarcérées. Le sujet, en tout cas, est évoqué en juin, à Santiago, au cours de l'assemblée de l'Organisation des États américains (OEA). La tenue de cette réunion dans la capitale chilienne et la présence de Henry Kissinger représentent cependant un succès moral et diplomatique pour le régime.

Inflation

Néanmoins, les relations entre Santiago et Washington tendent à se relâcher. Les USA décident en octobre de supprimer leur aide militaire. Ils maintiennent cependant leur assistance économique au gouvernement du général Pinochet, qui, en outre, se voit accorder en mars par la Banque mondiale un prêt de 33 millions de dollars pour développer la production du cuivre. Maigre consolation pour des dirigeants confrontés à une inflation qui s'élève, pour 1975, à 340 %, à une baisse de la production industrielle de près de 25 % par rapport à 1974 et à un taux de chômage qui dépasse 20 %.

En janvier, les rumeurs en provenance de Londres selon lesquelles dix généraux auraient adressé une mise en demeure de démissionner à Pinochet sont démenties par le général Leigh, chef des forces aériennes et membre de la junte. Néanmoins, ce dernier n'a pas hésité, cinq mois plus tôt, à dénoncer la politique sociale du président. Fait nouveau : l'influent mouvement d'extrême droite Patria y Libertad reprend peu après ces critiques à son compte.

D'une autre portée, pourtant, sont les tensions qui affectent les rapports entre la junte et l'Église catholique. En septembre, le document Évangile et paix reconnaît la légitimité du régime, mais la conférence épiscopale, tout en repoussant la « violence révolutionnaire », condamne la « violence établie ». En novembre, le gouvernement estime qu'il est abusif de parler de crise, mais la dissolution par les autorités du Comité de coopération pour la paix chargé de venir en aide aux détenus politiques, puis, en janvier, la création par l'Église d'un organisme similaire, le Vicariat de solidarité, témoignent de la gravité du malaise.

Quant aux démocrates-chrétiens, ils expriment de plus en plus vivement leur opposition à la junte. À cet égard, l'attitude de l'ancien président Eduardo Frei, qui refuse en décembre de siéger au Conseil d'État créé par Pinochet et publie un livre dénonçant sans ambage le « nationalisme totalitaire de droite », montre que le divorce est désormais total entre son parti et le nouveau régime.

Colombie

Bogota. 23 950 000. 21. 3,2 %.
Économie. PNB (72) : 474. Production : G(72) 113 + A(73) 134 + I(73) 125. Énerg. (*73) : 601. C.E. (72) : 7 %.
Transports. (*73) : 427 M pass./km, 1 131 M t/km. (*73) : 326 900 + 107 000.  : 211 000 tjb. (73) : 1 175 M pass./km.
Information. (71) : 36 quotidiens ; tirage global : 2 369 000. (73) : *2 793 000. (72) : *1 200 000. (68) : 431 400 fauteuils ; fréquentation : 92,8 M. (73) : 1 080 000.
Santé. (72) : 2 143. Mté inf. (71) : 62,8.
Éducation. Prim. (69) : 2 669 579. Sec. et techn. (71) : 450 269. Sup. (70) : 85 560.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Alfonso Lopez Michelsen, élu le 21 avril 1974 ; succède à Misael Pastrana Borrero.

Des tensions sociales menacent le gouvernement

Les élections législatives et municipales du 18 avril 1976 connaissent un taux d'abstention record (près de 80 %). Le président Alfonso Lopez Michelsen avait pourtant présenté cette consultation comme un « plébiscite pour la sauvegarde des institutions » et demandé de voter « contre le crime, contre les exactions et contre la violence ».