Pour ces dernières, cependant, 5 causes indépendantes de leur volonté expliquent l'accroissement des coûts :
– l'inflation, qui s'élève à 50 % depuis 1971 ;
– les débrayages, qui ont paralysé le chantier ;
– les fraudes et le gaspillage imputés aux gestionnaires ;
– la technique de construction importée d'Europe par l'architecte français Roger Taillibert (le stade à lui seul revient à 500 millions de dollars) ;
– les erreurs architecturales.

Pour sortir de l'impasse, le gouvernement du Québec crée, le 20 novembre 1975, la Régie des installations olympiques, mise sous la responsabilité du ministre des Affaires municipales, Victor Goldbloom. En achetant les équipements olympiques pour 600 millions de dollars, cette régie relève la ville de Montréal de sa gérance des travaux. Le 1er décembre, le maire Jean Drapeau lance un appel à l'alliance sacrée du capital et du travail pour hâter l'achèvement des installations. Répondant à cet appel, 4 ouvriers seront tués, le 9 mars 1976, portant à 7 le nombre des accidents mortels sur le chantier olympique.

Le 1er février 1976, au moment où l'opposition québécoise demande une enquête publique sur le « scandale des Jeux », le président du Comité international olympique, lord Killanin, adresse de sévères critiques aux organisateurs montréalais. Il leur reproche le retard et le coût croissant des Olympiades. Mais le ministre Victor Goldbloom le convainc, à Innsbruck, en Autriche, qu'elles auront lieu à temps même si on envisage toujours la solution dite de catastrophe pour les piscines et malgré un stade inachevé.

Climat

Le climat politique et social se dégrade constamment au Québec. Commencée par une suite de scandales révélés par les enquêtes sur le crime organisé et sur les syndicats, l'année se poursuit et se termine avec des grèves successives dans les secteurs privé et public.

Élu en 1973 avec une majorité des sièges et des suffrages jamais égalée, le gouvernement du Premier ministre Robert Bourassa semble impuissant à résoudre les crises qui secouent le Québec. Ses minces bilans législatifs témoignent de son incurie administrative. Tous les sondages montrent une chute spectaculaire de sa popularité et de sa crédibilité et signalent la montée de celles du Parti québécois, l'opposition officielle.

Il faut noter deux faits importants :
– la démission du ministre de l'Éducation, Jérôme Choquette, qui quitte le gouvernement et le Parti libéral le 26 septembre 1975, pour protester contre l'incohérence des dispositions de la loi 22 faisant du français la langue officielle des Québécois. Plus tard, il mettra en cause également le manque de probité de l'administration Bourassa. Le 14 décembre, il fonde une formation de centre droit, le Parti national populaire ;
– l'adoption par l'Assemblée nationale, le 12 avril 1976, d'une loi interdisant toute grève pour une période de quatre-vingts jours dans les écoles et les hôpitaux du Québec. Cependant, les 180 000 enseignants et employés hospitaliers défient la législation et poursuivent leurs débrayages amorcés en novembre 1975, bien qu'ils soient passibles de lourdes amendes et de prison.

Élections

Quatre provinces canadiennes jugent leur gouvernement respectif lors d'élections législatives.

Saskatchewan

Le 11 juin 1975, les électeurs de la Saskatchewan réélisent le gouvernement néodémocrate (NPD) du Premier ministre Alan Blakeney. Ils ne lui accordent toutefois qu'une majorité réduite des sièges, soit 36, c'est-à-dire 8 de moins qu'en 1971. Le Parti libéral s'impose dans 19 circonscriptions et le Parti conservateur dans 6, mettant ainsi fin au bipartisme. La déception du NPD est d'autant plus grande que celui-ci avait sollicité des électeurs un appui dans ses négociations avec le gouvernement fédéral sur la question des ressources naturelles de la province, dont le pétrole constitue l'élément principal. Mais on reprochait aux socialistes d'avoir évincé l'entreprise privée par une implication de l'État dans l'économie.

Terre-Neuve

Le 16 septembre, le gouvernement du Parti conservateur, dirigé par le Premier ministre Frank Moores, est reconduit au pouvoir à Terre-Neuve. Il remporte 30 des 51 sièges, cependant que les libéraux font élire 20 députés, dont 4 réformistes. Cette élection, malgré une campagne électorale portant sur l'inflation et le niveau de vie des Terre-Neuviens, est surtout marquée par le retour de l'ancien Premier ministre libéral délogé en 1971, après vingt-deux ans de pouvoir, Joey Smallwood. Il se targue d'être le seul père de la Confédération encore vivant, puisqu'il a présidé à l'adhésion de Terre-Neuve au Canada en 1949. Il est élu député après avoir prié les électeurs de lui accorder une dernière chance.

Ontario

Le 18 septembre, suite à une campagne électorale axée sur l'énergie, l'emploi et le blocage des prix et des salaires, les Ontariens choisissent un gouvernement minoritaire après vingt-deux ans de régime majoritaire. Ils favorisent le Parti conservateur du Premier ministre William Davis dans 51 circonscriptions, soit 27 de moins qu'en 1971. Le NPD se hisse au rang d'opposition officielle avec 38 députés, un gain de 19 sièges, le Parti libéral ne faisant élire que 36 candidats.

