Alberto Demicheli, vice-président en exercice et président du Conseil d'État, est nommé par la junte militaire chef d'État par intérim. Le nouveau président sera élu pour cinq ans par un collège comprenant la junte des généraux et les 25 notables du Conseil d'État. Parmi les candidats à la succession de Juan Bordaberry figurent le ministre de l'Économie Vegh Villegas, le ministre des Affaires étrangères Juan Carlos Blanco et le maire de Montevideo Oscar Rachetti.

Soucieux d'améliorer l'image de leur pays et de le sortir de sa longue crise économique et politique, les militaires, qui disposent de tous les pouvoirs, rejettent le plan Bordaberry qui consistait à imposer une répression de plus en plus dure. Entre octobre et décembre 1975, des centaines de personnes sont arrêtées. On estime à plus de 6 000 le nombre de prisonniers politiques au début de 1976. Parmi eux, José Luis Massera, mathématicien de réputation mondiale, ancien député, et l'ex-général Liber Seregni, ancien candidat à la présidence de la République, arrêté le 11 janvier 1976. L'Église n'est pas épargnée.

Depuis l'élection de Bordaberry en 1971, le mouvement d'exode vers l'Europe, le Canada et les États-Unis ou d'autres pays d'Amérique latine s'est constamment accéléré. Le nombre d'Uruguayens établis à l'étranger est évalué à 500 000.

Mais la répression n'est pas la seule cause de cet exil plus ou moins volontaire : le manque de travail en est une autre. La priorité du gouvernement Bordaberry est donnée à la lutte contre l'inflation, qui passe de 107 % en 1974 à 67 % en 1975.

La hausse des prix du pétrole, la baisse du prix de la viande sur le marché international ont contribué à la détérioration de l'économie. Les militaires se donnent 10 ans pour réformer le pays, et ils ajournent les élections de novembre 1976.

Venezuela

Caracas. 11 630 000. 13. 2,8 %.
Économie. PNB (73) : 1 579. Production : G(72) 110 + A(73) 158 + I(72) 97. Énerg. (*73) : 2 818. C.E. (73) : 31 %.
Transports. (70) : 36 M pass./km, 13 M t/km. (71) : 601 100 + 208 200. : 480 000 tjb. (73) : 1 217 pass./km.
Information. (71) : 42 quotidiens ; tirage global : 998 000. (72) : *2 000 000. (73) : *995 000. (71) : fréquentation : 37 M. (73) : 527 000.
Santé. (72) : 11 222. Mté inf. (71) : 50,2.
Éducation. (71). Prim. : 1 838 314. Sec. et techn. : 565 464. Sup. : 99 743.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1958. Président et chef de l'exécutif : Carlos Andres Perez, élu le 9 décembre 1973 ; succède à Rafael Caldera.

Réalisme

La nationalisation de l'industrie pétrolière est approuvée par la majorité du Congrès au mois d'août 1975. La loi entre en application le 1er janvier 1976 : l'État vénézuélien prend possession des actifs des compagnies concessionnaires. Un an après la nationalisation des mines de fer (Journal de l'année 1974-75), c'est une mesure capitale, que le président Carlos Andres Perez qualifie de « seconde indépendance », et le chef de l'État ajoute que « le Venezuela ne permettra en aucune circonstance l'utilisation du pétrole comme instrument de subordination ni comme moyen d'agression ou de perturbation internationale ».

L'exploitation pétrolière par les transnationales aura duré près de soixante ans ; mais les concessions viendront à échéance en 1983 seulement ; l'État doit donc verser aux compagnies étrangères des indemnités, dont le montant s'élève à plus de 930 millions de dollars. Le règlement de ces indemnités sera étalé sur dix ans et effectué en bons de la Dette publique. Mais la coopération technique et commerciale avec ces compagnies se poursuivra encore de longues années. La loi de nationalisation laisse à l'État la possibilité de conclure « des accords d'association avec des entreprises publiques ou privées, étrangères ou nationales ».

La compagnie nationale Petroven (Petroleos de Venezuela), société de holding, regroupe toute l'industrie pétrolière sous la présidence d'un militaire, le général Rafael Alfonso Ravard, ancien directeur de la Corporation vénézuélienne de la Guayana (CVG). Sur le plan administratif, les qualités de gestionnaire du général Ravard permettront-elles d'assurer le bon fonctionnement de l'industrie pétrolière ? Les résultats d'une année de gestion nationale des mines de fer inclinent à le penser.