L'autoroute de dégagement Nancy–Metz a été financée à 85 % par l'État (428 millions de F) et à 15 % par les départements de Meurthe-et-Moselle (41,8 MF) et de la Moselle (26,5 MF).

À ce financement il faut ajouter des participations diverses non comprises dans le coût de l'autoroute elle-même, comme par exemple les travaux de raccordement vers le centre de Metz, à la charge de cette ville (6,6 MF).

Pour se rendre de Nancy à Sarrebruck, en empruntant après Metz l'autoroute A32, inaugurée en septembre 1972, l'automobiliste doit encore traverser le chef-lieu de la Moselle. La bretelle de raccordement direct n'est prévue que pour la fin du VIIe Plan.

Entre-temps, les autoroutes A4 (Paris–Metz) et A34 (Freyming–Strasbourg) – devant constituer la liaison Paris–Est – auront été terminées. En effet, l'autre événement de 1972 a été l'annonce faite par le président Pompidou lui-même de l'accélération de la réalisation de ce grand axe doublement branché sur le réseau autoroutier allemand : du côté de la frontière sarroise d'abord, au pont de Kehl ensuite.

À la fin de 1976, la Lorraine sera pourvue d'un réseau autoroutier exceptionnellement dense et pratique. Il sera complété par la mise à quatre voies de la RN4 entre Nancy et Paris, par une série d'opérations spectaculaires sur la RN52 entre Longwy et la limite du département de la Moselle, enfin par une autre voie rapide vers Épinal et, au-delà, Remiremont et l'Alsace.

Il restera encore à assurer la liaison avec Lyon et Marseille en direction de Dijon et de la vallée du Rhône, cet indispensable axe Nord-Sud qui, sur le plan fluvial, va rester en panne à Neuves-Maisons, tout près des hauts fourneaux de la plus méridionale des usines sidérurgiques lorraines.

Au moment où s'achèvera le VIe Plan, c'est sur les équipements routiers que l'accent aura été mis en Lorraine. D'ores et déjà les résultats de cet effort retiennent l'intérêt des industriels qui pourraient être désireux d'implanter une unité de production dans cette région si longtemps handicapée par la proximité de la frontière allemande. Toutefois, les voies de communication, pour essentielles qu'elles puissent être, ne représentent qu'un aspect de cette politique générale d'aménagement.

Semaine après semaine, le visage traditionnel de la Lorraine se modifie. Au nord, dans la partie la plus peuplée, économiquement la plus riche, l'industrie lourde, en même temps qu'elle regarde vers d'autres horizons comme Fos-sur-Mer, cède petit à petit le pas à des activités plus diversifiées. En ne mettant plus ses œufs dans le même panier, cette région se prémunit mieux contre les aléas de la conjoncture.

Champagne-Ardenne

Robert Hossein un théâtre pour une région

Arrivé à Reims à la fin de l'été 1971, Robert Hossein se lance dans une aventure risquée : venu dans la capitale de la Champagne pour créer une compagnie, il avait bien une équipe et des projets, mais pas de public. Ses prédécesseurs, malgré un travail sérieux, avaient échoué.

Deux ans plus tard, le directeur du Théâtre populaire de Reims (TPR) a gagné : 84 500 spectateurs pour les 105 représentations de la première saison, 18 000 pour les 19 représentations données durant l'hiver.

Mais, au-delà de la qualité des spectacles offerts – Crime et châtiment de Dostoïevski, Les bas-fonds de Gorki, La prison d'après Simenon, La maison de Bernarda de Lorca, Roméo et Juliette de Shakespeare –, il y a la révélation d'un phénomène régional : la tête de loup, emblème du TPR, a largement dépassé les limites rémoises pour pénétrer jusque dans les villages des Ardennes, de l'Aube, de la Haute-Marne et, bien sûr, de la Marne.

Robert Hossein s'est rapidement donné d'autres ambitions que de mettre en scène des spectacles destinés uniquement au public de la Maison de la culture de Reims. « Je ne veux pas séduire les intellectuels, dit-il souvent, mais donner le goût du théâtre à tous ceux qui n'ont pas eu la chance de le découvrir ou de l'approcher. »

Encadré de spécialistes de l'animation, venus pour la plupart du Théâtre de l'Est parisien, Hossein a pris son bâton de pèlerin pour aller entamer le dialogue à Charleville-Mézières ou à Romilly-sur-Seine, à Langres ou à Vitry-le-François.