Colombie britannique

Le 11 décembre, une coalition antisocialiste déloge le gouvernement néodémocrate du Premier ministre Dave Barrett. Dirigé par Bill Bennett, le Crédit social, formation de droite, reprend le pouvoir après une interruption de quatre ans. Sur une possibilité de 55 sièges, les créditistes en remportent 35 et en laissent 18 au NPD, qui succombe malgré sa politique sociale avancée, et 2 au Parti conservateur et au Parti libéral. Le Premier ministre Barrett est battu dans sa circonscription par les électeurs favorables à l'entreprise privée. Toutefois, le 3 juin, dans une élection complémentaire, il est élu avec une écrasante majorité et réintègre le Parlement.

USA

Washington. 211 910 000. 23. 0,9 %.
Économie. L'économie américaine occupe toujours le premier rang mondial pour les productions de houille, de gaz naturel, d'électricité (et naturellement d'énergie), d'aluminium, d'automobiles ; le deuxième (derrière l'URSS) pour le blé, le coton, le pétrole brut, le fer et l'acier. Cependant la balance commerciale des USA est déficitaire. Cela tient à l'énormité de leur consommation, qui n'a cessé de s'accroître alors que stagnaient ou même régressaient certains secteurs de production dont les bases énergétiques que sont, aux États-Unis, le gaz naturel et le pétrole, que diminuaient notamment les exportations d'automobiles, dont la vente a été ralentie sur le marché intérieur. Finalement, les résultats les plus satisfaisants sont obtenus dans le secteur agricole qui, fait exceptionnel lié à la grande productivité d'une agriculture mécanisée, a contribué à la formation du produit national brut pour une part supérieure à celle de la population active employée, et a permis en particulier l'exportation de blé dirigé surtout vers l'URSS.
PNB (73) : 6 167. Production (73) : G 116 + A 120 + I 118. Énerg. (*73) : 11 960. C.E. (73) : 6 %.
Population active (73) 84 409 000 dont A : 4,1 % ; I : 31,7 % ; D : 64,2 %. PNB par secteurs (73) A : 4,4 % ; I : 33,9 % ; D : 61,7 %. Prix à la consommation (évolution 74) : + 11 % ; Balance commerciale (74) exp. : 98,3 MMD ; imp. : 103,8 MMD. Balance des paiements (74) : déficit 9 MMD. Productions (74) : blé 49 Mt, maïs 118 Mt, coton 2,5 Mt, houille 542 Mt, pétrole 432 Mt, gaz 626 Gm3, électricité 1 941 TWh, fer 51 Mt, acier 132 Mt, aluminium 4,4 Mt, construction automobile 10,1 M d'unités.
Transports. (*73) : 14 964 M pass./km, 1 243 357 M t/km. (*73) : 101 004 700 + 22 307 900.  : 14 429 000 tjb. (73) : 49 259 M pass./km.
Information. (72) : 1 761 quotidiens ; tirage global : *62 510 000. (73) : *368 600 000. (73) : *110 000 000. (70) : 10 000 000 de fauteuils ; fréquentation : *920,6 M. (73) : 138 286 000.
Santé. (71) : 333 299. Mté inf. (73) : 17,6.
Éducation. (71). Prim. : 31 800 000. Sec. et techn. : *19 810 000. Sup. : 8 948 645.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Gerald Rudolf Ford, nommé après la démission de Richard Nixon, le 8 août 1974.

Le cabinet Ford

Le 3 novembre 1975, le président Ford remplace James Schlesinger par Donald Rumsfeld au secrétariat à la Défense et Rogers Morton par Elliot Richardson au secrétariat au Commerce. Du cabinet en place lors de l'accession de Ford à la Maison-Blanche en août 1974, il ne reste donc plus que trois survivants : Henry Kissinger (secrétaire d'État), Earl Butz (Agriculture) et William Simon (Trésor). Les autres portefeuilles sont détenus par Thomas Kleppe (Intérieur), Edward Levi (Justice), John Dunlop (Travail), William Coleman (Transports), David Mathews (Santé, éducation et assistance sociale) et Carla Hills (Logement et développement urbain).

Plus que le redressement économique et les scandales, la diplomatie au centre de la campagne électorale

Le redressement de l'économie et les vicissitudes de la détente ont marqué une année qui a vu s'allumer les premiers feux de la longue campagne pour les présidentielles de novembre 1976. La politique étrangère domine les débats électoraux, et le maître d'œuvre de la diplomatie américaine, Henry Kissinger, est de plus en plus contesté.

Coexistence

Le 15 juillet 1975, à Minneapolis, Henry Kissinger déclare : « Nous devons conduire notre politique diplomatique avec subtilité, flexibilité et imagination dans le sens de nos intérêts. » Répondant implicitement à une allocution prononcée quelques jours plus tôt à Washington par Alexandre Soljenitsyne, selon qui la détente ne profite qu'à l'URSS, le secrétaire d'État ajoute : « Aujourd'hui encore, des voix courageuses nous rappellent la nature du système soviétique et notre devoir de défendre la liberté. Mais il n'y a pas d'autre choix que la coexistence pacifique. » Une semaine plus tôt, en effet, le président Ford a refusé de recevoir l'écrivain russe à la Maison-Blanche, et son porte-parole a admis que le chef de l'État américain avait voulu éviter « les répercussions internationales » d'une rencontre avec le prix Nobel de littérature. Bref, à l'approche de la conférence au sommet d'Helsinki, qui couronne les travaux de la conférence de Genève sur la sécurité et la coopération en Europe, mieux vaut ne rien faire qui puisse contrarier les Russes et gâter les fruits de la détente.